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Un navigateur Facebook

Hier, le site Pocket-lint rapportait que Facebook serait en négociation pour racheter Opera. Il ne s’agit que d’une rumeur, mais certains signes semblent confirmer que des négociations pourraient bien être en cours. Mais surtout, cette rumeur relance l’idée d’un navigateur Facebook.

Un navigateur Facebook

Si l’idée n’est pas nouvelle, elle refait surface régulièrement ces derniers temps. Le mois dernier chez CNET, Ben Parr expliquait pourquoi Facebook devrait lancer son propre navigateur :

Pensez-y une minute. En une seule mise à jour, Google pourrait transformer Chrome en sa propre version de Rockmelt. Il s’agirait d’un navigateur social qui mettrait Google+ au premier plan pour ses utilisateurs avant qu’ils n’aient la moindre chance de taper Facebook.com dans la barre d’adresse.

Vous pensez que Google ne le fera pas ? Ils ont déjà commencé à sortir des extensions qui intègrent Google+ dans Chrome. Je soupçonne que ces extensions sont juste des précurseurs de leur intégration dans Chrome.

J’ai un doute sur le fait que Google+ représente aujourd’hui la moindre menace pour Facebook. Mais vu l’insistence de Google à forcer Google+ dans la bouche de ses utilisateurs dans tous ses services, Google+ pourrait devenir une menace.

Là où je pense que Facebook pourrait bénéficier de son propre navigateur, c’est dans la compréhension de ses utilisateurs et la création de nouveaux services. J’ai le sentiment que Facebook arrive un peu au bout du concept de réseau social tel qu’ils l’avaient imaginé. Facebook doit désormais comprendre ce que fait l’internaute en dehors de Facebook. Si les boutons J’aime et autres widgets parsemés sur de nombreux sites leur permettent déjà de nous suivre à la trace, un navigateur Facebook pourrait récolter encore plus d’infos (de la même manière que Google Chrome récolte nos infos pour « améliorer leurs services »). L’idée d’un navigateur social n’est pas nouvelle, et les navigateurs Rockmelt ou le décédé Flock sont déjà passés par là.

Maintenant, j’ai des doutes concernant le rachat d’Opera. D’un point de vue stratégique pour Facebook, ce serait une excellente chose. Opera Mobile/Mini est le navigateur le plus utilisé au monde sur mobile, plus particulièrement en Asie. Là où ça se complique, c’est qu’Opera n’est pas juste un navigateur. C’est un ensemble de solutions professionnelles pour embarquer leur navigateur (comme par exemple avec Nintendo sur Wii et DS). Si Facebook rachète Opera, ils devront aussi s’occuper de ça, et je ne vois pas vraiment l’intérêt.

Mais surtout, le rachat d’Opera risquerait d’atteindre des sommes astronomiques. Le mois dernier, Facebook a racheté Instagram pour 1 milliard de dollars. Instagram, c’est 13 employés, et 30 millions de comptes enregistrés, et zéro euros de bénéfices. Opera, c’est plus de 750 employés, plus de 200 millions d’utilisateurs à travers le monde, et 80 millions d’euros de bénéfices. Même si Facebook veut se lancer de manière sérieuse et stratégique sur le marché des navigateurs, je ne vois pas comment ils pourraient racheter Opera.

Maintenant, un point intéressant que j’ai découvert en rédigeant cet article, c’est que le décédé navigateur Flock n’est plus tout à fait décédé. Depuis début avril, la page d’accueil de leur site affiche une mystérieuse citation de Mark Twain (« The rumors of my death have been greatly exaggerated. »), suivi d’un « Stay tuned« . Vu les tumultes de la vie du navigateur, un retour sous la même forme semble assez improbable. Mais à l’heure actuelle, et ce depuis leur rachat en janvier 2011, Flock est la propriété de Zynga. Zynga, c’est la plus grosse société de jeux sur réseaux sociaux, et qui a elle seule a contribué à 11% du chiffre d’affaires de Facebook en 2011. Un rachat de Flock par Facebook me semble alors beaucoup plus réaliste.

Personnellement, je me demande souvent quelles sociétés pourraient faire leur entrée sur le marché des navigateurs. Si je me dit qu’Adobe pourrait trouver sa place avec un navigateur orienté conception/design/intégration, Facebook semble un prétendant vraiment bien trouvé. Et avec un navigateur de qualité, Facebook pourrait vraiment facilement attirer ses utilisateurs, là où des navigateurs comme IE, Firefox et Safari ont beaucoup de mal à inviter directement de nouveaux utilisateurs. Et dans un futur hypothétique où Facebook sortirait un navigateur, et où ce navigateur rencontrerait un minimum de succès, j’ai bien peur que le grand perdant sur le marché ne soit Firefox. Si vous utilisez beaucoup les services de Google, vous avez tout intérêt à utiliser Google Chrome. Dans une moindre mesure, c’est également vrai pour Microsoft et IE, et pour Apple et Safari. Si vous utilisez beaucoup Facebook, vous aurez tout intérêt à utiliser un navigateur Facebook.

 

Les statistiques des navigateurs

Aujourd’hui, de nombreux sites high-tech se sont empressés de reprendre l’information suivante : Chrome dépasse Internet Explorer et devient le navigateur le plus utilisé. Ce serait chouette si c’était vrai. Sauf que ça ne l’est pas.

Cette « information » se base sur les statistiques agrégées par le site StatCounter. Il fut un temps où je me basais volontiers sur leurs données, jusqu’à ce que je me rende compte qu’elles n’étaient pas toujours juste. En particulier en comparaison avec les données de leur principal concurrent, Net Applications, qui présente encore aujourd’hui Internet Explorer à 54% de parts de marché contre 18% pour Chrome. Pourquoi tant de différences ?

Il y a deux mois, Microsoft expliquait comment comprendre les statistiques de parts de marché des navigateurs. Ces données résultent de méthodologies différentes :

1. Les parts d’usage réel contre les non-usages pré-rendus. Depuis juin 2011 et Chrome 13, Chrome a commencé a faire du « pré-rendu » sur certaines pages web. Avec le pré-rendu, Chrome ouvre des onglets séparés basés sur des recherches sur Google.com ou dans l’Omnibox de Chrome qui sont invisibles pour l’utilisateur. Si l’utilisateur clique ces liens de recherche, alors l’onglet et la page seront affichés. Par contre, une certaine partie de ces liens ne sera jamais cliquée et l’utilisateur ne les verra jamais – restant alors invisibles pour lui et alors ne comptant pas vraiment comme de réelles pages vues. Le mois dernier, Net Applications a commencé à retirer le trafic pré-rendu de Chrome de ses statistiques, en signalant que le « pré-rendu en février 2012 représentait 4,3% des visiteurs uniques quotidiens de Chrome ». [à noter que depuis cet article, StatCounter à également suivi le pas et ajusté ces mesures de données pour Chrome]

2. La balance géographique de l’utilisation des navigateurs basée sur les populations Internet du monde réel. La plupart des sociétés d’analyses qui mesurent l’utilisation des navigateurs font ça sur un réseau de sites partenaires qui les aide à obtenir ces données, mais un seul – Net Applications – fait une « balance géographique » de ces données. Comme Net Application l’explique :

Les données de Net Market Share sont ajustées par pays. Nous comparons notre trafic aux mesures du Trafic Internet par Pays de la CIA, and nous ajustons nos données en conséquence. Par exemple, si nos données mondiales montrent que le Brésil représente 2% de notre traffic, et que les données de la CIA montrent que le Brésil représente 4% du trafic Internet mondial, nous compterons chaque visiteur unique du Brésil en double. Ceci est fait pour contre-balancer nos données mondiales. Toutes les régions ont des marchés différents, et si nos trafics étaient concentrés en une ou plusieurs régions, nos données mondiales seraient affectées de manière inappropriées par ces régions. L’ajustement par pays retire tout favoritisme par région.

C’est absolument critique pour nous pour comprendre ce que représente la part de marché mondiale d’IE afin qu’on puisse mieux servir nos clients. StatCounter, à l’inverse, ne fait aucune balance géographique. Ils rapportent simplement leurs pages vues mondiales de manière absolue. […]

3. Les visiteurs uniques contre les pages vues absolues. Une dernière différence entre Net Applications et StatCounter est qu’alors que StatCounter rapporte seulement les pages vues sans aucun filtre, Net Applications rapporte les parts de marché basés sur les visiteurs uniques. C’est ce type d’analyse qui leur permets de réaliser des représentations plus précises des habitudes et comportements de navigation en retirant le pré-rendu de Chrome dans le but de séparer les pages vues réelles des pages vues invisibles. C’est également un moyen plus précis de déterminer la vraie utilisation d’un navigateur car elle est moins prédisposée à la fraude. Wikipedia indique que « mesurer l’utilisation de navigateurs par le nombre de requêtes (pages vues) faites par chaque agent utilisateur peut être trompeur. » Cela peut mener à une surestimation et même une fraude dans le cas où des bots réaliseraient un nombre important de pages vues.

Alors oui, Firefox est sur le déclin. Oui, Internet Explorer aussi. Oui, Chrome connaît une croissance fulgurante. Mais avant de se précipiter d’annoncer que Chrome est devenu le navigateur le plus utilisé au monde, il est important de comprendre comment les données qui l’affirment sont mesurées.

L’hypocrisie de Mozilla

Cette semaine, Microsoft a laissé entendre qu’ils n’autoriseraient aucun autre navigateur qu’Internet Explorer sur la version ARM (pour tablettes) de Windows 8. Microsoft se rapproche ainsi du contrôle imposé par Apple sur iOS. Mozilla est aussitôt monté au créneau, suivi par Google, pour dénoncer cette pratique.

Si je désapprouve fortement la politique de Microsoft et d’Apple, la réaction de Mozilla me semble particulièrement hypocrite, comme le souligne Preston Gralla chez ComputerWorld.

Quand on insiste pour qu’il explique l’apparente contradiction dans l’attitude de Mozilla envers Apple et Microsoft, Harvey Anderson (avocat chez Mozilla) déclare :

« La différence ici est que Microsoft utilise le pouvoir de son monopole de Windows sur le marché des OS pour exclure la compétition sur le marché des navigateurs. »

Il y a tellement de choses fausses dans cette phrase, que c’est difficile de savoir par où commencer. Alors commençons par les bases : sur le marché des tablettes, s’il y a un pouvoir de monopole, il est dans les mains d’Apple, pas de Microsoft. Les derniers rapports IDC indiquent qu’Apple domine le marché des tablettes avec 68% de parts de marché. Les tablettes Windows se vendent à peine. Alors de quel pouvoir de monopole Anderson parle-t-il ?

Mozilla ? Hypocrites ? Noooon, jamais !

Ahem. AhemAhem.

Les révélations d’Android

Ces dernières semaines ont été particulièrement chargées en révélations dans le monde d’Android. La fin du premier trimestre 2012 a également été l’occasion pour de nombreuses sociétés d’annoncer leurs résultats. Mais surtout, le procès actuellement en cours aux États-Unis opposant Google à Oracle sur l’utilisation de technologies propres à Java. Si vous voulez en savoir plus, CNET a un résumé assez complet.

Voici une sélection personnelle de différents faits et chiffres apparus ces dernières semaines :

  • Larry Page a dit : « Je crois qu’Android était important pour Google. Je ne dirais pas que c’était crucial. » (source)
  • On a vu a quoi ressemblait le premier prototype de Google Phone en 2006, deux ans avant l’arrivée de l’iPhone.
  • Google espérait vendre 10 millions de tablettes et atteindre 33% de parts de marché en 2011 (source)
  • La Kindle Fire d’Amazon, une tablette Android dépourvue de tous les services de Google, est la plus populaire des tablettes Android avec plus de 54% de parts de marché (source)
  • Six mois après sa sortie, la dernière version d’Android ne représente que 4,9% de tous les téléphones Android. (source)
  • C’est la plus lente adoption d’Android, toutes versions confondues. (source)
  • L’opérateur Verizon a vendu au cours du premier trimestre 2012 plus d’iPhones que tous les modèles de téléphones Android confondus (source)
  • « Apple a capturé 73% des bénéfices de l’industrie téléphonique et Samsung a capturé 26%. HTC a pris 1%. Tous les autres ont perdu de l’argent. » (source)
  • En 2010, Google gagnait 2,5x plus d’argent avec iOS qu’avec Android. (source)

« Android vaincra ».

Mais pas cette année. Cette année, c’est Apple.

Les résultats d’Apple pour le deuxième trimestre 2012

Après un premier trimestre 2012 exceptionnel, Apple a annoncé hier ses résultats du deuxième trimestre 2012. Encore une fois, et comme le résume MG Siegler, les chiffres sont exceptionnels :

  • 39,2 milliards de dollars de chiffre d’affaires
  • 11,6 milliards de dollars de bénéfices
  • 47,4% de marge brute
  • 35,1 millions d’iPhones vendus
  • 11,8 millions d’iPad vendus
  • 4 millions de Mac vendus
  • 7,7 millions d’iPod vendus

Mais ce qui me marque le plus, c’est qu’Apple fait désormais sa deuxième entrée dans le Top 20 des entreprises ayant réalisé le plus de chiffre d’affaires en un trimestre. Apple occupe désormais la 4ème et la 6ème place de ce classement grâce aux deux derniers trimestres. Les 18 autres places sont occupées par des compagnies pétrolières, dont la plus récente date du 3ème trimestre 2011 à la 18ème place pour ExxonMobil.

Quand j’y réfléchis, je suis époustouflé.

Je suis né et j’ai grandi dans un monde où les rois du pétrole étaient les rois du monde. Nos moyens de locomotions, nos modes de vie, nos Guerres, ont directement été influencées par la possession et le contrôle du pétrole.

Depuis 6 mois, ce n’est plus le cas. Depuis 6 mois, c’est une société informatique qui a pris ce rôle. Depuis 6 mois, c’est Apple qui domine le monde.