Les articles de l'année 2010

Droid X et son interface mal polie

Le Droid X de Motorola

Samedi dernier, un employé de 37Signals a posté les captures d’écran ci-dessus avec le commentaire suivant.

Le nouveau téléphone Android de Motorola tronque le texte « Text Messaging » en « Text Messagin… » et « Text Mess.« 

Si le détail est déjà plutôt embarrassant en soi (pourquoi afficher trois points de suspension à la place de la lettre g ? Il n’y aurait pas comme un problème de… « calcul dans la formule » ? Hinhinhin), les commentaires du blog (qui parle régulièrement de design et d’ergonomie) ont vite tourné en jeu des X erreurs. Et le résultat me laisse pantois :

  1. L’icône de l’application de messagerie n’est pas vraiment appropriée. Des SMS et MMS sont des messages courts, utilisés pour des conversations rapides. Rien à voir avec une enveloppe et une lettre papier, qui en plus corresponds habituellement à des e-mails.
  2. L’application s’appelle « Text Messaging » (verbe d’action) alors que toutes les autres applications portent des noms communs.
  3. L’icône de l’application « Music » ressemble à une machine à laver.
  4. L’icône du signal réseau tout en haut a l’air d’être tombée, contrairement aux autres icônes qui sont bien alignées verticalement.
  5. Un internaute s’est même demandé comment le téléphone avait pu perdre la moitié de sa batterie en 7 minutes ! La réponse est simple : le téléphone est en charge, et l’icône est animée, se remplissant et vidant sans arrêt. Cette animation n’a donc aucune utilité, puisqu’elle n’apporte aucune indication sur l’avancement du chargement.

J’ai zappé les commentaires qui tournaient au débat puéril « iPhone vs. Android ». Mais pour moi, le résultat est là : en permettant à n’importe qui de modifier son système d’exploitation, Google permet aussi à des marques comme Motorola de commercialiser un OS mal fini, mal poli, et qui va à l’encontre de règles basiques d’ergonomie d’interfaces utilisateurs.

Le W3C aime Pixar

Le W3C aime Pixar... et moi aussi !

Il y a quelques mois, j’étais tombé sur une surprise amusante en lisant les spécifications HTML5 du W3C. Dans la description de la balise br, le W3C donne l’exemple d’utilisation suivant :

<p>P. Sherman<br>
42 Wallaby Way<br>
Sydney</p>

Mon cerveau a tout de suite fait tilt ! Cette adresse, c’est celle répétée sans arrêt par Dorie dans Le Monde de Nemo. Wouhou ! Le W3C a donc un peu d’humour et de référence culturelle !

En parcourant le reste des spécifications HTML5, j’ai trouvé d’autres références à Pixar. Dans les exemples d’utilisation de la balise li, on retrouve une liste d’un « Top 10 des films de tous les temps » dans laquelle figurent 8 films de Pixar. Beau palmarès !

<figure>
<figcaption>The top 10 movies of all time</figcaption>
<ol>
<li value="10"><cite>Josie and the Pussycats</cite>, 2001</li>
<li value="9"><cite lang="sh">Црна мачка, бели мачор</cite>, 1998</li>
<li value="8"><cite>A Bug's Life</cite>, 1998</li>
<li value="7"><cite>Toy Story</cite>, 1995</li>
<li value="6"><cite>Monsters, Inc</cite>, 2001</li>
<li value="5"><cite>Cars</cite>, 2006</li>
<li value="4"><cite>Toy Story 2</cite>, 1999</li>
<li value="3"><cite>Finding Nemo</cite>, 2003</li>
<li value="2"><cite>The Incredibles</cite>, 2004</li>
<li value="1"><cite>Ratatouille</cite>, 2007</li>
</ol>
</figure>

L’auteur avait apparemment un gros coup de coeur pour Ratatouille. Pas étonnant, du coup, qu’on retrouve le film cité un peu plus loin dans les exemples d’utilisation de la balise img :
<article>
<header>
<h1>Ratatouille wins <i>Best Movie of the Year</i> award</h1>
<p><img src="movies.png" alt="Movies"></p>
</header>
<p>Pixar has won yet another <i>Best Movie of the Year</i> award,
making this its 8th win in the last 12 years.</p>
</article>

Le navigateur le plus rapide

Si vous avez téléchargé un des principaux navigateurs récemment, vous avez sûrement rencontré quelque chose comme ça…

Firefox, "le plus rapide" ? Imposture !

Safari, "le plus rapide au monde" ? Calomnie !

Opera, "navigateur le plus rapide au monde" ? Bobard !

IE8, "plus rapide" ? Mensonge !

Chrome, "un navigateur rapide" ? Ca, c'est vrai !

Un peu de modestie, ça ne fait jamais de mal. D’autant plus quand il se trouve que, comme Google Chrome, on est le navigateur le plus rapide au monde.

PS : Cet article a été largement inspiré par le billet « Navigateurs web, qui croire ? » publié par Romain Commandé, « jeune ingénieur développeur ».

Les origines de la balise <blink>

La balise Blink : ennemi d'état N°182

Cet article est la traduction d’un billet rédigé par Louis J. Montulli II, « The origins of the <blink> tag« . Dans les années 90, il travaille chez Netscape et est à l’origine de nombreuses innovations du web qui deviendront par la suite complétement omniprésentes :  les cookies, les proxy HTTP, les modes sécurisés HTTPS via SSL… Il est également à l’origine de la balise <blink>. Voici son histoire.

Je suis largement crédité comme l’inventeur de la balise <blink>. Pour ceux d’entre vous qui sont relativement nouveaux sur le web, la balise <blink> est une commande HTML qui permets de faire clignoter du texte, et beaucoup, beaucoup de gens trouvent son comportement particulièrement agaçant. Je ne vais pas renier son invention, mais son histoire est un peu plus complexe que ce qui est raconté habituellement.

En 1994, j’étais un des ingénieurs fondateurs chez Netscape. Avant ça, j’avais écris le navigateur Lynx, qui précédait tous les autres navigateurs populaires à cette époque. Lynx étais et est toujours un navigateur en mode texte uniquement et est toujours couramment utilisé en mode console sous des machines UNIX. Chez Netscape, nous développions des logiciels qui avaient une interface graphique et qui pouvaient ainsi permettre d’afficher beaucoup plus de styles de textes, de mises en page ainsi que des images et autres médias. Nous avons passé beaucoup de temps à penser au futur du web et aux nouvelles technologies qui proposeraient de nouveaux types de documents, d’applications et d’utilisations. Quelques exemples de ça seraient les tableaux HTML, le mode SSL pour des communications sécurisées, des Plugins pour  réaliser des extensions, et JavaScript pour permettre de faire du HTML dynamique.

A un moment à la fin de l’été, j’ai pris une pause avec d’autres ingénieurs et nous sommes allé dans un petit bar local sur Castro street à Mountain View. Le bar s’appelait le St. James Infirmary, et à l’intérieur il y avait entre autres une statue de Wonder Woman de plus de 9m de haut. A un moment dans la soirée, je parlais du fait que je trouvais ça triste que Lynx n’allait pas pouvoir afficher la plupart des extensions HTML qu’on était en train de proposer. J’ai aussi fait remarqué que le seul style de texte que Lynx pourrait afficher vu son environnement serait du texte clignotant. On a bien rigolé à l’idée d’avoir du texte clignotant, et on s’imaginait faire clignoter ci et faire clignoter ça, tout en sachant à quel point tout ça étais absurde. Après ça, la soirée s’est déroulée normalement, avec une bonne quantité de boisson, et ma rencontre avec une fille qui deviendra par la suite ma femme.

Samedi matin pointa le bout de son nez, et je me rendais au bureau pour ne découvrir rien d’autre que du texte clignotant. Il étais sur l’écran, clignotant dans toute sa splendeur, et dans le navigateur. Comment c’est possible, vous allez me demander ? Il se trouve que l’un des ingénieurs a tellement aimé mon idée qu’après avoir quitté le bar un peu après minuit, il est retourné au bureau et implémenta la balise <blink> en une nuit. Il étais toujours là le matin, et il en étais plutôt fier.

A l’époque il y avais 3 versions de Netscape qui tournaient sur UNIX, Windows et sous Mac. Pendant une douzaine d’heures, le clignotement était réservé uniquement à la version UNIX, mais il n’a pas fallu longtemps pour qu’il se propage sur les versions Windows puis Mac. Je me souviens m’être dit que ce serait sûrement un easter egg inoffensif, que personne n’utiliserait vraiment. Mais j’avais totalement tort. Quand on a sorti Netscape Navigator 1.0, on n’a pas documenté la balise <blink> d’aucune façon, et pendant un moment c’est resté sous silence. Mais à un moment, d’une manière ou d’une autre, la connaissance occulte du clignotement a fuit vers le monde réel, et tout à coup, tout clignotait. « Regardez ici », « Achetez ça », « Découvrez ceci », le tout clignotant. De grosses publicités clignotaient dans toute leur splendeur. C’était un peu Las Vegas, sauf que c’était sur mon écran, et qu’il n’y avais aucun moyen de le désactiver.

Finalement, tout a été dit, la plupart sous la forme de messages incendiaires sur différents forums de discussion, et on se souviendra probablement de la balise <blink> comme la plus détestée de toutes les balises HTML. Je tiens à déclarer publiquement qu’à aucun moment je n’ai écris du code ni même sérieusement plaidé en faveur de la balise <blink>. C’est vrai que j’en suis la source d’inspiration, mais c’était vraiment plutôt pour une expérience à imaginer. Je ne vais pas balancer les noms des gens qui ont codé cette ignoble chose. S’ils veulent se mettre en avant, ils le feront d’eux-même. Au final, la seule chose dont je suis vraiment triste, c’est que Lynx n’a jamais eu de clignotement. Je suis également triste de préciser que le St James Infirmary a complétement brulé en 1997. C’était un super endroit où se retrouver, et ça me manque.

Clignotement votre,

:lou

La Redoute touche le background

L'image de background de La Redoute est quand même cracra.

Depuis environ 1 an, La Redoute a la bonne idée d’intégrer des images très larges en fond de site. C’est le cas par exemple en ce moment pendant les Soldes. Si le résultat est plutôt chouette sur un écran dans une résolution inférieure à 1500px de large, c’est tout de suite moins sympa dès qu’on dépasse cette résolution. Et si on en croit NetMarketShare, près de 10% des internautes seraient dans des résolutions supérieures. On pourrait alors comprendre qu’il n’est pas nécessaire pour La Redoute de perdre du temps pour une si petite part de ses visiteurs. Sauf que ça ne prendrait que 10 minutes de :

  1. Créer une image d’1px de large à partir d’un des côtés de l’image existante.
  2. Raccorder avec l’image principale des 2 côtés avec l’image de 1px répétée.
  3. Mettre l’image d’1px en background de la balise <html>.
  4. ?
  5. Profit.