Moi aussi, j’aime Firefox

Il y a quelques semaines, Nicolas Hoffmann a écrit un chouette article sur pourquoi il aime Firefox, en dénonçant au passage les gens comme moi qui critiquent beaucoup à tout va.

Je reconnais que Firefox est perfectible, comme toute chose d’ailleurs, Chrome n’est pas exempt de défauts lui non plus. Ceci dit, je pense qu’on peut aisément dire que les deux sont de bons navigateurs, ils sont assez modernes, respectent plutôt bien les standards, etc.

Toutefois, il y a quelque chose qui me recroqueville les artères : j’ai vraiment du mal à comprendre l’intérêt de déployer une énergie colossale à décrier quelque chose… au lieu de vanter les mérites de celle qu’on lui préfère. C’est plus facile ? Plus à la mode ?

En ce qui me concerne, j’entretiens une relation d’amour-haine avec Firefox, et je pense que c’est surtout une histoire de passion. J’ai commencé à faire des pages web à la fin des années 90, avec FrontPage 98 et pour seul navigateur IE5. Je dis « faire des pages web » parce qu’à l’époque, où les designs étaient pensés pour du 800×600 et du 56k, on était loin de parler d’intégration. Petit à petit, au début des années 2000, je commençais à entendre parler de CSS, et ça avait l’air chouette. Mais je ne comprenais pas pourquoi dès que je voulais tester quelque chose, rien ne semblait fonctionner dans Internet Explorer.

C’est seulement quelques années plus tard, en 2003, que j’ai découvert Firebird. Et là, magie, toutes les nouveautés dont j’entendais parler depuis des lustres fonctionnaient. Et puis il y avait aussi des onglets. Et des extensions faites par la communauté. Et les pages se chargeaient plus vite. Tout ces petits détails m’ont fait aimé Firefox. Et ça, c’était encore avant que je ne découvre Firebug en 2006.

Et puis en 2009, j’ai découvert Chrome. Et là magie, le navigateur se lançait beaucoup rapidement, les pages se chargeaient plus vite, et toutes les nouveautés techniques dont j’entendais parler fonctionnaient (les formulaires HTML5, des propriétés CSS3, puis plus récemment WebGL, etc…). Toutes les raisons qui m’ont fait aimé Firefox me font aujourd’hui aimer Chrome.

Quand je critique Firefox, c’est aussi dans l’espoir que les choses changent chez Mozilla, et qu’ils arrivent à nouveau à devenir une source d’innovation et d’inspiration pour les développeurs web, comme moi.

  1. Nico, le

    Et bien, décidément, ce petit billet aura fait couler de l’encre numérique. :)

    En fait, ce qui me dérange dans la critique à tout va, c’est ceci : est-ce que c’est productif ?
    Je m’explique, prenons le point de vue d’une personne impliquée chez Mozilla (c’est hypothétique et je vais être caricatural, mais c’est pour la bonne cause), j’aurais pu parler d’un développeur mais restons gaulois, cocoricooo :

    Imaginons que tu t’appelles Tristan Nitot, que tu reçoives plein de sollicitations pour parler de ta grande passion, à savoir Firefox (j’imagine que tu en as plein d’autres, mais bon :) ).
    Imaginons encore qu’avec ce rapid release process, l’émergence de Chrome, tout çaaaaa, tu lis plein d’avis négatifs.

    J’imagine que tu n’apprécies pas, mais qu’en personne ouverte d’esprit et à la critique, tu lis quand même : il faut bien voir de quoi parlent les utilisateurs.

    Imaginons qu’au 500 ème post, tu lises toujours des critiques assassines.

    C’est sûr qu’entre :

    – Ouais Firefox, c’est de la merde, Chrome c’est mieux.

    Et

    – J’aimerais bien que Mozilla se penche sur la consommation mémoire sur les prochaines versions, ce défaut est important à mon avis et gâche le plaisir de naviguer avec Firefox.

    Le choix est net : une critique t’agace et te met sur la défensive, tu vas te dire :
    – c’est usant de lire toujours la même chose, et s’ils aiment tant Chrome, pourquoi ils ne louent pas ses qualités au lieu de se plaindre de Firefox. Les utilisateurs de Firefox ne passent pas leur temps à pleurer sur IE, ils utilisent Firefox et point barre !!!!!!!!

    L’autre critique te fera plutôt dire :
    – ok, je comprends, et il faut qu’on fasse quelque chose.

    Imaginons encore que tu constates qu’en dépit de pleins d’améliorations (tu as parlé sur ton Twitter @Nitot d’un outil de compatibilité pour les extensions, ou d’un projet pour améliorer la consommation de mémoire, qui devrait faire un grand choc pour les prochaines versions de Firefox), les critiques sont toujours focalisées sur les faiblesses et non les améliorations.

    Là, tout calme que tu es : tu pètes un câble : enfin merde quoi, ce n’est que la première release de Firefox dans ce rapid release process, ils en parlent déjà comme si c’était la 8ème plaie, ça buzze dans tous les sens, alors que la situation va se normaliser, c’est AGAÇANT à la fin !!!!

    Fin de l’aparté, tu n’es plus Tristan Nitot.
    (Tristan, si tu me lis, mes salutations et désolé pour l’usurpation d’identité, c’était un exemple, je suis sûr que tu serais plus calme que cela ;) )

    Je pense que la critique est nécessaire, mais la forme l’est tout autant. Entre une critique négative et un voeu d’amélioration, il y a une différence importante : l’un est négatif, l’autre est positif. L’un braque, l’autre encourage.
    Quoi qu’on en dise, les mots sont importants. Surtout quand on aime.

    Au plaisir et merci pour ce sujet !
    Nicolas

  2. Tristan, le

    « Quand je critique Firefox, c’est aussi dans l’espoir que les choses changent chez Mozilla »

    -> http://standblog.org/blog/post/2011/07/20/Mozilla-change

    et aussi http://blog.frenchmozilla.fr/index/post/2011/07/21/Mozilla-dans-la-nouvelle-%C3%A8re-Internet-%E2%80%94-Au-del%C3%A0-du-navigateur

  3. Rémi, le

    @Nicolas : Que tu sois un politique, une rockstar, Tristan Nitot, ou développeur web, tu seras toujours sujet à des critiques. Et plus tu auras de succès, plus tu auras de critiques. Il faut donc savoir prendre tout ça avec maturité, et ne surtout pas prendre ça personnellement.
    Je suis totalement d’accord avec toi sur le fait que les simples critiques type « Firefox c’est de la merde » sont puériles et pas très constructives. Ceci dit, si ces critiques sont récurrentes, il faut arriver à se remettre en question et s’interroger sur ce qu’il faudrait changer.

    @Tristan : J’avais lu ton article, et une petite lueur était réapparue en moi. J’attends maintenant avec impatience de voir comment vont se dérouler les prochaines sorties de Firefox, et j’attends surtout avec impatience que Mozilla reprenne son rôle d’innovateur du web. J’ai l’impression que les derniers trucs avant gardistes qui sont apparus dans Firefox (comme par exemple l’Audio API) sont déjà tombés aux oubliettes…

  4. Nico, le

    Pour les critiques, je le sais bien, je n’y échappe pas et je prends ça autant avec maturité que je le peux. Reste que je pense qu’avant de critiquer, il faut savoir aussi mesurer ce que l’on va faire (en connait-on les tenants, les aboutissants ?), sans mésestimer le travail de la personne qu’on va critiquer.

    Ce qui m’agace, c’est quand :

    – la critique devient une mode, une facilité ou une façon de faire le buzz,
    – la critique est purement négative : je campe sur mes positions, ça ne coûte pas cher de formuler cela élégamment. Si la chose critiquée est si mauvaise que cela… pourquoi en parler alors ? Ne faisons pas de publicité à de mauvais produits, faisons de la publicité pour les bons !

    L’exemple que je te donnais, c’était surtout une extrapolation pour montrer l’envers du décor… de la critique. Elle peut avoir l’effet complètement inverse du résultat recherché. Tiens, ça m’inspire un billet, merci !

    Et sur le fait de ne pas le prendre personnellement (ça c’est un autre sujet), certaines formulations sont parfois vraiment très dures. Je pars de l’idée que quand on prend le temps de critiquer, on peut aussi prendre le temps du recul sur ce que l’on va critiquer, et également le temps de trouver des formules non-blessantes.

    Quoi qu’on en dise, un peu d’élégance, c’est faire preuve de classe, ça donne tout autant de poids à sa critique.