L’intégration, c’est personnel

Il y a quelques années, j’étais tombé sur un article chez 37signals qui m’avait marqué :

Il y a quelques années, j’ai lu un livre sur les pédales d’effets pour guitares. Quelque chose que l’auteur avait écrit en introduction m’avait marqué : « Le ton est dans vos doigts. »

Il poursuivait son explication : vous pouvez acheter la même guitare, les mêmes pédales d’effets, et le même ampli qu’Eddie Van Halen utilise. Mais quand vous jouez avec ce matériel, ça va toujours sonner comme vous.

A l’inverse, Eddie pourrait se brancher sur une installation merdique de Strat/Pignose dans une boutique d’occasions et vous pourriez quand même reconnaître que c’est Eddie Van Halen qui joue.

Bien sûr, du matériel de luxe peut aider. Mais la vérité est que le ton vient de vous.

Je pense souvent à cette histoire quand les gens font une fixation sur le matériel plutôt que le contenu. Vous voyez le genre : des apprentis designers qui veulent une avalanche de polices fantaisistes et de filtres Photoshop mais qui n’ont rien à dire. Des photographes amateurs qui veulent débattre du film contre le numérique au lieu de ce qui fait en réalité une bonne photo. Des entrepreneurs qui se préoccupent plus de logiciels et de problèmes de mises à l’échelle plutôt que d’avoir en fait des clients et faire de l’argent. Ils passent tous à côté du but.

C’est particulièrement vrai pour l’intégration. L’intégration, c’est personnel. Vous avez beau avoir un super IDE, une charte d’intégration, une bonne connaissance des standards, votre code restera votre code. Le choix des balises, du type d’indentation, du nommage de vos classes et identifiants, restent intrinsèquement liés à vos propres préférences, et à votre propre style. J’ai par exemple tendance à être assez minimaliste dans mon HTML, mais un peu plus verbeux dans mes CSS.

S’il est assez naturel de voir la personnalité d’un graphiste transparaître à travers ses créations, il en va de même pour un intégrateur. Mais contrairement à un graphiste, le travail de l’intégrateur est souvent invisible, et beaucoup plus difficile à juger. Comme je l’expliquais le mois dernier :

Si vous voulez vraiment savoir ce que vaut un intégrateur, ne regardez pas ses pages intégrées. Regardez son code.

  1. Yvain Liechti, le

    100% d’accord.

    Récemment on a fait des test d’intégration, une seule page à monter. Un candidat pour le poste d’intégrateur l’a fait. Pour le commun des mortel c’était bien réalisé mais en regardant le code nous n’avons pas vu de signature. Pas de cohérence globale.

    En effet ce code était constitué d’une multitude de morceaux de différentes sources html5boilerplate ou autre. On en a déduit que le bonhomme avait peu d’expérience et ne faisait qu’imiter sans vraiment comprendre. A moins qu’il ai pris le test à la légère.

    Tout ça pour démontré ton idée. Chaque intégrateur a sa signature par la façon de coder ainsi que dans les choix techniques. On y voit à la fois son expérience et ses orientation. Certains sont orientés vers le futur et d’autres vers le passé.

  2. griZouw, le

    Tellement vrai :-) Encore merci pour ce blog, je lis toujours avec grande attention tes billets, je trouve toujours super intéressant ta façon de comparer certains métiers qui n’ont, a première vue, rien en commun :-)
    Par contre, jsuis un peu déçu, ça fait longtemps qu’on t’as pas vu pousser une gueulante :-D (J’aime quand c’est un peu sport :-D )