Mr Meyer

L’année dernière, j’ai découvert (grâce à une conférence TED) Dan Meyer. Dan Meyer est un professeur de mathématiques en collèges et lycées, actuellement doctorant à l’Université de Stanford. Le crédo de Mr Meyer, c’est que les mathématiques sont partout autour de nous, et qu’il faut partir de ça pour les enseigner et les rendre intéressantes.

Il lutte contre les manuels scolaires, avec leurs problèmes tout fait totalement déconnectés de la réalité et qui utilisent de faux prétextes pour rendre intéressant les problèmes. Par exemple :

Personne, dans la vraie vie, ne s’est posé ce genre de problèmes. Et encore moins sous cette forme.

Il a donc imaginé une méthodologie en 3 actes :

  1. Introduisez le problème central de votre histoire/tâche clairement, visuellement, viscéralement, en utilisant aussi peu de mots que possible.
  2. Les protagonistes/étudiants surmontent les obstacles, cherchent des ressources, et développent de nouveaux outils.
  3. Résolvez le problème et mettez en place une suite/extension.

Un des premiers problèmes sur lesquels j’étais tombé, et qui m’avais particulièrement plu, est celui du réservoir d’eau. Regardez la vidéo ci-dessous, et voyez si ça provoque en vous le besoin soudain de résoudre ce problème.

Le réservoir d'eau

Il a créé un Google Docs avec une cinquantaine de problèmes comme celui-ci. Et plus récemment, il a lancé le site « Any Question ?« , où vous pouvez poster et découvrir de simples images du quotidien qui suscitent des problèmes mathématiques.

Si je parle de ça, c’est parce que je regrette de ne pas avoir eu un prof comme lui au lycée. Et puis aussi parce que j’aime bien réfléchir et me casser la tête sur ses problèmes de temps en temps. Mais pas trop quand même (et c’est bien pour ça que j’ai vite lâché ProjectEuler).

« Étonnament, ça fonctionne. »

Lu dans une fabuleuse parodie de l’introduction en bourse de Facebook par John Flowers :

2. Publicité

Nous avons essayé de vendre notre produit aux utilisateurs mais cela a échoué lamentablement. Donc, nous nous sommes tournés vers un modèle guidé par la publicité. La façon dont ça fonctionne est que, nous donnons accès à notre produit gratuitement, puis nous appâtons les annonceurs avec la promesse de les relier à des millions de personnes qui détestent payer pour quelque chose. Étonnamment, ça fonctionne.

C’est probablement un des plus forts arguments que je retiens contre la publicité comme modèle économique. Par exemple, comment pouvez-vous attendre à ce que vos utilisateurs Android achètent vos applications alors que toute la plate-forme est poussée par la publicité ?

Réponse : vous ne pouvez pas*.

*D’après une étude Surikate publiée cette semaine (slide 28), 45,6% des utilisateurs d’Android n’ont jamais téléchargé d’application payante (contre 15,7% sur iOS).

Les boutons des réseaux sociaux

La semaine dernière, Olivier Richenstein (designer de l’excellent IA Writer) expliquait son dégoût pour les boutons des réseaux sociaux dans un excellent article dont on pourrait traduire le titre par « Balayer la vermine » :

Vous promettant de vous rendre branché et de promouvoir votre contenu comme par magie sur les réseaux sociaux, les boutons J’aime, Retweeter, et +1 occupent un bon emplacement sur quasiment toutes les pages du World Wide Web. À cause de ça, quasiment chaque site majeur et chaque marque mondiale offre de la publicité gratuitement à Twitter et à Facebook. Mais est-ce que ces boutons marchent ? C’est difficile à dire. Ce que l’on sait pour sûr, c’est que ces boutons magiques promeuvent leurs propres marques, et qu’ils ont tendance à vous rendre un peu désespéré. Pas trop désespéré, juste un petit peu.

Il prend ensuite l’exemple de Smashing Magazine, qui tweetait récemment :

Nous avons supprimé les boutons Facebook et le trafic de Facebook a augmenté. La raison : au lieu « d’aimer » des articles, les lecteurs les ont partagé sur leur profil.

Il liste enfin les principales raisons qui l’opposent à ces boutons :

  • Vous étiez au courant de l’espionnage ?
  • Êtes-vous d’accord pour avoir un site plus lent à charger et au scroll cahoteux ?
  • Si vous n’êtes pas connu, les boutons des réseaux sociaux vous font passer pour le chien qui attends les miettes à côté de la table. Vous avez peut-être une très belle plume et beaucoup à dire, mais vous n’aurez jamais que quelques retweets et « J’aime ». Oui, ce n’est pas juste, mais c’est comme ça. Si vous êtes connu, vous attirerez l’attention, même de vos articles les plus médiocres. Si vous n’êtes pas connu, peu importe à quel point vous êtes bon, au départ ça ne marchera pas. Le bouton qui dit « 2 retweets » sera plutôt lu comme « Cet article n’est pas terrible, mais s’il vous plaît lisez-le quand même. S’il vous plaît ?« 
  • Si vous êtes connu et que votre texte n’est pas si bon, les boutons de partage peuvent sembler avares et injustes (oui, les gens sont jaloux). « 1280 retweets et vous en voulez encore ? Arf, je pense que vous en avez eu assez pour cette bouze. » Quand j’ai commencé à écrire cet article, je voulais citer un article courageux de 37signals expliquant que « c’est le contenu, pas les icônes » qui compte, jusqu’à ce que je me rende compte qu’ils ont maintenant ajouté un bouton « J’aime » et un bouton « Retweeter ».
  • Sur un média plein de publicité et d’auto-promotion, chaque pixel de bruit inutile et de mendicité au clic devrait être évité autant que possible. Moins il y a de bruit, moins il y a de mendicité, moins il y a de publicité secondaires, signifie qu’il sera plus facile, et plus probable, que les gens lisent réellement votre contenu.

J’ai toujours refusé de mettre des boutons de partage sur ce blog pour des raisons plutôt techniques (et pour éviter que les pages ne mettent 3 minutes à charger). Mais ça n’empêche pourtant pas mes articles d’être partagés sur Facebook, Twitter ou même Google+. Est-ce que j’aurais plus de partages sur les réseaux sociaux en ajoutant ces boutons ? Peut-être. Est-ce que je détériorerais considérablement le temps de chargement de mon site en rajoutant ces boutons ?  Absolument.

Recruter un intégrateur, étape 2 : les C.V.

En janvier dernier, je vous racontais comment j’avais rédigé une petite annonce pour recruter un intégrateur dans ma boîte l’année dernière. Voici le deuxième article de cette petite série vous faisant part de mon retour d’expérience.

La deuxième étape d’un recrutement, c’est d’éplucher les candidatures reçues, et de répondre à chaque candidat. L’année dernière, nous avions reçu une vingtaine de candidatures en l’espace de deux semaines (ce qui nous a suffit pour trouver la bonne personne). Mais je reçois également régulièrement des demandes de stage et de contrats professionnels tout au long de l’année. Et croyez moi, en général ce n’est pas très réjouissant.

Voici quelques points presque automatiquement rédhibitoires (et qui sont réellement arrivés) :

  • Les lettres papier manuscrites. Je travaille dans le web. La dernière fois que j’ai écrit une lettre manuscrite, c’était quand j’étais en vacances dans les Alpes quand j’avais 11 ans. Et surtout, les seuls courriers papier que je reçois, ce sont les appels à cotisations de l’URSSAF, du RSI ou de la RAM. Autrement dit je n’ai déjà pas un très bon à priori de votre candidature avant même de l’avoir lu. Je me doute que c’est ce qu’on enseigne encore dans certaines universités, mais sérieusement, arrêtez ça si vous postulez pour le web.
  • Les pièces jointes. Si vous m’envoyez votre C.V. ou lettre de motivation en pièce jointe, faites le impérativement au format PDF. Les formats doc ou odt ne sont pas universels, et il y a de grandes chances que ça ne s’affiche pas chez moi comme ça s’affichait chez vous. Et surtout, évitez d’envoyer une pièce jointe de 15 Mo, et préférez un lien vers votre site.
  • Votre adresse e-mail. Faites attention à l’adresse e-mail avec laquelle vous envoyez votre candidature. Vous n’avez pas idée du nombre de candidat qui utilise leur adresse personnelle type « kikilefada@caramail.com » pour me contacter.
  • Les fautes d’orthographe. On est en 2012. La plupart des navigateurs ont un correcteur orthographique intégré. Ce n’est plus acceptable.
  • Les candidatures envoyées à la terre entière en copie. Si vous avez trop la flemme d’envoyer un mail unique à chaque entreprise qui vous intéresse, il y a des chances pour que j’ai trop la flemme de vous convoquer en entretien. Mention spéciale pour ceux ou celles qui en plus envoient leurs C.V. à toutes les entreprises en CC (et même pas en CCI).
  • Les candidatures, oui mais en fait, non pas trop. Il m’est arrivé plusieurs fois de recevoir des mails du type « Bonjour, est-ce que vous recrutez, comme ça je pourrais vous envoyer mon C.V. ». Qu’est-ce qui vous retient d’envoyer votre C.V. directement ? Vous n’avez pas de timbre à payer. Si on recrute, ça évite déjà un premier échange inutile. Et si on ne recrute pas, ça nous permet de conserver vos coordonnées pour éventuellement vous recontacter lors d’un futur recrutement.

En tant que recruteur, en postant ma petite annonce, j’ai déjà une petite idée en tête des réponses que je souhaiterais obtenir. Le point essentiel, c’est de me donner l’impression que vous répondez à mon annonce, et que votre réponse n’est pas un copié/collé envoyé à l’identique à toutes les agences web de la région. Bien sûr je ne suis pas dupe, il y aura forcément des éléments communs. Mais il est indispensable que votre C.V. et votre lettre de motivation contiennent des éléments personnalisés répondant précisément à l’annonce.

Le critère déterminant pour moi, c’est d’identifier les candidats qui ont répondu aux perches tendues dans la petite annonce. J’avais volontairement glissé quelques perches pour repérer les candidats qui y paieront attention et y répondront (par exemple « Afin de développer notre activité et poursuivre nos plans de domination mondiale« , « Des connaissances en SF4, L4D2 ou WOW sont des plus non négligeables« ). Ce n’est pas forcément dramatique si vous passez à côté, mais par contre si vous y répondez, ça montre bien que vous avez bien compris le type de profil recherché.

Maintenant concernant votre C.V. en lui même, ne misez pas tout dessus. En janvier dernier, Guillaume Potier résumait très bien la situation dans un article intitulé « Développeurs & startup : vos diplômes et vos CV ne servent à rien (ou presque)« . Je passerais au mieux une à deux minutes à lire votre C.V. et votre lettre de motivation, donc n’en faites pas trop.

L’année dernière, nous avions reçu une vingtaine de candidatures en l’espace de deux semaines. C’est un volume qui reste tout à faire gérable humainement, donc j’ai pris le temps de répondre à chaque candidat. Dans quelques rares cas, je me suis permis de remonter au candidat une ou plusieurs erreurs que je considérais comme grave dans sa candidature (dans l’espoir éventuellement qu’il ne la reproduise pas).

Dans un cas en particulier, le candidat m’avait transmis un C.V. et une lettre de motivation datant de 2010 (soit vieux de plus d’un an). Je me suis permis de lui apporter la réponse suivante.

Bonjour Monsieur,

Je vous remercie de nous avoir transféré un e-mail de candidature datant de mai 2010. Mais comme vous aurez pu le remarquer dans notre annonce, nous sommes très attachés aux détails et nous recherchons un candidat rigoureux. Je vous souhaite bon courage dans la suite de vos recherches.
Cordialement.
Je n’attendais pas particulièrement de réponse. Mais en tout cas, je ne m’attendais surtout pas à ça (les fautes et le gras sont d’origine) :
Bonsoir,
Je n’ai pas changé la date de ma lettre de motivation, il est vrai,une erreur de ma pare, mais désolé que mes motivations n’est pas changé, j’aurais pu vous réécrire la même chose tourné d’une autre manière et cela n’aurais rien changé à mes compétences, ma rigourosité et mon envie de travailler.
Cordialement.

Croyez-moi, quand vous répondez à une annonce, ce n’est pas bien difficile de ne pas être dans les 90% du bas. Par contre, il faudra apporter votre personnalité et votre savoir faire afin de vous démarquer des 10% restants.

L’e-mail le plus réussi au monde

Si mes souvenirs sont bons, j’ai passé l’une de mes premières commandes en ligne en 2002 sur CD Baby pour acheter l’album (alors exclusif au site) Electro-Shock Blues Show de Eels. La réception de ma commande fut une excellente surprise, avec un CD gratuit rempli de MP3 de tous les autres artistes disponibles sur le site. Mais surtout, quand vous passez une commande sur CD Baby, vous recevez cet e-mail :

Rémi,

Merci pour votre commande chez CD Baby !

Votre CD a été délicatement extrait de nos étagères chez CD Baby avec des gants stérilisés non contaminés et placé sur un coussin de satin.

Une équipe de 50 employés a inspecté votre CD et l’a poli pour être sûr qu’il soit dans les meilleures conditions possibles avant l’envoi.

Notre spécialiste de l’emballage en provenance du Japon a allumé une bougie et le silence s’est abattu sur la foule lorsqu’il a mis votre CD dans la plus belle boîte enluminée d’or qu’on puisse acheter.

Nous avons tous fait une merveilleuse célébration par la suite et toute la fête est descendue dans la rue de la poste où la ville de Portland toute entière saluait « Bon Voyage ! » à votre colis, en route vers vous, dans notre jet privé CD Baby ce jour, le samedi 2 juin.

J’espère que vous avez passé un bon moment à commander sur CD Baby. C’était le cas pour nous. Votre photo est sur notre mur en tant que « Client de l’année ». Nous sommes tous épuisés mais avons déjà hâte que vous reveniez sur CDBABY.com !!

Si je parle de ça, c’est parce que cette semaine l’excellent Timothy Ferriss a laissé la parole à Derek Sivers, le fondateur de CD Baby et l’auteur de ce mail, pour ce qu’il décrit comme « l’e-mail le plus réussi au monde » :

Ce seul ridicule e-mail, envoyé avec chaque commande, a été tellement aimé que si vous cherchez sur Google « private CD Baby jet », vous aurez plus de 20 000 résultats. A chaque fois, c’est quelqu’un qui a reçu l’e-mail et qui l’a tellement aimé qu’il l’a posté sur son site web et l’a dit à tous ses amis.

Ce seul e-mail toqué a créé des milliers de nouveaux clients.

Quand vous réfléchissez à comment faire grossir votre business, c’est tentant d’essayer de penser à toutes les grandes idées, et les énormes plans d’actions qui vont changer le monde.

Mais sachez que c’est souvent les petits détails qui font vraiment vibrer quelqu’un suffisamment pour qu’il parle de vous à tous ses amis.

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