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Project Glass

Google a présenté Project Glass, son projet de lunette de réalité augmentée, à travers une simple page Google+, une vidéo et une courte présentation (l’accentuation est de moi).

Nous partageons cette information maintenant parce que nous voulons entamer une discussion et apprendre de vos retours inestimables. Donc nous avons pris quelques photos pour montrer ce à quoi cette technologie pourrait ressembler et avons créé une vidéo pour démontrer ce que ça pourrait vous permettre de faire.

Project Glass: One day...

Je crois que je ne déteste rien de plus au monde que ce genre de vidéos. Ce genre de vidéos, comme le Seabird de Mozilla, la vision du futur de Microsoft, ou le futur de BlackBerry. C’est de la pure foutaise. Ces vidéos n’ont pas plus de valeur que les interfaces présentes dans des films comme Minority Report ou Prometheus. Il y a 6 mois, John Gruber résumait très bien le problème de ces vidéos :

Les designs de ces vidéos de concepts sont libres de toutes contraintes du monde réel — qu’elles soient techniques, logiques, ou financières. Travailler avec des contraintes est tout ce dont il s’agit pour du vrai design.

Je suis fasciné par les avancées technologiques dans tous les domaines. Mais ici il s’agit simplement présenté une vidéo d’un prototype. Même s’ils parvenaient à concrétiser ce prototype, il y a de grandes chances pour qu’on en soit très loin dans la réalité.

Dans la réalité, un tel projet réalisé par Google ressemblerait plutôt à ça.

Project Glass

La taxe Adobe pour Flash

Il y a 6 mois, je partageais ma vision d’Adobe et de Flash en la résumant en une phrase :

La philosophie de Flash est exclusive; elle pousse à la créativité aux dépends de la technique, à la fermeture et à la lucrativité.

Depuis, Adobe a annoncé l’arrêt de Flash sur mobiles et son repositionnement de Flash pour de la vidéo et du jeu premium. Et on a vu arriver pour la première fois des démos de jeux impressionantes, comme Epic Citadel ou Tail Drift. Mais hier, Adobe a provoqué la colère de toute sa communauté en annonçant une taxe dédiée aux développeurs de jeux en Flash.

Les fonctionnalités premium sont disponibles sans redevance et sans restriction jusqu’au 31 juillet 2012. A partir du 1er août, les fonctionnalités premium nécessiteront une license d’Adobe. Les applications qui gagnent moins de 50 000$ de chiffre d’affaires resteront libre de toute redevance, tout comme l’utilisation des fonctionnalités premium livrées avec Adobe AIR, y compris pour les applications mobiles pour iOS et Android.

Il n’y a aucun frais pour utiliser les fonctionnalités premium des applications qui génère moins de 50 000$ de chiffre d’affaires. Pour chaque application qui génère plus de 50 000$, les frais pour utiliser les fonctionnalités premium seront de 9% du chiffre d’affaires net de l’application au dessus de 50 000$. Le chiffre d’affaires net est calculé après déduction des taxes, des coûts de traitement des frais, et des frais des plate-formes sociales.

Il est courant pour les développeurs de laisser une part de leurs revenus à la plate-forme qui les diffuse. Apple prends 30% des ventes sur l’App Store. Google prends 5% des ventes sur le Chrome Web Store. Mais c’est en échange d’un service d’hébergement, de diffusion et à moindre échelle de promotion des applications que vous soumettez. Avec la nouvelle taxe d’Adobe, vous n’avez rien de plus en échange. Autrement dit : bien que vous ayez payé Adobe des milliers d’euros en license pour utiliser leurs outils de développement Flash, vous devrez vous acquitter de 9% de vos revenus au delà de 37 000€ pour continuer à utiliser Flash.

Néanmoins, ce cap financier n’est clairement pas atteint par la plupart des jeux Flash. Et surtout, les fonctionnalités premium en question concernent uniquement l’utilisation conjointe de deux API (ApplicationDomain.domainMemory et Stage3D.request3DContext), dédiées à l’optimisation de la mémoire et à l’accélération graphique matérielle. Pourtant, cette annonce sonne vraiment comme un geste audacieux de la part d’Adobe, qui a construit son patrimoine dans le domaine du jeu grâce à des petits développeurs indépendants.

J’ai toujours du mal à voir où va Adobe en souhaitant se concentrer sur du jeu vidéo « premium », digne de consoles de salon. L’immense succès des jeux Flash s’est construit grâce à des milliers de développeurs indépendant qui ont créé des jeux simples, et attractifs pour le grand public. En visant du jeu haut de gamme, Adobe cible un public de joueurs avertis. Et dans ce domaine, ils ne sont pas en concurrence avec des organismes de standards du web, mais avec des sociétés spécialisées dans le jeu vidéo comme Nintendo, Sony et Microsoft. Adobe s’est par exemple associé à Epic et Unity pour porter leurs moteurs 3D respectifs sous Flash Player. Mais ces moteurs fonctionnent déjà sur les autres plates-formes (iOS, Android, PC, Mac, ou même via un plugin web pour Unity). J’ai un tout petit peu de mal à voir pourquoi un développeur choisirait de passer par Adobe pour porter un jeu sur le web aujour’hui.

BrowserQuest est important

Hier, Mozilla a lancé BrowserQuest, une démo technique sous forme de mini-jeu massivement multijoueurs tout en HTML5. C’est une petite aventure toute simple (comptez une vingtaine de minutes pour tout explorer), mais ça fourmille de détails et de références cachées. Mais c’est surtout très bien réalisé.

Le jeu a été développé par les français de Little Workshop, et a déjà accueilli plus de 150 000 joueurs en moins de 24 heures (vous pouvez suivre le nombre de connectés en temps réel ici). Il utilise pleins de joyeusetés (Canvas, WebWorkers, localStorage, Media Queries, HTML5 Audio). Et c’est censé tourner sur n’importe quel navigateur moderne sur n’importe quelle plate-forme. Oh, et vous pouvez récupérer tout le code source du jeu librement.

BrowserQuest

En jouant à BrowserQuest, je n’ai pas pu arrêter de m’empêcher de penser que ce que j’avais là, sous mes yeux, était important. En y réfléchissant, je pense que c’est important à deux niveaux.

C’est important pour Mozilla, parce que de mémoire, c’est leur première démo HTML5 qui s’adresse au grand public. Google a compris ça il y a déjà un an en proposant des clips interactifs comme 3 Dreams Of Black, ou plus récemment avec Angry Birds. Microsoft a compris ça également en portant Cut The Rope en HTML5. Mozilla a sorti le grand jeu avec BrowserQuest (sans mauvais jeu de mot), et c’est une très belle démonstration pour prêcher par l’exemple.

Mais c’est aussi important pour le web. BrowserQuest n’est pas une démonstration des capacités de Firefox. C’est une démonstration des capacités du web, en tant que plate-forme, avec ses langages. Peu importe votre ordinateur, votre tablette, votre téléphone, votre écran, votre système d’exploitation, votre navigateur, vous pouvez en profiter dès maintenant.

Et ça, ça change tout.

Monde de merde

Hier, j’ai appris via Nofrag que Michel Hazanavicius, le réalisateur de The Artist était aussi le réalisateur de La Classe Américaine, un de mes films préférés. J’ai aussi appris qu’il est un fervent défenseur de la HADOPI. Monde de merde.

Google et Mon entreprise En Ligne

En avril 2011, Google lançait en grande pompe Mon Entreprise En Ligne, une « énième initiative pour inciter les PME à ouvrir un site Web« . Le site a été créé en partenariat avec SFR (pour le support téléphonique), et Oxatis (pour la plate-forme de création de sites). A l’époque, je croyais alors qu’il s’agissait d’un projet bien français, visant à pousser les 70% de PME n’ayant pas de site Internet. Mais récemment, alors que Google s’est fait prendre en pleine escroquerie au Kenya, je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’une initiative mondiale, plus connue sous le nom de « Getting Business Online ». Australie, Irelande, Angleterre, Inde, Canada, Kenya, mais aussi chaque état Américain (New YorkOhio, Vermont, …). A chaque fois, Google s’est associé avec des entreprises locales pour monter son projet. L’objectif pour Google est de proposer un site gratuit la première année, tout en incitant fortement les entreprises à créer des annonces sur AdWords.

L’initiative est louable, mais bizarrement, la version française est assez différente des autres. En particulier, la qualité des sites français semble particulièrement médiocre. Voici par exemple 3 sites mis en avant dans la rubrique Best-of de Mon Entreprise En Ligne : www.tif-annie.frwww.photoptic.fr et www.canichebleu.fr (mon préféré). Prenez quelques instants pour visiter ces sites, et revenez lire la suite.

Là, normalement, si vous travaillez dans le web, vous avez un peu de vomi qui vient de vous remonter du fond de la gorge. Que dire ? Ces designs, tous similaires. Ce code HTML, parsemé de quelques tableaux de mise en page et de styles en ligne TOUT EN MAJUSCULE. A titre de comparaison, voici quelques exemples de sites réalisés et mis en avant par Google comme des bons exemples dans les autres pays : www.themagherainn.comwww.geronimocoffee.com.au et www.thepurpledoor.eu. Ces sites ont leurs lots de défauts, mais on est clairement un niveau au dessus des sites réalisés en France. La différence ? Dans la plupart des pays, Google a soit proposé directement son outil de création de sites, Google Sites, ou incité à travailler avec des agences web locales. En France, Google a travaillé avec Oxatis et son CMS maison.

Autre spécificité française, le projet a été lancé avec le soutien du Ministère de l’Economie, et surtout par Echangeur PME Paris Île-de-France, une initiative publique liée à la Chambre du Commerce et de l’Industrie de Paris. Avec autant de partenaires, la force de frappe de Google et le soutien de l’Etat, on peut au moins espérer que de nombreuses sociétés ont profité de ce service. L’objectif affiché était de 50 000 nouveaux sites d’entreprise pour la fin 2011. Curieusement, aucun chiffre officiel n’a été communiqué pour faire le point sur cette initiative. Mais j’avais bien ma petite idée pour connaître le nombre de site créé grâce à Mon Entreprise En Ligne. En effet, chaque site contient une petite phrase « Oxatis – création sites E-Commerce » accompagnée du logo MEEL dans son footer. Avec un petit coup de pouce pour plus de précisions (merci Aurélien !), voici la requête effectuée sur Google pour connaître tous les sites ayant cette mention.

"Oxatis - création sites E-Commerce" inurl:Default.asp -site:oxatis.com

Réponse : « Environ 3 270 résultats ». Et encore, cette requête n’est pas précise à 100% puisqu’elle inclut également les sites réalisés par Oxatis depuis une dizaine d’années en dehors de l’initiative MEEL. En filtrant sur Google les résultats datant de moins d’un an, on arrive alors à « Environ 475 résultats« . Et encore, on n’exclut toujours pas les sites réalisés par Oxatis seul.

Google, SFR, Oxatis, et l’Etat n’ont même pas atteint 1% de leur objectif. Je n’ai aucune idée des montants publics mis en jeu dans ce projet, mais j’ai bien peur vu le résultat que ce ne soit beaucoup trop…