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Souvenirs de Digg

Le week-end dernier, le Wall Street Journal annonçait que Digg allait être racheté par le groupe betaworks pour 500 000$. À peine 2 ou 3 ans plus tôt, le site était estimé à plus de 160 millions de dollars.

Avant cette annonce, j’avais complètement oublié Digg. Pourtant, entre 2006 et 2010, j’étais un gros visiteur de Digg. Je ne postais pas, mais j’adorais venir sur le site tous les jours et découvrir du nouveau contenu. C’était probablement le premier réseau social pour lequel j’avais un réel engouement. Avec cette annonce, des tas de souvenirs me sont remontés d’un seul coup.

Son fondateur, Kevin Rose, et ses shows à l’Américaine. MrBabyMan, le membre du site le plus actif dont le moindre post atteignait la page d’accueil. L’histoire de 09-f9-11-02-9d-74-e3-5b-d8-41-56-c5-63-56-88-c0. Et puis en 2010, il y a eu la V4, ses plantages fréquents, son algorithme modifié pour pousser davantage de contenus promotionnels, la DiggBar, et la fuite d’une très grande partie de ses utilisateurs vers Reddit.

Et puis des souvenirs encore plus anciens me sont remontés. En 2003, j’avais regardé la première « émission » de Kevin Rose sur le hacking et le social engineering : The Broken. Et je me souvenais particulièrement de la séquence Hacking with Ramzi :

http://www.youtube.com/watch?v=fDFXaqDf8kk

Le rachat de Digg aurait pu me laisser totalement indifférent. Sauf qu’hier, la nouvelle équipe du site chez betaworks a présenté son projet : Rethink Digg.

Comme l’ont annoncé betaworks et Digg sur leurs blogs, nous allons prendre le contrôle de Digg et en refaire à nouveau une startup. Ce qu’ils n’ont pas mentionné, c’est que nous allons le reconstruire de zéro. En six semaines.

Le 1er août, après six semaines pleines de caféine et d’adrénaline, nous allons sortir une nouvelle v1.

Je suis sceptique, mais j’ai hâte de voir ce que ça va donner.

Android devant iOS ? J’ai un doute.

Médiamétrie a publié aujourd’hui une étude sur la fréquentation des sites internet selon les systèmes d’exploitation mobiles :

Android, l’OS de Google, a dépassé le système d’exploitation mobile d’Apple – iOS – depuis le mois de mars 2012 et représente désormais plus d’un accès mobile sur deux en juin 2012. En nombre de visites, Android a progressé de 29 % entre les mois de janvier et juin.

En parallèle, iOS, passe de 52,5 % à 36 % entre les mois de janvier et juin, soit une baisse de 38 %.

J’ai un peu de mal à croire cette étude. En novembre dernier, je constatais que les vrais gens n’utilisent pas Android pour surfer. Depuis, le nombre d’appareils vendus sous Android a encore doublé, annoncé à 400 millions lors de la Google I/O la semaine dernière. Pourtant les statistiques n’ont pas l’air d’avoir beaucoup bougé.

D’après NetMarketShare, en novembre 2011, 16,70% des internautes mobiles mondiaux étaient sur Android, contre 54,05% sur iOS. En juin 2012, on est à 19,73% sur Android contre 65,27% sur iOS. D’après StatCounter, en novembre 2011, 29,33% des internautes mobiles français étaient sur Android, contre 58,31% sur iOS. En juin 2012, on est à 36,12% sur Android contre 53,8% sur iOS.

Et même sur mon petit blog, que je considère dédié à une cible particulièrement high-tech, je ne constate pas le changement annoncé par Médiamétrie. En novembre dernier, j’avais 2,8% de visiteurs sous Android contre 8% sur iOS. Le mois dernier, j’avais 3,8% de visiteurs sous Android contre 9,5% sur iOS.

Et c’est valable pour tous les sites clients que j’ai pu réalisé. Je constate bien une hausse des visites sur Android, tout comme sur iOS. Mais dans tous les cas iOS reste le système majoritaire devant Android.

Mais ne faisons pas de ces statistiques une généralité. Et il y a peut être bel et bien une exception culturelle française sur les plus gros sites. Le principal changement dans le paysage mobile français ces 6 derniers mois, c’est l’arrivée de Free Mobile. En mai dernier, Free annonçait avoir déjà plus de 2,6 millions d’abonnés mobile. On peut supposer qu’une partie des nouveaux clients chez Free ont opté pour un nouveau mobile lors de leur inscription. Au même moment, Free annonçait avoir vendu pour 11,5 millions d’euros de terminaux. Avec des téléphones vendus au prix fort entre 40€ et 785€, ça fait entre 15 000 et 288 000 téléphones vendus (iOS, Android et Blackberry confondus). Je ne pense pas que 300 000 téléphones suffisent à faire basculer le paysage mobile français sur Android.

Je suis intimement persuadé que les résultats de médiamétrie sont totalement faux. Et j’ai deux hypothèses pour expliquer les erreurs de leurs mesures.

La première, suggérée par TOMHTML, est que les mesures de l’étude concerneraient uniquement les réseaux cellulaires, et non les réseaux Wi-Fi. Les chiffres d’Akamai confirmeraient alors ceux de Médiamétrie. Mais l’étude ne fait absolument pas mention du type de réseau, et ça me semblerait assez saugrenu de faire une étude uniquement sur des réseaux cellulaires sans le mentionner.

Ma deuxième hypothèse est que les mesures de Médiamétrie sont tout simplement erronées. Cette étude se base sur les visites des plus gros sites des principaux groupes français, soit près de 250 sites au total : pagesjaunes.fr, skyrock.com, jeuxvideo.com, doctissimo.fr, clubic.com, premiere.fr, etc… Pour obtenir des statistiques, les sites doivent inclure le script eStat de Médiamétrie. A ma grande surprise, je suis tombé sur une grosse erreur dès mon premier essai.

Si vous visitez pagesjaunes.fr sur ordinateur (le site n°1 en juin d’après médiamétrie avec plus de 77 millions de visites), vous accédez au site classique, qui inclut correctement le tag eStat. Par contre, si vous visitez pagesjaunes.fr sur mobile, vous êtes redirigés automatiquement sur mobile.pagesjaunes.fr, qui lui n’inclut plus du tout le tag eStat, mais utilise à la place le concurrent de Médiamétrie, Xiti.

Même constat sur le site mobile de Doctissimo (n°4 avec 40 millions de visites), France 3 (n°7 avec 9,7 millions de visites), France 2 (n°8 avec 9,6 millions de visites), Elle.fr (n°14 avec 4,6 millions de visites), etc…

L’explication la plus rationnelle pour moi est que ces 6 derniers mois, de nombreuses marques ont lancé un site mobile dédié. Ces sites mobiles n’intègrent pas tous correctement le tag eStat de Médiamétrie. Les internautes mobiles sont quand même redirigés automatiquement vers ces sites, notamment « grâce » à du sniffing d’agent utilisateur. Si ce sniffing n’est pas fait correctement (laissant potentiellement de côté des vieilles versions d’Android, ou privilégiant systématiquement les iPhones), les utilisateurs d’Android peuvent alors se retrouver sur le site classique, et ainsi faire gonfler les chiffres de Médiamétrie.

CQFD.

Mise à jour du 05 juillet : contactés par mes soins sur Twitter, PagesJaunes confirme « que le résultat est surprenant. Il ne correspond pas à ce que l’on constate pour notre appli »

Chrome sur iOS et l’article 3.3.2 de l’App Store

Cette semaine, Google a sorti une version de Chrome sur iOS. Cependant, le moteur de cette version n’est pas celui de Chrome. Le moteur de rendu n’est pas le WebKit de Chrome, et le moteur JavaScript n’est pas le V8 de Chrome.

Ceci est dû à l’article 3.3.2 de la license du programme de développement sur iOS :

3.3.2 — Une application ne doit pas elle-même installer ou lancer d’autre code exécutable sous aucune façon, incluant sans limite à travers l’utilisation d’une architecture de plug-in, l’appel à d’autres frameworks, d’autres APIs ou encore différemment. Aucun code interprété ne peut être téléchargé ou utilisé dans une application sauf pour du code qui est interprété et exécuté par les APIs documentées par Apple et interpréteurs intégrés.

Cette règle bloque ainsi tout émulateur de jeux (sauf s’ils ont été réécris en Objective-C, comme Commodore 64), mais elle empêche aussi presque tout navigateur.

Les deux solutions pour créer un navigateur sur iOS sont alors :

  • Exécuter tout le rendu et tout JavaScript côté serveur. C’est ce que fait Opera Mini. Ça leur permets d’optimiser le rendu de la page, et de compresser un peu plus la page téléchargée. Mais ça implique que toute action faite en JavaScript sera exécutée côté serveur, ce qui peut rendre la navigation beaucoup plus longue.
  • Utiliser les API d’iOS pour afficher une page web. Cela signifie que vous utiliserez le moteur de rendu et le moteur d’exécution JavaScript de Safari. C’est ce que font la plupart des navigateurs sur iOS, comme Dolphin, Atomic ou désormais Chrome.

Le problème en utilisant cette deuxième solution, c’est qu’Apple bride son moteur JavaScript lorsqu’une page web est appelée dans une application (ou en raccourci plein écran sur l’écran d’accueil). Le résultat (vu hier sur Hacker News), c’est que Chrome sur iOS est jusqu’à 3 fois plus lent que Safari.

Ce comportement propriétaire d’Apple est clairement un frein à l’évolution du web sur mobile et à un marché compétitif sain. Alors qu’attendent Google, Firefox et les autres pour se plaindre ? Dans les années 2000, Microsoft avait été accusé d’abus de position dominante, profitant de son monopole sur le marché des systèmes d’exploitation pour développer un monopole sur le marché des navigateurs. Et bien la différence c’est qu’Apple n’a pas une position dominante sur le marché mobile. Cette place est occupée par Android. Apple est donc dans la position particulièrement confortable de pouvoir faire tout et n’importe quoi, le meilleur comme le pire, sans avoir à se soucier de réglementations du marché.

Et le plus drôle dans tout ça, c’est qu’en imposant désormais Chrome comme navigateur par défaut dans Android 4 et plus, c’est Google qui pourrait être accusé d’abus de position dominante.

Firefox Junior sur iPad

La semaine dernière, Alex Limi et Trond Werner Lansen, de la toute nouvelle équipe Design et Stratégie Produit chez Mozilla, ont présenté dans une conférence interne un prototype de Firefox sur iPad.

Firefox Junior on iPad

Surnommée Junior, cette version se veut plus ergonomique et totalement adaptée au support. Le constat de départ d’Alex Limi est que la version de Safari sur iPad est une simple copie de la version bureau, et qu’elle est souvent pénible à utiliser et peu adaptée au support.

Firefox Junior sur iPad

L’interface de Junior est minimaliste : les sites sont affichés en plein écran, avec uniquement deux boutons en surimpression vers le bas de l’écran. A gauche, un bouton précédent. A droite, un bouton « Plus » pour accéder à une page d’option (avec les onglets ouverts, les favoris, la saisie d’une URL). En restant le doigt appuyé quelques secondes sur ces boutons, d’autres icône apparaissent (page suivante, bouton rafraîchir).

La page d’option est découpée en trois parties : l’historique et les onglets ouverts, les favoris, et un champs de saisie d’une URL. Voici quelques remarques intéressantes concernant ces 3 fonctionnalités :

  • L’historique et les onglets ouverts sont fusionnés. En fait, il n’y a pas vraiment de notion d’onglets ouverts, et on trouve simplement un aperçu de tous les onglets de navigation préalablement ouverts. Dans le prototype actuel, on ne trouve pas par contre d’historique de navigation au sein d’un même onglet.
  • Les favoris sont affichés sous forme d’icônes rectangulaires. Alex Limi préférait éviter d’avoir une simple liste de texte, ou les icônes carrées déjà présentées pour les sites adaptés à iOS. Il faudra donc créer un nouveau format d’icône (avec très certainement une balise meta correspondante).
  • Le champs texte en bas de l’écran sert à la fois pour la saisie d’une URL ou la recherche. Curieusement, le prototype actuel utilise Bing pour l’auto-complétion.

Junior permets également de gérer facilement une utilisation multi-utilisateurs, avec un écran dédié au choix d’un profil (avec un mode invité qui fonctionne comme un mode « navigation privée »).

La nouvelle est particulièrement importante, puisqu’elle marque un changement stratégique chez Mozilla. Pour rappel, Apple interdit l’exécution de code non-natif au sein d’une application iOS. Il est donc interdit pour un navigateur d’utiliser son propre moteur de rendu. Les fabricants peuvent alors soit utiliser une vue WebKit d’iOS, ou générer le rendu d’un site à distance (comme le fait Opera Mini). Contre toute attente, Mozilla a choisi d’opter pour WebKit. Il y a à peine 18 mois, Matt Brubeck de Mozilla était plus catégorique sur l’intérêt de Mozilla pour iOS :

A moins qu’Apple ne supprime ces restrictions, Mozilla ne dépensera pas de temps et d’argent sur ce projet.

Flash sur Windows 8

Le site Windows Within rapportait la semaine dernière qu’Internet Explorer 10 pourrait finalement supporter Flash dans la version Metro de Windows 8 (contrairement aux précédentes annonces de Microsoft). La nouvelle a été confirmée cette nuit, avec la sortie officielle par Microsoft de la 6ème version beta d’IE10, et d’une mise à jour de la feuille de route d’Adobe.

Mais avant que les flasheurs ne se réjouissent, il y a un tout petit hic :

Flash Player sera disponible et supporté par Windows 8 dans ses styles Desktop et Metro sur les plate-formes x86/64 et ARM.

Afin d’assurer la meilleure expérience pour les utilisateurs, Microsoft maintient une liste de compatibilité des contenus HTML et Flash qui sont connus pour bien fonctionner sur Internet Explorer en mode Metro.
Les contenus Flash qui ne sont pas dans la liste de compatibilité ne sont pas affichés en mode Metro dans Internet Explorer sous Windows 8. Les développeurs et utilisateurs auront alors certaines options pour afficher ce contenu, y compris le passage sous Windows 8 Desktop pour le visualiser.

On ne connait pas encore les sites qui auront la chance d’être inclus dans cette liste. Mais Microsoft avait déjà utilisé le même principe de liste de compatibilité pour permettre aux sites optimisés pour IE6-7-8 de s’afficher correctement dans IE9. Dans cette liste de 2590 sites mondiaux, on n’y retrouve seulement 19 domaines .fr.  Et cette liste est uniquement exclusive. Autrement dit, vous pouvez faire une demande pour en sortir, pas pour y rentrer.

Microsoft l’annonce clairement, il s’agit d’une solution temporaire pour laisser un peu plus de temps aux éditeurs de sites pour abandonner définitivement Flash et migrer vers HTML5 :

Ce mécanisme apporte une atténuation à court terme. L’expérience de navigation sur bureau et la plupart des plug-ins n’ont pas été conçus pour des petits écrans, des contraintes de batteries, et de souris. Fournir un moyen facile d’accès vers Windows Desktop est le dernier recours quand aucun contenu équivalent sans plug-in n’existe.

Si je désapprouve personnellement ce retour en arrière de Microsoft et ce choix rétrograde d’inclure Flash sous Windows 8 Metro, je concède qu’il réponds à un besoin et aux réalités du marché actuel. Mais si vous en doutiez encore, tout ça sonne vraiment comme la dernière heure pour Flash sur le web.