Retour sur ma conférence à Paris Web 2014

La semaine dernière se sont déroulées les conférences de Paris Web. Cet événement tient une place toute particulière dans mon coeur parce que c’est là-bas, il y a à peine deux ans, que j’ai donné mon tout premier lightning talk en public. Depuis, j’ai poursuivi mon petit bonhomme de chemin en tant qu’orateur, de la Kiwi Party l’an dernier à Sud Web en mai dernier. Cette année, j’ai eu l’immense honneur d’être retenu pour donner une conférence de cinquante minutes sur l’intégration d’e-mails à Paris Web. C’était à la fois la conférence la plus importante que j’ai pu donner, mais aussi celle qui m’a le plus déçu. Voici mon retour d’expérience sur ma conférence à Paris Web 2014.

On me traite souvent de masochiste parce que je parle d’intégration d’e-mails. J’ai même ouvert un blog sur le sujet. Mais l’intégration d’e-mails est au coeur de presque chaque projet web (de newsletters commerciales à un e-mail de mot de passe oublié pour l’admin d’un blog). Et pourtant, l’intégration d’e-mails est considérée comme un sujet anecdotique, presque tabou, et que personne ne prend réellement au sérieux. J’avais déjà proposé une conférence sur le sujet à Paris Web en 2013, en vain. N’ayant pas particulièrement d’autre sujet en tête ou me tenant à coeur cette année, j’ai re-proposé la même chose. Et j’ai été retenu.

J’étais alors particulièrement enthousiaste. « Ça y est », me suis-je dit, je vais enfin pouvoir mettre au grand jour tous les problèmes qui entourent l’intégration d’e-mails. Et avec un public comme celui de Paris Web, composé de représentants de tous horizons (W3C, fabricants de navigateurs, grosses boîtes en tout genre), c’est l’occasion idéale pour tenter de faire prendre conscience du problème, et quitte à rêver encore un peu plus, pour initialiser un changement. J’étais d’autant plus ravi quand lors de l’annonce du programme des conférences Paris Web, j’ai découvert que j’aurais l’honneur d’être dans la plus grande salle. C’est le coup de projecteur rêvé pour tenter de faire quelque chose.

J’ai donc commencé petit à petit en juin dernier à rassembler mes notes, mes idées, les horreurs que je peux rencontrer parfois en intégrant ou en recevant des e-mails. Et puis je me suis réellement lancé dans la préparation de ma présentation en septembre dernier. Et c’est à partir de là que ça s’est gâté. Fin septembre, j’ai reçu un e-mail d’un membre de l’équipe de Paris Web m’informant que l’oratrice prévue en même temps que moi ne pouvait plus venir. Ils ont réussi à trouver un remplaçant, mais comme il est anglophone, il faudra qu’il occupe la plus grande salle, qui est équipée pour une traduction audio simultanée. « Crotte », me suis-je dit. Et comme si ça ne suffisait pas, l’orateur en question n’est autre que Vitaly Friedman, le papa de Smashing Magazine, qui venait parler de bonnes pratiques du responsive. « Double crotte », me suis-je dit. Non seulement j’étais relégué dans la plus petite salle. Mais en plus j’allais avoir en face de moi une immense star internationale pour parler d’un sujet autrement plus attrayant que l’intégration d’e-mails.

J’ai poursuivi la préparation de ma présentation, en restant sur mon idée principale de faire une conférence pas trop technique, visant surtout à sensibiliser sur le sujet et toutes ses problématiques. J’ai aussi essayé de rendre ça un minimum divertissant, en y ajoutant des extraits d’un de mes films préférés (j’ai dépensé sans compter). Je me dit toujours que quitte à prendre cinquante minutes à des gens, autant essayer de leur faire passer un moment agréable. Au moins, même s’ils n’apprennent rien, ils ne trouveront pas ça complètement nul.

La première répétition devant mes collègues lundi dernier fut pénible. Je n’étais clairement pas prêt. Et surtout, je tenais tout juste une trentaine de minutes. J’ai passé les deux jours qu’il me restait à retravailler tout ça. Au total, j’ai dû passer l’équivalent de six jours (soit une bonne quarantaine d’heures) à préparer cette conférence.

Le jour J arriva. En parcourant mes slides tout seul dans ma chambre d’hôtel le matin même, je me suis senti prêt. Je tenais la conférence que j’avais envie de donner. J’étais planifié pour passer en deuxième l’après-midi. J’ai choisi d’assister à la conférence me précédant dans la même salle. Autant dire que je n’ai rien suivi. Je repassais mes slides en boucle dans ma tête. Et puis je commençais petit à petit à stresser. La plus petite salle dans laquelle je me trouvais n’était finalement pas si petite. En regardant le public autour de moi, ça faisait quand même beaucoup de monde. « Est-ce que ces gens resterons pour ma conférence ? », me demandais-je. J’ai rapidement eu la réponse. Une fois la conférence terminée, la salle s’est vidée. Je suis monté sur scène pour tout préparer et vérifier que tout fonctionne bien. Et je contemplais la salle désespérément vide. « On attends encore une minute et tu peux commencer », m’a lancé un membre de l’équipe de Paris Web. « Ah ? Mais on attends pas qu’il y ait plus de monde ? En une minute il n’y aura pas beaucoup plus de monde ! » ai-je pensé naïvement. J’ai compté, et on devait à peine être une soixantaine. Je m’attendais à ce que Paris Web soit l’événement où je parle devant le plus de spectateur. C’est en fait devenu l’événement où j’ai parlé avec le moins de spectateur. Je ne me suis pas laissé décourager pour autant, et j’ai lancé mon premier slide. (Non sans ironie, j’avais prévu de démarrer ma conférence en expliquant que l’intégration d’e-mails est un sujet qui fait fuir les intégrateurs.)

Finalement, tout s’est bien passé. J’ai avalé mes 188 slides les uns après les autres. J’ai entendu les gens rire. Je pense en avoir entendu d’autres pleurer en découvrant certaines horreurs. Je n’ai pas eu l’impression de trop bafouiller. Je n’ai pas eu de trou de mémoire. Tout s’est bien passé.

Et puis est arrivée l’obligatoire séance de questions-réponses. Et c’est là qu’est intervenu Daniel Glazman, co-président du groupe de travail sur CSS au W3C. Secrètement, j’espérais qu’il soit présent. À la fin de ma conférence, j’évoquais une réunion de travail du W3C sur l’intégration d’e-mails qu’il avait dirigé en 2007. J’espérais qu’il puisse partager son expérience, et pourquoi pas raviver la flamme pour tenter de relancer quelque chose sur le sujet. Sauf que le discours qu’il a tenu m’a littéralement refroidi. Il a expliqué que les équipes de Microsoft qui travaillent sur le moteur de rendu d’Outlook sont totalement distinctes de celles qui travaillent sur le moteur de rendu d’Internet Explorer. Et les équipes d’Outlook n’ont strictement rien à cirer de la qualité de leur moteur de rendu HTML. Et le W3C n’a aucune légitimité à débattre sur des spécifications liées aux e-mails. Aussi, je suis bien gentil avec ma conférence et mon petit blog sur l’intégration d’e-mails, mais si je veux que les choses changent, il faut absolument que j’écrive en anglais et que je participe au groupe communautaire du W3C. « Soit », ai-je pensé. Je ne suis pas convaincu que les équipes du webmail de La Poste lisent souvent ce genre de ressources… « Merci d’avoir passé six jours pour rien à préparer tout ça. Tu peux rentrer chez toi avec l’assurance que rien ne bougera dans les dix prochaines années » ai-je retranscrit dans ma tête.

Une salle presque vide. Une ambition réduite au néant. Voilà comment ça s’est terminé. Peut-être que je m’étais un peu trop monté la tête, peut-être que je m’étais mis trop de pression, en m’imaginant que j’arriverais faire à bouger les choses… Ou peut-être pas.

Les vidéos de toutes les conférences de Paris Web ont été rendues disponibles en ligne dès le jour même. (Au passage j’en profite pour féliciter toute l’équipe de Paris Web qui réalise un travail colossal et profondément utile, tout ça bénévolement.) À ma grande surprise, ma conférence est en train de vivre une deuxième vie sur le web. Sur le site de Livestream, elle affiche déjà 1891 vues (soit la troisième plus vue après les lightning talks et l’excellente conférence de Christophe Porteneuve sur JavaScript). Et puis surtout, sur Twitter ou ailleurs, j’ai reçu des commentaires très positifs. Et notamment des remarques inattendues comme celle de PinGoo sur mon blog dédié à l’intégration d’e-mails :

Pour info, [ta conférence] a fait pas mal réfléchir nos chefs de projets sur le temps que l’on passait à vouloir faire du pixel perfect sur nos newsletters. Merci !

Il ne m’était même pas venu à l’esprit que des chefs de projet puissent être intéressés par ma conférence (et aussi que des boîtes vendent encore du pixel perfect, mais ça c’est une autre histoire).

Et puis pas plus tard que ce matin, j’ai vu passé ce tweet de David Rousset, évangéliste HTML5 chez Microsoft :

Grâce à l’excellente conf à Paris Web de HTeuMeuLeu, nous allons peut-être enfin améliorer nos newsletters Microsoft !

Bon, à choisir, je préférerais que Microsoft améliore le moteur de rendu HTML d’Outlook. Mais c’est déjà un bon début. Et peut-être que finalement je n’aurais pas fait tout ça pour rien…

  1. Emeline, le

    On a été quelques Impalas à regarder la conf, et franchement chapeau ! Intervention très intéressante ! Elle n’a peut être pas eu les retombées que tu espérais vis-à-vis du saint W3C, mais elle aura su captiver les « petits » acteurs du web que nous sommes. De »petits » en « petits », le message pourra prendre une toute autre ampleur ;-)

  2. Nico, le

    Si cela peut te rassurer, j’ai plusieurs sujets qui ont vécu des péripéties dans le même genre, et l’histoire se finit toujours bien d’une manière ou d’une autre. Cf http://www.nicolas-hoffmann.net/source/1569-Retour-sur-presentation-Google-Analytics-vu-integrateur-developpeur.html

    2 ans que je proposais ce sujet, 2 ans de refus, même sur des conférences où je pensais que ça intéresserait vraiment.

    Finalement, c’est le Train de 13H37 qui l’a accepté, j’en ai écrit un article et au final, je l’ai quand même présenté à la Kiwi Party un peu après.

    Les retours furent plutôt bons, et on m’a même proposé d’en écrire un livre (ce que je n’ai jamais eu le temps de faire).

    Curieusement, en discutant avec Élie de notre propre conférence à Paris Web, on a remarqué que des micro-embryons de ce dont on a parlé étaient même dedans. Alors certes, quand on parle Analytics/marketing/stratégie/ROI, ça fait fuir du monde, mais bon, que veux-tu… tant pis pour eux :)

  3. Albert, le

    Simplement pour te dire que j’étais devant le livestream de ta conférence. Et c’est une de celles que j’ai le plus apprécié, avec celle de Jean-Loup Yu sur Meetic notamment. Donc, juste merci à toi ! Et recommence l’année prochaine ! ;-)

  4. Flexbox, le

    Tomber en face de monsieur smashing magazine… Hum on appelle ça la loi de la jungle non ? je trouve que c’est tout raccord avec le thème de ta présentation :D

    Tu n’étais peut être tout simplement pas au bon endroit au bon moment. Le point positif c’est que tu vas écrire un livre pour compiler tous les bons articles de ton blog. Avec un peu de chance tu finiras dans les best seller d’amazon à côté du livre réussir son référencement.

    Je te laisse avec cette citation de Léonard de Vinci :

    « La vie est assez simple : vous faites des choses. La plupart échouent. Certaines fonctionnent. Vous travaillez plus sur ce qui fonctionne. Si cela fonctionne bien, les autres vous copient rapidement. »

  5. Varouschka, le

    Ton talk ne sera pas juste un talk. Je pense qu’une sonnette d’alarme a été tirée, que des pistes peuvent s’engager (le fait de s’exprimer également en anglais peut-être). En tous cas, cela m’a marquée et en a marqué d’autres. J’en ai discuté d’ailleurs avec mon chef de projet ! Merci à toi pour ton investissement :)

  6. Franck, le

    Alors, pour moi qui ne suit pas venu mais ait suivi en streaming, ta conf’ a été l’une qui m’a le plus intéressée, parce que justement, on n’en parle jamais, alors que c’est effectivement très utilisé… et que vu le niveau de connaissances qu’il faut, c’est vraiment pas du luxe. Le défrichage que tu as fait non sans humour m’a beaucoup plu et les ressources que tu as donné sur ton blog dédié (ainsi que tous ses billets d’ailleurs) sont fort utiles.
    J’espère au final que ça avancera dans le bon sens au niveau des fournisseurs de webmail / logiciels dédiés. Il faut que ça bouge.
    Merci à toi !

  7. Guirec, le

    Je partage le sentiment de douche froide donné par Daniel Glazman.

  8. MoOx, le

    J’ai eu un peu ce sentiment lorsqu’à SudWeb 2014, lors des ateliers, j’improvise un atelier sur les préprocesseurs custom (Rework/PostCSS). Je me suis dit que ça allait être fun et didactique !
    « En face » de moi, y’avait un atelier ReactJS. Du coup on était 2 ou 3 dans ma salle (y compris moi). Donc finalement j’ai rien fait.
    Y’a des moments comme ça où les choses qui nous tiennent à cœur nous laisse penser des choses… dont tout le monde se fou (ou presque). Du moins ça passe en second plan.

  9. Luc, le

    J’étais à ta conf et ça a été l’une de mes préférées !
    Pour avoir fait pendant quelques années pas mal d’intégration d’e-mails, je sais à quelle point cette science est complexe (même sans aller dans l’antre des différents clients comme tu l’as fait…). En sachant que tu creuses pas mal le sujet depuis des mois, je ne pouvais pas ne pas voir ça et je ne suis pas déçu !

    Pour la réponse de Daniel, je crois que ça résume un peu le problème global du W3C : s’il n’y a pas de groupes d’intérêts (notamment industriels et économiques : poussés par Google, Microsoft, Apple, Mozilla…) qui se forment, les choses n’avancent pas ou très lentement. Les spécifications et standards finissent par être adoptés parce que ces acteurs y trouvent un intérêt et poussent la chose.
    Au niveau des e-mails, l’écosystème est tellement vaste (et localisé en passant ; tu cites Orange ou La Poste par exemple) que standardiser tout ça est un vrai challenge.

    Bref, se retrouver face à Vitaly Friedman est un vrai coup du sort, mais de mon côté, je ne regrette pas du tout d’avoir résisté aux sirènes des paillettes. ;-)

  10. MathRobin, le

    Salut!

    Je te rassure, je crois que tout conférencier a eu l’occasion d’avoir cette douche froide. Effectivement, l’intervention de Daniel a de quoi donner envie de pleurer d’une certaine façon. Il y a eu une bonne prise de conscience de leur énorme retard technologique chez Microsoft pour IE, mais visiblement, ils n’ont pas compris que ça ne concernait pas que IE.

    Pour le côté, impression de vouloir sonner l’alarme et de se faire court-circuiter, je peux te parler d’un talk que j’ai donné à la Blend Web Mix l’année dernière. Je suis intervenu sur l’outillage et le respect de la syntaxe de JavaScript qui limite énormément le nombre de bugs, faire comprendre qu’on ne s’improvise pas développeur JS et surtout que le JS peut aussi s’industrialiser. Je me suis retrouvé face à Christophe Porteneuve (conf intéressante en plus) et finalement, la seule chose que les gens ont retenu pendant la session de questions réponses, c’est que je suis un vil troll anti coffeescript et la discussion a tourné là dessus. Un peu la même sensation de se demander pourquoi faire tout ça… pour rien.
    Bienvenue au club, ça fait partie du trajet de tout conférencier. Et tu fais partie du club des conférenciers, des bons blogueurs, des gens qui ont un discours pertinent, ça ne pouvait que t’arriver, c’est déplorable mais ne baisse pas les bras. Encore une fois, ici, tu tires le signal d’alarme et la prise de conscience viendra. Et là tu seras la référence, tu auras soulevé les bonnes questions dès le début.
    Courage et j’espère que la prochaine sera plus géniale pour toi comme pour ton public ;)

  11. Cédric, le

    Salut,

    Ta conférence est franchement intéressante, j’y ai appris pas mal de chose en première partie (et pourtant, sans faire de l’intégration à 100%, je bosse sur une plateforme d’envoi d’email).
    Le sujet est vaste, et le retard vs web est simplement invraisemblable (en partie du à la lenteur des MaJ des client mail), mais même si ce n’est que devant 60 personnes, c’est déjà très bien d’aborder la chose, et je ne pense pas que la remarque de Daniel Glazman signifie que la conférence ne sert à rien. On te sens désemparé suite à ses remarques, il n’y a pas lieu : au moins, tu as pu soulever le problème durant l’un (sinon le) des évènements le plus important en France. On le voit aux retours et divers commentaires : on se sent moins seul (et l’ouverture de ton blog aussi nous aide).

    Petite remarque au passage : l’utilisation TD{display:block} n’est plus supporté par le client mail Android à partir de 4.2 (ou 3), et surtout, Google pousse l’appli Gmail à devenir le client par défaut sous Android, qui rappelons-le, comme la version webmail, ne supporte pas les media queries (ca complique un peu les choses). L’annonce du support des comptes Yahoo! et Outlook sous l’app Gmail sous Android 5 ne va pas aider… Dans mon service, on se pose tous la question : comment un acteur comme Google, prétendant innover sur le web, peut ne pas supporter les medias sous Gmail ? (peut être creuser du côté du business model ?)

    En tous cas merci, un bon moment, conférence intéressante et bien menée.

  12. Mems, le

    Je me suis pas intéressé à Paris Web (je ne suit que peu de conférences), mais je me suis retrouvé sur la liste des conférences de cette année (en redif) et en a regardé 2 dont la tienne.
    Au niveau prestation, tu t’en sort très bien (on sent la préparation derrière). Par contre (pour ceux qui on fait l’enregistrement vidéo), les volumes sonores sont assez mauvais: voix très basses vs le son des slides trop fort/saturées.

    Sur le sujet, c’est assez complexe.
    L’email est un format de messagerie hybride entre messagerie instantanée (entre 100/300 chars) et le courrier (plusieurs miliers de charactères).
    Mais qui veux du style gras / italic / _Comic Sans MS_ / fuschia-vertfluo / GIF animé / what ever you want dans ses messages de correspondance de Facebook / SMS / Tweets / etc. ?
    Pour la version courrier/lettre, par contre, vu que c’est souvent assez long et présente une information hiérarchisé (titres, paragraphes, asides, etc.) on s’oriente plus vers des documents de type HTML mais plutôt basique (tout comme un commentaire sur un blogue).
    L’usage actuel de l’email est beaucoup plus simple que le Web, du coup ce n’est pas poussé par les acteurs influents.
    Moi, par exemple, je préfère lire tous mes mails en version texte et supprimer toute hétérogénéité (polices différente et couleurs inutiles) et je ne préfère pas recevoir de newsletter, plutôt utiliser le RSS, Twitter, Facebook, la presse spécialisé, etc.

    Ce n’est pas aux développeurs de contourner les problèmes à moins qu’il y ai un support spécifique définit (comme supporter IE6, IE7 ou IE8 par exemple) et que leurs clients aient particulièrement payé pour cela. Mais c’est aussi aux développeurs de remonter les problèmes rencontré aux acteurs concernés pour les faire évoluer. Si ces derniers ne veulent pas, ils en subiront les conséquences : leurs logiciel n’est pas capable d’afficher correctement du CSS. Personne n’est obligé de supporter les standards, mais ils sont là pour que tout le monde parle de la même chose.
    Le plus simple est de faire une version normale en HTML respectant les standards, un fallback texte (obligatoire) et de se débrouiller pour que la version HTML s’affiche si tous les pré-requis soit là (comme avec la règle `@supports{}`). Tu n’est pas celui qui développe le logiciel Untel et tous les autres, si ils font n’importe quoi.
    Ce n’est pas au W3C de sortir un standard la dessus vu qu’il existe déjà : le HTML (+ CSS, SVG, PNG, etc.). Daniel Glazman ne pourra pas faire grand chose, à par retransmettre ce que la communauté de devs lui a dit. Il faut en parler aux responsables produits des différents acteurs. Et faire des notations comme le test ACID3 et bien communiquer sur les résultats, pour leur faire « honte ».

    Heureusement, l’Internet est une chose vivante et qui peu évoluer (dans le bon sens, comme dans le mauvais, malheureusement), mais c’est à nous, utilisateurs, développeurs de le changer en montrant notre intérêt, en bousculant un peu les habitudes, en communiquant sur ces sujets et en donnant notre avis sur les standardisations en cours d’élaboration.

  13. Gaël Poupard, le

    J’étais dans la salle pour suivre le sujet, et je tiens à le dire : j’ai a-do-ré !! Honnêtement, je vous mets à égalité avec Christophe Porteneuve pour le titre de meilleure conf’ à Paris Web 2014, et de très, très loin.

    Malgré le fait que je connaissais déjà la plupart des éléments que tu citais (oui, je lis ton blog sur l’intégration d’emails, alors forcément :D) j’ai été complètement happé par la présentation, l’enchaînement, et surtout le fond que tu as su rajouter à un sujet compliqué.

    En revanche l’intervention de Daniel Glazman, certes rafraîchissante pour ne pas dire glacée, ne m’as pas laissé de goût amer. J’y ai perçu un réel encouragement – mais fidèle à lui-même, ce travail de fond devrait passer par une standardisation au sein du W3C. Ça ressemblait à une invitation. Je comprends ta déception mais je pense qu’il y a effectivement une action possible à mener. Faire bouger les navigateurs semblait impossible en 2005, et la demande des professionnels du web pour de nouvelles technologies ont chamboulé cet état de fait.

    La même chose pourrait survenir pour les emails, va savoir ?

    Un autre aspect de ton billet est important : le fait que Vitaly Friedman soit en face et attire plus de monde. Ce n’est que mon avis mais je trouve ça symptomatique : la foule préfère un sujet éculé mais à forte valeur de buzz (a.k.a le Responsive), plutôt qu’un sujet plus pointu techniquement mais avec une plus grande valeur ajoutée. Je trouve ça aberrant.

    Personnellement, j’aime aller à Paris Web pour découvrir des pratiques, des gens, et progresser sur des sujets qui me paraissent compliqués. Prendre de la hauteur, changer d’angle, ce genre de choses. Je me méprends peut-être sur le public de Paris Web cette année, mais j’ai tout de même l’impression que la plupart des gens présents connaissaient déjà très bien le Responsive…

    PS : L’atelier avec Delphine était vraiment génial aussi, vivement que je boucle quelques side projects pour travailler sur des fiches !

  14. Quentin, le

    J’ai regardé la conférence en entier, merci beaucoup !

    L’état de la situation me fait beaucoup penser à JS il y a dix ans : c’est possible de faire de belles choses (Google Maps), mais il faut maîtriser tout un tas de choses bizarres pour que ça marche partout.

    Et c’est là que le parallèle avec jQuery est vraiment frappant : 1/ jQuery ce n’est plus vraiment du JS 2/ jQuery attire beaucoup de gens qui ne comprennent rien à JavaScript et font n’importe quoi. Mais c’est uniquement comme ça que JS a pu être pris au sérieux et qu’on n’a aujourd’hui de moins en moins besoin de jQuery.

    Peut-être que Zurb Ink a des défauts, mais c’est libre (https://github.com/zurb/ink licence MIT), facile à améliorer ou à forker. Attendons le 26 août 2016 pour voir un framework d’emails que tu accepteras de conseiller. (Bien sûr, si c’était mon métier, j’aurais envie de m’y mettre, mais ce n’est pas encore le cas.)

  15. Vincent, le

    Grand bravo ! Quelle performance.

  16. Gaëtan, le

    Et dire que ta conférence était la seule que j’aurai absolument voulu voir (ainsi que l’atelier) et que je n’ai pas pu venir la semaine dernière…

    Je trouve cela vraiment dommage qu’il y ait eu désertion de ta conf au profit d’une beaucoup moins originale et bénéfique. Il y a très peu de bonnes ressources complètes sur l’intégration d’email alors que c’est un sujet essentiel…

    M’enfin, c’est plus hype de dire qu’on est allé voir Vitaly que Rémi ><

    Heureusement je vais pouvoir regarder la vidéo !

    Bisous, Amour et Outlook nous emmerde !

  17. ienien, le

    Salut Remy, félicitations pour ta présentation que j’ai regardé par la suite et que j’ai trouvé intéressante même sans être directement concerné par le sujet.
    En espérant que celle-ci aie finalement les retombées que tu attendais et que tu puisses avoir d’autres occasions de présenter les fruits de ton travail pour essayer de faire bouger les choses. Des bisous à tes collègues.

  18. Bartdude, le

    Si je comprends l’effet « douche froide », il est cependant vrai que publier en Anglais et sur des plateformes à plus grande visibilité faciliterait grandement la propagation de tes idées, au demeurant souvent fort pertinentes.

    Cela dit, sur le sujet en soi, je dois bien avouer fuir moi aussi la question et refiler la patate chaude tant que faire se peut. J’estime en effet que ce n’est pas à nous d’investir tant de temps et d’efforts là dedans quand à l’autre bout de la chaîne les fabriquants de clients mail mettent manifestement beaucoup de mauvaise volonté à faire évoluer leur produit. Ces efforts et ce temps peuvent être employés à des choses bien plus intéressantes et productives selon moi, d’autant qu’il est en plus assez difficile de refacturer ce temps au client alors qu’il est déjà difficile de leur faire comprendre pour tout un tas d’autres choses que non, « il ne suffit pas de… »

  19. PinGoo, le

    J’ai été cité ;)

    Ta conférence à fait de petites vagues au sein de ParisWeb mais elle se propage. J’ai l’impression que tu es le premier, tu en deviens donc la référence. Penses à ça mec.
    Oh et à part toi et Jeremie Patonnier, j’ai globalement été déçu par le reste (pas travaillé, etc.)

  20. Nico, le

    Maintenant que je l’ai vue en vidéo (je n’étais pas en face mais dans une informelle), il y a plusieurs questions qui me viennent à l’esprit :

    1) Y a-t-il eu des tentatives de faire un/des template(s) un peu bulletproof avec tous ces conseils à moitié dingues :) ? (ou bulletproof sur des grands ensembles : genre pour Gmail/etc.)
    Au taf, celui qui fait ça utilise une base Mailchimp pour les templates mails responsive, ça marche plutôt bien, mais on ne l’a pas testé dans autant de configurations/cas.

    2) Et je ne peux m’empêcher de me poser la question : n’est-ce pas une forme de surqualité d’aller aussi loin ? Non pas que ce ne soit pas intéressant (le savoir et la technicité n’ont pas de prix), mais je vois les budgets rik-rak qu’on a pour les mailings, on n’a clairement pas le temps d’aller aussi loin.
    Rien que pour donner un exemple : le dernier client en date qui nous a demandé plusieurs newsletters : on a fait +300% sur le budget, +150% à la 2e, et on est dans les clous à la 3e (le temps d’affiner).

    3) Avec tout ce savoir, qu’est-ce qui t’empêche de proposer un gros article à Smashing ou consorts ?

    Voilà, c’est tout pour le moment :)

  21. Rémi, le

    Merci à tous pour vos commentaires. J’ai écris cet article pour me libérer l’esprit et passer à autre chose (et surtout pas pour reprocher quoi que ce soit à qui que ce soit).

    Pour répondre à Nicolas :

    1) Il existe une tripotée de templates, de HTML email boilerplate aux templates de Mailchimp, Zurb, A List Apart, etc. Ce sont de très importantes sources de partage et d’inspiration. Mais tous ne résolvent qu’une partie du problème, ne sont réellement optimisés que pour les clients ayant le meilleur support CSS (typiquement Apple Mail), ne tiennent absolument pas compte des spécificités des applications et webmails français. Selon moi, ces templates sont intéressants au même titre que Bootstrap est intéressant sur le web. C’est bien de savoir que ça existe, ça peut être utile sur certains projets dans certains cas. Mais la plupart du temps, combiné à des contraintes supplémentaires (respect d’une charte graphique, optimisation pour certains clients, etc.), ce n’est pas professionnel de les utiliser.

    2) Est-ce de la surqualité d’avoir un site qui fonctionne correctement sur différents navigateurs ? (Je dirais : non.) Pourquoi est-ce que ce serait de la surqualité de vouloir un e-mail qui s’affiche correctement sur différents webmails ? (Je dirais : non.) Bien sûr, certains cas dans ma conférence sont volontairement extrêmes (comme de tester sous Firefox OS). Mais quand tu envoies un e-mail à un million d’abonné, le moindre webmail ou application mail représente plusieurs dizaines de milliers d’abonnés.
    Mais ta remarque sur le budget est intéressante. L’intégration d’e-mails est souvent vendue à perte, en espérant la rentabiliser sur de la récurrence. C’est à mon avis un tort, qui contribue à dévaloriser la tâche auprès des clients.

    3) C’est une bonne idée. Comme pour beaucoup de choses, c’est surtout une question de temps…

  22. Olivier / @OCombe, le

    Salut,

    pour info j’ai regardé ta conf en live, et j’ai partagé le lien du live stream avec un ami intégrateur qui était justement en train de se prendre la tête sur des mails de newsletter avec des design impossibles (saleté de graphistes!).
    On a bien rigolé et on a même appris des choses, c’est l’essentiel !

    Au final ta conf s’est bien passée, les points « noirs » ne sont pas de ton ressort donc il ne faut pas te prendre la tête sur ça, tu as fait ton possible et tu dois donc être fier de ce que tu as fait !

    Keep up the good work, j’ai toujours plaisir à lire tes articles, et j’espère te voir un jour à une conf.

  23. Vitor, le

    Salut Rémi,

    Ne te décourage pas car c’est à travers des conférences comme la tienne et des articles comme celui-ci qu’on finira par arriver à un standard pour les e-mails.

    De plus, malgré le défaitisme de certains (comme Daniel, si j’ai bien suivi), j’ai aussi noté une changement assez radical depuis quelques semaines/mois. L’importance que prend le mobile est en train de remettre la question de l’e-mail au même niveau que le HTML.
    C’est aussi pour ça que je ne suis pas d’accord avec la position de Daniel: le W3C devrait s’attaquer de front à cette question aussi car l’e-mail est une partie intégrante de l’expérience utilisateur sur le Web.

    Concernant Microsoft, il me semble qu’ils vont à contre-courant mais j’ai l’espoir que cela change dans les années à venir. Après tout, ils sont aussi en train de mettre des moyens importants sur les solutions Cloud et le marché des outils bureautiques se fragmente de plus en plus. Outlook n’est plus systématiquement sur le podium quand je regarde les statistiques d’ouverture de campagnes envoyées dernièrement.

    Je n’étais pas à Paris Web cette année mais je vais regarder ta conf avec beaucoup d’intérêt et je ne manquerai pas de la partager ;)

    @+