Les articles de la catégorie « Veille »

HTML5 n’est pas prêt, ne le sera jamais, et c’est une bonne chose

Christian Heilmann, développeur évangéliste chez Mozilla, explique pourquoi « HTML5 n’est pas prêt, ne le sera jamais, et c’est une bonne chose » :

HTML est désormais un standard vivant. Ça dérange l’esprit de beaucoup de personnes : comment un standard peut-il être vivant ? Et bien, pour moi, ça a beaucoup de sens. Les besoins du web sont constamment en train de changer. Il y a quelques années personne n’aurait prédit – et encore moins les groupes de standards – que nous utiliserions internet sur des appareils mobiles avec des interfaces tactiles. Que va-t-il se passer dans le futur proche ? Qui sait ? De la reconnaissance faciale et de la détection de mouvements ?

HTML5 est définit par les fabricants de navigateurs qui bricolent et innovent et enrichissent les standards. Puis les autres fabricants de navigateurs viennent en discuter et nous nous accordons pour en faire un standard. Cela évite le problème pour des développeurs d’avoir à construire des choses pour des navigateurs et ça signifie que le standard ne sera pas à la traîne. Le principal pouvoir d’internet est que vous n’avez pas à écrire la même application plusieurs fois pour différents environnements, et en s’accordant entre fabricants de navigateurs nous nous assurons qu’il n’y aura pas de nouvelle situation à la IE6.

Donc non, HTML5 n’est pas prêt et ne le sera jamais – et c’est une bonne chose. Nous avons un standard pour le web avec tout ses changements et adaptations, et pas un standard logiciel qui s’attends à un renouvellement tous les 5 ans.

Je suis d’accord avec le fond de l’article. Par contre, j’ai l’impression qu’il présente les fabricants de navigateurs et les groupes de standards de manière un peu trop idéaliste. Il y a tout juste un mois, tous les fabricants de navigateurs étaient d’accords pour commencer à faire du grand n’importe quoi, quitte à ce qu’on se retrouve justement dans « une nouvelle situation à la IE6 ».

Faire de HTML un standard vivant est une très bonne chose. Mais j’ai comme des doutes sur la capacité des groupes de standards actuels à en faire une bonne chose sur le long terme.

« Bullshit animation »

La semaine dernière, j’ai vu sur Reddit cette image qui m’a fait sourire.

"Bullshit animation"

Je me suis toujours demandé comment fonctionnait cette animation dans iOS, se bloquant quasiment systématiquement à 90% avant de finaliser l’envoi. Magie de Reddit, le créateur de Cydia et un développeur iPhone de chez Apple sont venus apporter quelques précisions.

C’est un indicateur de progression indéterminé pour quelque chose dont ils peuvent deviner la durée mais sans avoir de suivi de sa progression. Ça fonctionne comme ça :

  • Affichez la barre de chargement pendant 4 secondes (ou 6 secondes s’il y a une photo jointe).
  • Si ça prends moins de 4 secondes,  remplissez rapidement le reste de la barre.
  • Si ça prends plus de 4 secondes, faites une pause à 90%.

C’est le même principe utilisé par un Mac avant au moment de booter. Déterminer le temps de chargement d’un système UNIX est très lent, alors ils ont juste mesuré le temps lors du dernier démarrage et vous donnent une barre de progression sur cette durée.

Maintenant je le saurais.

 

Des milliards et des milliards…

Je pensais avoir entendu tous les arguments possibles en faveur de Flash. Mais Adobe vient de se surpasser sur son site Adobe Gaming promouvant Flash pour le jeu vidéo.

Des milliards et des milliards

Des milliards et des milliards…

C’est ce que se font les éditeurs de jeu chaque année en choisissant la technologie Flash pour construire leurs jeux.

Mais oui ! Avec Flash vous n’allez pas gagner votre vie. Vous n’allez pas devenir millionaire. Vous allez devenir milliardaire.

La vitesse

La semaine dernière, Steve Lohr publiait dans le New York Times un article intitulé « Pour les internautes impatients, un clin d’oeil est trop long » :

Attendez une seconde.

Non, c’est trop long.

Vous vous souvenez quand vous étiez prêts à attendre quelques secondes qu’un ordinateur réponde à un clic sur un site web ou à une frappe au clavier ? Ces temps-ci, même 400 millisecondes — littéralement un clin d’oeil — est trop long, comme l’ont découvert les ingénieurs de Google. Ce délai à peine perceptible provoque moins de recherches chez les gens.

« Inconsciemment, vous n’aimez pas attendre », déclare Arvind Jain, un ingénieur de Google qui est le maestro de la vitesse au sein de la société. « Chaque milliseconde compte. »

La vitesse est pour moi un critère essentiel de qualité d’un site web. Ça tombe bien, puisqu’une grande partie de la rapidité de chargement d’un site va de la responsabilité de son intégrateur. Et ça suit très bien mon mantra. Ainsi, la moindre décision prise par un intégrateur aura un impact sur la rapidité d’un site :

  • Le choix de vos balises HTML
  • Le nommage de vos classes et ids dans le HTML
  • La découpe de vos images
  • Le format de compression des images
  • L’utilisation d’une librairie JavaScript
  • Etc…

D’après moi, une page web ne devrait jamais peser plus de 500Ko. Le très bon Chris Coyier avait fait un sondage sur son blog, et à 64%, ses lecteurs étaient d’accords sur le fait qu’une page ne doive jamais dépasser 500Ko. Mais ça signifie que 36% de ses lecteurs ne voient pas de problèmes à avoir une page de plus de 500Ko. 500Ko, c’est déjà au minimum 10 secondes de chargement avec un débit maximal en EDGE sur mobile. Si vous surfez sur mobile, vous n’avez probablement pas 10 secondes à perdre ainsi.

Même si cette contrainte est en général bien comprise par les clients, elle reste difficile à appliquer. Il y a deux semaines, David Heinemeiser Hansson de 37signals expliquait pourquoi ils se sont concentrés sur la vitesse lors de leur de refonte de Basecamp.

La vitesse est l’un de ces principaux avantages compétitifs qui ont le pouvoir de durer sur le long terme. Comme le dirait Jeff Bezos [PDG d’Amazon], personne ne va se réveiller dans 10 ans en souhaitant que leur application soit plus lente. Les investissements dans la vitesse vont payer des dividendes pour l’éternité.

Avec un petit budget donné pour améliorer son site, un client va très certainement privilégier des changements esthétiques, ou l’ajout de nouvelles fonctionnalités. Ça me paraît surtout être un choix de facilité. Et surtout ça n’a pour moi rien de rationnel. Peut être qu’une refonte graphique va améliorer son site et son chiffre d’affaires.

Mais peut être pas.

La feuille de route d’Adobe pour Flash

Adobe a publié cette semaine sa feuille de route pour Flash ces prochaines années, et je ne pouvais pas être plus satisfait :

Avec la croissance de la compétition sur le marché des navigateurs, les fabricants de navigateurs ont de plus en plus innové et ont fourni des fonctionnalités qui ont permis de déployer des animations riches directement grâce aux technologies du navigateur, une rôle autrefois joué principalement par Flash Player. De plus en plus, les animations riches seront déployées directement dans le navigateur en utilisant HTML5, CSS3, JavaScript et les autres technologies modernes du web. Alors que le rôle premier de Flash en tant que moteur d’innovation sur le web reste le même, ce pour quoi il sera utiliser va changer.

Adobe croit que les moteurs d’exécution de Flash se prêtent particulièrement bien à deux utilisations principales : créer et déployer des jeux riches, expressifs avec des graphismes de la qualité d’une console, et déployer des vidéos premium.

Ce changement de cible pour Flash ne signifie pas que les contenus existants ne fonctionneront plus, ou que Flash ne pourra pas être utilisé pour des contenus autres que du jeu et de la vidéo. Par contre, ça signifie que lorsque nous devrons prioriser les développements futurs et les corrections de bugs, le jeu et la vidéo seront nos priorités.

Soyons clairs : aujourd’hui, si vous souhaitez diffuser de la vidéo et que vous êtes un minimum sérieux, vous êtes obligés de proposer une alternative à Flash. D’après NetMarketShare, les utilisateurs mobiles représentent 9% des internautes, et ce chiffre ne va faire qu’augmenter ces prochaines années. Aujourd’hui, plus de 60% du marché des navigateurs supporte nativement les vidéos en HTML5, et ce chiffre ne va faire qu’augmenter ces prochaines années. Les vidéos en HTML5 ont des lacunes, comme l’absence de gestion de contenus protégés (DRM). Mais Adobe le dit clairement : à part pour de la vidéo premium, utiliser Flash est une hérésie.

Et quand au jeu, j’ai un tout petit peu de mal à voir comment Adobe va s’en sortir. Depuis 3 ans, Adobe nous rabâche chaque année des nouvelles démos de jeux en 3D époustouflantes avec des gros éditeurs : Square Enix, Epic Games et l’Unreal Engine, … Mais ces 3 dernières années, tout ceci en est resté au stade de vidéo de présentation.
En comparaison, ces 3 derniers mois, on a vu arriver les portages en HTML5 de deux des jeux les plus vendus l’année dernière : Angry Birds et Cut the Rope. Il ne s’agit pas de vidéos de promesses de ce que pourraient potentiellement être des jeux en HTML5. Non, il s’agit du vrai truc.

Adobe en profite pour détailler sa feuille de route pour 2012 avec de nouvelles versions de Flash Player (noms de code « Cyril » et « Dolores »), et présente vaguement les prochaines fonctionnalités de Flash pour les années à venir (« Flash Player Next »).

Adobe présente également le support fourni pour Flash pour les différents systèmes et plate-formes, en rappelant la toute fraîche annonce de l’abandon de Flash Player pour Linux aux mains de Google. Voici un petit récapitulatif du support de Flash pour le web :

  • Apple OS X : Flash Player est toujours supporté, mais n’est plus installé par défaut sur aucun Mac.
  • Microsoft Windows : Flash Player est supporté (pour le moment).
  • Windows 8 : Flash Player (comme tout autre plugin) ne fonctionnera pas dans la version Metro de Windows 8 (destinée aux écrans tactiles).
  • Linux : Flash Player est supporté, désormais par Google, uniquement sous Chrome.
  • Mobile : Flash Player n’est plus supporté.
  • Télévision : Flash Player n’est plus supporté.

Je ne voudrais pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, mais ça me fends le coeur de voir un ours agoniser ainsi.