Les articles du mois de mars 2012

La 3ème génération d’intégrateurs

Quand je pense à l’état actuel du web, j’ai le sentiment qu’on est entré dans la 3ème génération d’intégrateurs. Chaque génération a été marquée par sa guerre entre navigateurs, ses outils de développement, et ses bonnes et mauvaises pratiques.

La première génération était la génération Netscape/Internet Explorer, du milieu des années 1990 jusque l’an 2000. Netscape était le navigateur dominant, mais s’est rapidement fait rattraper par Internet Explorer. La connexion à Internet se faisait en général en 56k. Les sites étaient principalement codés à l’aide d’éditeurs WYSIWYG, comme Microsoft Frontpage ou Macromedia Dreamweaver. Les mises en page de sites se faisaient à l’aide de tableaux, de frames, et les pages étaient remplies d’images « spacer.gif » ou de gifs animés. C’étaient les débuts d’Internet, et la première préoccupation d’un intégrateur était de mettre une page web en ligne.

La seconde génération était la génération Firefox, de 2001 jusque la fin de la décennie. Internet Explorer était le navigateur dominant, mais s’est rapidement fait grignoter par Firefox. La connexion à Internet se faisait en général par ADSL. Les sites étaient principalement codés à l’aide de gros IDE spécifiques à un langage de développement, comme Visual Studio. Les mises en page de sites se faisaient à l’aide de CSS, de float, et les pages étaient remplies de div et de Flash. La première préoccupation d’un intégrateur était de respecter le design réalisé par un graphiste.

La troisième génération est la génération WebKit, qui a débuté un peu avant 2010. Il n’y a plus vraiment de navigateur dominant, mais le moteur de rendu WebKit (utilisé dans Chrome, Safari) est largement majoritaire. La connexion à Internet se fait désormais principalement sur mobile, en Edge ou 3G. Les sites sont codés à l’aide d’éditeurs de code aux interfaces plus minimalistes, comme Textmate, SublimeText ou Notepad++. Les mises en page de sites se font à l’aide de CSS3, de media queries, et les feuilles de styles sont remplies de préfixes navigateurs. La première préoccupation d’un intégrateur est de rendre son site visible partout, peu importe le navigateur, la taille de l’écran et le type d’appareil utilisé.

Cela m’amène à faire le constat suivant. Chaque génération dure entre 5 et 10 ans. Et chaque génération a vu apparaître des méthodes de travail radicalement différentes avec des problématiques totalement différentes. J’ai toujours un léger rictus quand je vois des agences web ou des intégrateurs se vanter d’avoir « 15 ou 20 ans d’expérience », car en réalité, vous avez seulement l’expérience depuis le début de la génération en cours. Et pire, si vous avez de l’expérience mais que vous ne vous remettez pas en question, vous risquez de traîner d’anciennes pratiques désormais devenues obsolètes voire néfastes.

Si je pense qu’il n’est plus possible aujourd’hui de maîtriser toutes les facettes de l’intégration, je pense aussi qu’il est très important pour un intégrateur de continuellement se remettre en question. Les bonnes pratiques d’aujourd’hui seront les mauvaises pratiques de demain.

Et quand des clients me demandent si je crains la concurrence d’autres agences ou d’agences low-cost, je réponds par la négative. Ma plus grosse crainte, c’est moi même. La peur que je n’arrive pas à me renouveler. Et pire : la peur que je ne me rende même pas compte qu’il faille que je me renouvelle.

Les trucs vraiment nouveaux de HTML5

La semaine dernière s’est déroulée à Austin au Texas la SXSW (South by Southwest), un des plus grands festivals de musique, films et médias interactifs. C’est un des rendez-vous les plus importants pour le web, où les plus grands acteurs donnent des conférences sur tous les sujets du moment. Google était donc présent, et a donné pendant près de 3 heures une série de mini-conférences sur Android, Google+ et le web. Paul Irish, développeur dans l’équipe de Chrome, a présenté pendant 20 minutes les « trucs vraiment nouveaux nouveaux tout chaud » en HTML5. Si vous avez un peu de temps et que vous voulez rester à la page, cette vidéo est faite pour vous ! (la présentation de Paul Irish débute à 1h51)

Google Developers SXSW Lightning Talks

Voici l’ensemble des sujets abordés, avec les liens vers les démos présentées :

  • Les régions et exclusions CSS (article, démo), pour créer des mises en pages avancées comme dans des magazines
  • Les filtres CSS (démo), pour appliquer des effets (flou, luminosité, contraste, …) sur n’importe quel élément d’une page
  • La propriété navigator.connection, pour connaître le type de connexion de l’internaute
  • L’API FullScreen (démo), pour afficher n’importe quel contenu d’une page en plein écran
  • L’API Pointer Lock (démo), pour contraindre le curseur de la souris à rester dans une zone précise (idéal pour les jeux)
  • L’API GamePad (démo), pour utiliser une manette de jeu
  • L’API Page Visibility (démo), pour savoir si une page web est affichée ou en arrière-plan
  • La fonction requestAnimationFrame (article, démo), pour créer des animations en utilisant efficacement le processeur de la machine
  • La fonction getUserMedia (démo Photobooth, démo Webcam Toy, démo explosion), pour utiliser la webcam et le micro de l’internaute
  • WebRTC, pour créer du chat audio/vidéo en temps réel

 

Le nouvel iPad n’a toujours pas Flash

Le nouvel iPad est sorti, et les premiers tests de journalistes professionnels apparaissent.

Toujours pas de support d’Adobe Flash.
— Edward C. Baig, USA Today

Dommage… […] l’iPad nouvelle formule ne sait toujours pas lire les vidéos en Flash.
— Didier Sanz, Le Figaro

Au-delà des défauts habituels des produits mobiles Apple comme le manque d’ouverture ou l’absence de compatibilité avec flash, les défauts du nouvel iPad reste pour la plupart déjà connu.
— Florent Deligia, Lyon Capitale

Dans la liste des autres technologies mortes que le nouvel iPad ne supporte toujours pas : les disquettes 3,5″, les cassettes audio, les CD audio, les DVD, …

Quelle déception.

Le navigateur que vous aimiez détester

Après le lancement l’année dernière du site IE6Countdown, Microsoft lance une nouvelle campagne pour rappeler qu’IE9 n’est pas si mal comparé à ses prédécesseurs avec le blog Tumblr « The Browser You Loved To Hate » et la vidéo ci-dessous.

The Browser You Loved To Hate | Internet Explorer

La seule et unique chose pour laquelle IE est bon, c’est pour télécharger d’autres navigateurs.

Je suis peut être inculte et naïf, mais est-ce qu’il y a déjà eu une société, peu importe le domaine, qui a investi autant d’argent pour autant discréditer et dévaloriser ses anciens produits ?

Pour autant, ça reste une meilleure campagne que la pizza IE8, toujours en vente 3 ans après la sortie du navigateur.

Le rétropédalage vers H.264 de Mozilla

Il y a un an, Google annonçait de manière fracassante l’abandon du codec vidéo H.264 (format propriétaire et soumis à des droits de license d’utilisation) au profit d’un nouveau codec, WebM. C’était une grande nouvelle pour Mozilla, ayant toujours refusé de supporter le codec H.264. Mike Shaver (anciennement grand défenseur de l’open web chez Mozilla, qu’il a quitté l’année dernière pour rejoindre Facebook (sic !)) écrivait l’année dernière :

Des organisations comme Google, Mozilla, Opera et les autres qui croient réellement en l’importance de la vidéo ouverte sur le web investissent dans notre philosophie pour leurs produits, et le web va être encore plus fort et encore plus génial grâce à ça.

Félicitations et merci, Google.

L’annonce de Google est vite tombée en désuétude, et la société n’a pas fait grand chose pour pousser le support du format WebM. Mozilla se retrouve alors seul dans son combat pour l’open web. Et les discussions pour supporter le format H.264 dans Firefox sont réapparues cette semaine. Andreas Gal de chez Mozilla écrit alors :

Google a promis beaucoup de choses et n’ont pas suivi, et nos utilisateurs et nos projets en payent le prix. H.264 ne va pas disparaître. Tenir le coup un peu plus longtemps ne va strictement rien nous apporter.

La première motivation de Mozilla, c’est de supporter H.264 pour leur OS mobile, Boot to Gecko. Comme l’écrit MG Siegler, sans support de H.264, « Boot to Gecko serait un véritable faux départ ». Le support de H.264 serait alors étendu aux versions mobiles de Firefox, puis aux versions bureau pour les OS supportant nativement H.264. L’article d’Arstechnica détaille très bien tout le schmilblick.

Cette actualité me rappelle à quel point les avancées du web doivent être supportées par de grandes sociétés. Ces dernières années, Apple a pesé lourd dans la balance contre Flash. Google aurait pu peser lourd dans la balance contre H.264, mais ils en ont décidé autrement.