Un iPhone, c’est compliqué

Cette semaine, j’ai lu deux articles qui m’ont rappelé que malgré les louanges qu’on peut faire à l’ergonomie d’un iPhone, ça reste un appareil compliqué à utiliser.

D’abord il y a eu cet article « d’utilisabilité de couloir » de Jonathan Rentzsch, « Ma mère essaye un iPhone » :

Je lui ai demandé d’appuyer sur l’icône de Mail. Encore une fois, elle s’est retrouvée bloquée à cause de ses mouvements réfléchis, et elle a accidentellement déclenché le mode de réarrangement des icônes. Les Apps ne voulaient plus se lancer et elle n’a aucune idée de comment réparer ça. […]

Comme beaucoup de gens (la plupart ?), elle ne comprend pas ce qu’est une URL. Donc je suis allé sur Google pour elle, et je me suis dépatouillé pour naviguer sur Google News (google.com le cache désormais sous leur bouton hamburger). Elle utilise Google News sur son Mac, donc je voulais lui montrer que les mêmes informations sont disponibles sur l’iPhone. Je voulais qu’elle voit quelque chose qui lui soit familier.

Elle a immédiatement été contrariée en tapant sur le lien d’un titre qui a ouvert la page dans un nouvel onglet. Sa page de Google News a été mise au second plan et la page du Los Angeles Times est apparue au premier plan. Comme il s’agissait d’une nouvelle page, le bouton précédent n’était pas activé. Elle était perdue pour revenir en arrière, ne remarquant pas le bouton méconnaissable des onglets qui détenait la clé de son retour.

Et puis il y a eu cet excellent article chez Sam et Max, Il ne faut pas prendre des gens pour des cons mais ne jamais oublier qu’ils en sont :

Il y a 5 ans, on prenait les interfaces Apple comme modèle de simplicité. Et c’est toujours vrai. Sauf que maintenant ça ne suffit plus : il existe une bonne part des utilisateurs d’iPhone qui ne savent pas :

  • Faire autre chose que Tel + SMS + Facebook.
  • Installer une app.
  • Copier / coller.
  • Savoir où ils sont (sur une app native, externe au téléphone, sur un site internet…). En fait ils ne savent pas ce qu’est une app.

Pour toutes ces actions, ces gens demandent à quelqu’un d’autre de les aider. C’est comme ça que fonctionne l’humanité : je ne sais pas réparer ma voiture, je demande à un garagiste. Sauf que la voiture a mis près d’un siècle à s’installer dans les foyers, traversant lentement les couches sociales.

Internet s’est imposé partout, et à tout le monde, en 30 ans.

J’ai réalisé que l’iPhone était un appareil compliqué à utiliser en configurant mon iPhone 5 pour la première fois en novembre dernier. J’avais le souvenir d’une étape super simple lorsque j’avais configuré mon iPhone 3GS pour la première fois trois ans plus tôt. Pénible, certes, car il fallait à l’époque obligatoirement brancher son iPhone à un ordinateur avec iTunes installé. Mais de mémoire, c’était simple. Là, j’ai dû passer au travers de nombreux écrans de configuration pour tous les services d’Apple apparus entre 2008 et 2012.

« Souhaitez-vous activer les services de localisation ? » Euh, j’en sais rien, je suppose. Pourquoi ne pas le faire ? « Souhaitez-vous activer iCloud ? » Bah, j’imagine, oui, vu que c’est l’un des principaux services mis en avant par Apple. « Souhaitez-vous activer ‘localiser mon iPhone’ ? » Un service pour localiser mon iPhone en cas de perte ou de vol, ça a l’air bien ! Pourquoi je ne l’activerais pas ? Quelle est la contre-partie ? Pourquoi quelqu’un répondrais non ? « Souhaitez-vous activer Siri ? » Alors là vous plaisantez ! C’est la fonctionnalité de l’iPhone mise en avant dans toutes les pubs depuis l’iPhone 4S, et vous me demandez si je veux l’activer ?

Je me suis senti submergé par toutes ces questions auxquelles je n’avais qu’une seule et même réponse : « je m’en fiche, laissez-moi utiliser mon putain de téléphone ». Je n’ose pas imaginer le ressenti d’un utilisateur lambda.

  1. benjamincrozat, le

    Intéressant.
    Je crois que le pire reste la configuration de services en ligne. Je n’aurais jamais pu laisser ma mère se débrouiller pour télécharger sur l’Android Market où il faut créer un compte Gmail avant, puis l’app se met à jour et devient soudain le Play Store, etc.
    Y a encore tellement de marge pour la simplicification des smartphones, quels qu’ils soient.
    Mais il y aura toujours des gens comme ça, complètement paniqués devant leur nouveau joujou high-tech, qui (pour la plupart) l’ont acheté sur un coup de tête, mais qui malgré tout ne chercheront strictement pas à comprendre comment ça marche.
    Qu’est-ce qu’on peut faire pour eux ? Il y a des limites dans ce qu’on peut faire pour leur simplifier la vie.

  2. Thibault, le

    Il y a aussi des limites à la simplicité. Après tout, personne ne trouve étonnant qu’on ait besoin d’apprendre à conduire une voiture, alors que fonctionnellement, c’est infiniment plus limité qu’un smartphone. N’importe quel appareil électroménager vient avec sa notice.

    Bien sûr, il y a toujours une marge pour simplifier, mais comme le dit Benjamin, ce ne sera jamais assez simple pour certaines personnes, qui ne font pas l’effort de comprendre, qui s’enferment d’emblée dans la croyance que « c’est compliqué » et « tu sais, moi la technologie… ». Ces gens là, c’est à eux de se prendre en main.

    On pourrait aussi décider de dépenser notre énergie à simplifier ce qui reste encore beaucoup trop complexe. Notre jungle administrative, par exemple. (sifflote)

  3. mazert, le

    Cependant Il existe des systèmes dédiés aux néophytes comme Ordissimo pour tablettes et PC. C’est déjà un début.

    Tout ce qui est android et ios, ne sont pas vraiment intuitif à la base, par exemple il a fallu m’expliquer que le multitouch existait ou qu’on pouvait accéder à tel endroit en faisant telle action à l’écran… de base personne ne peux savoir ça :p

    Vous prenez des interface comme windows xp, xmb voir même ubuntu à l’époque de gnome 2.20. Les gens se débrouillent sans problèmes, pourquoi ? car c’est simple, clair, et tout est accessible visuellement.

  4. Kitty Giraudel, le

    C’est marrant, j’ai souvenir de n’avoir eu aucune configuration obligatoire à faire lors de l’acquisition de mon Galaxy SII.

    Ne pas poser des tas de questions à l’utilisateur me semble être la base quand on veut vendre un téléphone à tout type de personne (des jeunes, des vieux, des moches, des cons, etc.).

  5. Test, le

    Honnêtement quel « vieux » (+50 ans) et non informaticien ou non passionné par l’informatique a besoin d’avoir un smartphone ?

    Ils n’en ont aucune utilité, je suis informaticien et j’ai beau expliqué à mes parents mais ils ont toujours besoin de moi même pour configurer une TV.

    Si la personne n’a aucun intérêt avec l’informatique, aucune capacité à faire une recherche sur internet si c’est pas le logo IE sur le bureau comment voulez-vous qu’ils arrivent à faire autre chose que d’envoyer des sms et appeler. On a voulu créé un faux besoin car le tactile est plus agréable.

    Mais par contre un grand ecran tactile pour faire seulement sms et appel pourquoi pas au moins cela répondra a leur besoin.

  6. Thomas M., le

    Je crois que vous oubliez tous un ou deux points cruciaux.

    De un, nous ne sommes pas nés avec ces technologies, elles sont arrivées après nous. C’est toujours plus compliqué d’apprendre de nouvelles habitudes. Alors imaginez, les plus anciens. Vous n’avez jamais vu un enfant de moins de 4 ans glisser automatiquement son doigt pour faire tourner les pages d’un iphone ? C’est bluffant comme ça leur parait naturel.

    Et de deux, il ne faut pas oublier, que c’est de notre faute s’il y a toutes ces questions. Car si elles ne sont pas posées et que toutes les fonctionnalitées sont activées par défaut, je n’ose imaginer le nombre de personnes qui vont venir râler et déposer des plaintes pour la protection de leur données personnelles etc.