Les articles du mois de mars 2012

HTML5 n’est pas prêt, ne le sera jamais, et c’est une bonne chose

Christian Heilmann, développeur évangéliste chez Mozilla, explique pourquoi « HTML5 n’est pas prêt, ne le sera jamais, et c’est une bonne chose » :

HTML est désormais un standard vivant. Ça dérange l’esprit de beaucoup de personnes : comment un standard peut-il être vivant ? Et bien, pour moi, ça a beaucoup de sens. Les besoins du web sont constamment en train de changer. Il y a quelques années personne n’aurait prédit – et encore moins les groupes de standards – que nous utiliserions internet sur des appareils mobiles avec des interfaces tactiles. Que va-t-il se passer dans le futur proche ? Qui sait ? De la reconnaissance faciale et de la détection de mouvements ?

HTML5 est définit par les fabricants de navigateurs qui bricolent et innovent et enrichissent les standards. Puis les autres fabricants de navigateurs viennent en discuter et nous nous accordons pour en faire un standard. Cela évite le problème pour des développeurs d’avoir à construire des choses pour des navigateurs et ça signifie que le standard ne sera pas à la traîne. Le principal pouvoir d’internet est que vous n’avez pas à écrire la même application plusieurs fois pour différents environnements, et en s’accordant entre fabricants de navigateurs nous nous assurons qu’il n’y aura pas de nouvelle situation à la IE6.

Donc non, HTML5 n’est pas prêt et ne le sera jamais – et c’est une bonne chose. Nous avons un standard pour le web avec tout ses changements et adaptations, et pas un standard logiciel qui s’attends à un renouvellement tous les 5 ans.

Je suis d’accord avec le fond de l’article. Par contre, j’ai l’impression qu’il présente les fabricants de navigateurs et les groupes de standards de manière un peu trop idéaliste. Il y a tout juste un mois, tous les fabricants de navigateurs étaient d’accords pour commencer à faire du grand n’importe quoi, quitte à ce qu’on se retrouve justement dans « une nouvelle situation à la IE6 ».

Faire de HTML un standard vivant est une très bonne chose. Mais j’ai comme des doutes sur la capacité des groupes de standards actuels à en faire une bonne chose sur le long terme.

Les logos des navigateurs

Quand on parle de navigateurs, on parle surtout des cinq suspects habituels : Internet Explorer, Firefox, Chrome, Safari et Opera. A eux seuls, ces cinq navigateurs représentent près de 99% de parts de marché. Mais j’ai toujours été fasciné par la quantité, la diversité et la spécificité des navigateurs restants.

Mais surtout, j’ai toujours adoré les logos des navigateurs. Mis côte à côte dans le dock de Mac OS ou sur le bureau de Windows, ça me rappelle mon enfance, ma collection de pin’s, mon classeur de Pogs ou encore ma collection de Pokémons. En voici une petite sélection d’après la liste des navigateurs sur Wikipédia.

 

Le fait le plus ahurissant à propos de l’univers

Il n’y a pas très longtemps j’ai découvert Neil DeGrasse Tyson, astrophysicien et directeur du planétarium du Musée d’Histoire Naturelles de New York (et également devenu le meme « Watch out guys, we’re dealing with a badass over here » malgré lui).

J’ai découvert cette vidéo la semaine dernière, magnifiquement mise en scène sur une chanson de The Cinematic Orchestra, et je suis resté bouche bée. Interrogé par un lecteur du Time Magazine, il réponds à la question suivante : « Quel est le fait le plus ahurissant que vous puissiez partager avec nous à propos de l’Univers ? »

The Most Astounding Fact - Neil deGrasse Tyson

Le fait le plus ahurissant… c’est de savoir que les atomes qui composent la vie sur Terre, les atomes qui forment le corps humain sont traçables jusqu’aux creusets qui ont cuisiné des éléments de lumière en éléments denses dans leurs noyaux, sous des températures et des pressions extrêmes.

Ces étoiles, les plus lourdes d’entre elles, sont devenues instables dans leurs vieilles années. Elles se sont écroulées puis ont explosé, dispersant leurs intestins enrichis à travers la galaxie. Des intestins faits de carbone, de nitrogène, d’oxygène, et tous les ingrédients fondamentaux de la vie en elle-même. Ces ingrédients sont devenus une partie de nuages de gaz, qui se sont condensés, écroulés, et ont formé la génération suivante de système solaires : des étoiles avec des planètes en orbites. Et ces planètes ont maintenant les ingrédients de la vie elle-même.

Donc je lève les yeux au ciel la nuit… et je sais que oui, nous faisons partis de cet univers, nous sommes dans cet univers… Mais peut être que plus important que ces deux points, c’est que l’Univers est en nous. Quand je pense à ça, je regarde en haut… Beaucoup de gens se sentent petits parce qu’ils sont petits et que l’Univers est grand… mais je me sens grand, parce que mes atomes viennent de ces étoiles.

Il y a un niveau de connectivité. C’est vraiment ce que vous recherchez dans la vie, vous voulez vous sentir connectés, vous voulez vous sentir appropriés. Vous voulez vous sentir comme un participant dans le déroulement des activités et événements autour de vous.

C’est exactement ce que nous sommes, juste en étant en vie.

Ça n’a strictement rien à voir avec le web. Ça n’a strictement rien à voir avec l’intégration. Mais j’ai trouvé cette vidéo profondément inspirante.

Juste différent

Lu hier via Hacker News, la conclusion du livre « Learn Python the hard way » de Zed A. Shaw, intitulée « Conseil d’un vieux programmeur » :

Finalement, je dirais qu’apprendre à créer des logiciels vous change et vous rend différent. Pas mieux ni pire, juste différent. Vous trouverez peut-être que les gens vous traitent durement parce que vous savez créer des logiciels, peut-être en utilisant des mots comme « nerd« . Peut-être que vous réaliserez que parce que vous pouvez disséquer leur logique ils détestent débattre avec vous. Vous trouverez peut être que le simple fait de savoir comment fonctionne un ordinateur vous rends ennuyeux et bizarre à leurs yeux.

Face à ça je n’ai qu’un seul conseil : qu’ils aillent se faire foutre. Le monde a besoin de plus de gens bizarres qui savent comment les choses fonctionnent et qui aiment tout comprendre. Quand ils vous traitent comme ça, souvenez vous juste que c’est votre voyage, pas le leur. Être différent n’est pas un crime, et les gens qui vous disent ça sont juste jaloux que vous ayez choisi une compétence qu’ils n’auraient jamais pu acquérir même dans leurs rêves les plus fous.

Vous savez coder. Pas eux. Et ça, c’est plutôt cool.

 

Construire La Bombe en s’amusant

La semaine dernière je vous ai parlé de Richard Feynman (prix nobel de physique et joueur de bongo), en vous incitant vivement à en apprendre plus sur le personnage. Tel que je vous connais, nous n’en avez rien fait. Alors voici une petite anecdote que j’ai découverte il y a pas très longtemps sur Wikipédia.

A Princeton, le physicien Robert R. Wilson encouragea Feynman a participer au Projet Manhattan — le projet de l’U.S. Army en pleine guerre développant la bombe atomique à Los Alamos. Feynman dit qu’il avait été persuadé de rejoindre cet effort pour la construire avant que l’Allemagne Nazi ne développe sa propre bombe. […]

Dû à la nature top secrète du projet, Los Alamos était isolé. De la bouche de Feynman, « Il n’y avait rien à faire du tout là bas ». Ennuyé, il laissa libre cours à sa curiosité en apprenant à deviner les combinaisons de cadenas des armoires et des bureaux utilisés pour des documents sécurisés. Feynman joua pleins de tours à ses collègues. Dans un cas il trouva la combinaison d’une armoire de classement en essayant les numéros qu’un physicien utiliserait (ils se sont avérés être 27-18-28, d’après la base d’un logarithme naturel, e=2,71828…), et il découvrit que que les 3 armoires à classeurs où un collègue rangeait ses notes de recherche sur la bombe atomique utilisaient toutes la même combinaison. Il laissa une série de notes pour plaisanter, ce qui au départ effraya son collègue, Frederic de Hoffmann, et lui fit croire qu’un espion ou un saboteur avait réussi à gagner aux secrets de la bombe atomique.

Je pourrais utiliser ça comme un bon exemple pour parler de mot de passe et de sécurité. Mais ce qui m’a plu ici, c’est l’opposition du sérieux du projet, à l’amusement de Richard Feynman.

Les meilleurs projets sur lesquels j’ai travaillé sont ceux où je me suis le plus amusé. Que ce soit en essayant des nouvelles techniques d’intégration, ou alors en glissant des petites blagues à destination du client. Cela ne signifie pas que ces projets n’étaient pas sérieux.

Il y a quelques temps, j’avais vu une conférence chez TED dont le titre résume bien ma philosophie : Les grands designs sont sérieux (pas solennels).