Bonne chance, Firefox OS

Hier, Mozilla a annoncé la sortie officielle de Firefox OS ainsi que les premiers smartphones officiels à destination du grand public. Le ZTE Open est disponible dès aujourd’hui en Espagne chez Telefónica pour 69€. Le Alcatel One Touch Fire sera dévoilé plus en détail le 11 juillet en Pologne chez Deutsche Telecom.

C’est un grand événement pour Mozilla, et peut-être pour l’avenir du web tout entier. Et pourtant, j’ai toujours du mal à croire en Firefox OS. Il y a à mon avis deux façons de voir Firefox OS.

Il y a quelques mois, je parlais de Firefox OS autour de la citation « Vous pouvez mourir en héros ou vivre suffisamment longtemps pour vous voir devenir le méchant ». Les choses ne se sont pas améliorées depuis, et Firefox OS ressemble de plus en plus aux méchants Apple et Google que certains membres de Mozilla se délectent de critiquer. Pour lancer Firefox OS, Mozilla s’est associé à Foxconn, cette usine « d’animaux » et d’enfants, comme Apple et Google. Sur le marketplace de Firefox OS, les applications web sont soumises à validation, comme sur l’App Store ou Google Play. Et puisqu’il est basé entièrement sur des applications web tournant sur le moteur de rendu Gecko de Mozilla, Firefox OS interdit de facto à tout autre fabricant de navigateur de s’installer sur son système. De la part de Mozilla qui a lutté des années contre le monopole de Microsoft, ça fait tâche.

J’entends aussi souvent répété l’argument de l’ouverture de Firefox OS qui suffirait à assurer le succès du système, comme ça a été le cas pour Firefox. Selon moi, si Firefox a été un succès, c’est parce que c’était un bon produit. De ce que j’ai pu voir jusqu’à présent de Firefox OS, ou essayer via le simulateur ou le Geeksphone Peak acheté au boulot, Firefox OS n’est pas (encore) un bon produit. Le fait que l’application Mail n’arrive pas (encore) à afficher correctement un mail HTML n’y est peut-être pas pour rien. (Pour un OS dont le point fort est censé être son moteur de rendu web, ça fait un peu tâche quand même.)

Mais ce n’est surement pas la bonne façon de voir Firefox OS. Comme le rappelait hier Christian Heilmann (développeur évangéliste chez Mozilla), l’objectif de Mozilla est aussi de proposer un accès au web à des marchés émergents. Et c’est là où je commence à reprendre foi en Firefox OS. Il y a aujourd’hui 2,5 milliards de personnes ayant accès à Internet. Ça signifie qu’il y a encore 4,5 milliards de personnes à inviter à nous rejoindre. En octobre dernier, la CNN titrait « L’Afrique n’est pas juste un continent mobile-first, c’est mobile-only » :

Il y a plus de gens en Afrique qui ont un téléphone mobile que de gens ayant accès à l’électricité.

La perspective que Mozilla arrive à s’imposer dans ces pays, offrant un accès au web à encore plus de monde me semble bien plus excitante que toute autre paluchage devant des spécifications techniques ou des technologies web en cours de standardisation. Et c’est pour ça que même si j’ai du mal à croire en Firefox OS, j’espère de tout coeur que Mozilla réussira sa mission.

Alors bienvenue au monde et bonne chance, Firefox OS.