Le troisième âge du web

Cette semaine, j’ai lu avec attention la longue tirade de Gaétan Weltzer intitulée « Qu’est-il arrivé au webdesign ? »

Il y a quelques années, [le webdesign] et moi étions jeunes et fous, nous courions ensemble nus dans un pré rempli de coquelicots et de tiques. Déjà intégrateur accompli et avec des notions d’ergonomie basiques, je comprenais suffisamment comment il fonctionnait pour que lui et moi laissions libre court à notre créativité. C’était des fois moche, des fois pas super lisible ou au contraire agressif, mais c’était du design ! Du design original et unique.

La communauté du webdesign était dans une lancée splendide où ce métier était en essor fulgurant et a vu naître de nombreux talents. Les blogs de designs se multipliaient (c’était à l’époque l’apparition du phénomène des blogs, ils allaient modifier toute l’économie de la planète et ériger un nouvel ordre) et chacun partageait ses coups de cœurs, ses ressources, des tutoriels, ses brushs Photoshop… et je ne me lassais pas de contempler les sélections de webdesign ou de portfolios, tous plus créatifs les uns que les autres.

A cette époque lointaine, le poids des images était une contrainte encore plus forte qu’aujourd’hui. Mais malgré ça, on s’en foutait ! La passion qui nous animait nous poussait à créer des webdesigns avec toujours plus d’images, d’animations Flash, de petite textures sur une barre de titre, de splendides illustrations. Au diable le poids ! On repoussait notre imagination, on créait les nouvelles tendances. Webdesigns texturés de partout, d’autres imitant des scènes de la vie courante (comme un bureau vu du dessus, oui, c’était il n’y a pas si longtemps !). Et cette mode des designs 2.0 qui avait tant marqué les tendances ! en bien comme en mal…

Ce n’est pas la première fois que je lis ce genre d’article de graphiste déplorant le manque d’originalité des refontes de sites actuels. Mais je pense que ça tient en une phrase simple (excusez mon langage) : sur le web, c’est fini les conneries.

Il y a quelques semaines, j’avais lu un tweet de Francisco Inchauste concernant le design d’applications mobiles qui est resté profondément ancré dans mon esprit :

On est encore à un stade similaire à lorsqu’on a inventé la télévision et qu’on s’asseyait devant une caméra pour lire le scénario d’une émission parce que les gens étaient encore habitués à la radio.

Je pense que cette métaphore est particulièrement valable pour le web. On a passé les 20 dernières années à essayer de reproduire sur le web ce qu’on faisait dans la presse papier, puis ce qu’on faisait dans des CD-Roms interactifs, puis ce qu’on faisait à la télévision, parce qu’on voulait se rapprocher de ce que les gens connaissaient. Je me souviens encore de jeuxvideo.com qui ne publiait des actualités qu’une fois par jour, à 19 heures. Ce n’est pas ça le web. Et le résultat n’était qu’une médiocre imitation d’autres supports de communication.

Je pense que nous arrivons dans le troisième âge du web, que je décrirais comme suit :

  1. On est sur le web.
  2. On fait du business sur le web.
  3. On fait notre business sur le web.

Le premier âge, caricaturalement dans les années 1990, consistait à être sur le web. « Youpi, on a un site Internet ! Alors l’adresse c’est h t t p deux points slash slash trois double v… point com. On n’a pas encore de site marchand, mais vous pouvez télécharger notre catalogue en BMP. »

Le deuxième âge, dans les années 2000, consistait à faire du business sur le web. « Nouveau ! Passez votre commande dans notre catalogue ou sur notre site Internet ! »

Le troisième âge, dans lequel on entre tout doucement, consiste à faire la majorité de son business sur le web. Fini la presse papier. Fini les magasins (ou presque). Dans un contexte où le web représente alors une majorité de votre activité, un site internet n’est plus un support de communication pour votre activité. C’est votre activité.

Il y a quelques mois, je discutais avec un responsable technique d’un grand site de vente à distance français. Il m’expliquait que la moindre modification sur une fiche produit pouvait entraîner des centaines de milliers d’euros de perte de chiffre d’affaires par jour. Un simple changement de couleur de bouton, un simple changement d’icône, le moindre texte, le moindre kilo-octet en plus. La moindre modification passe alors par des mois d’A/B Testing, d’étude analytiques des statistiques du site, pour ensuite adapter, retester, et peut-être en fin de compte adopter une modification.

Dans un tel contexte, il est évident qu’il est hors de question de dire « qu’on s’en fout des contraintes » ou « au diable le poids de la page ». Il en va de la vie de l’entreprise. Le métier de webdesigner est donc en train de se professionnaliser. Le métier de webdesigner n’est pas de faire de l’art. Dans certains cas, il ne s’agit même pas d’être créatif. Si ça ne vous plaît pas, alors changez de métier.

  1. Sébastien Desbenoit, le

    Je ne peux qu’être d’accord… #ClapClapClap

  2. cybergrunge, le

    Je ne peux PAS qu’être d’accord… l’internaute n’est pas qu’un client.

  3. Dl integrateur web, le

    Malheureusement, beaucoup de web designer ont du mal à comprendre que le web à évoluer et cherchent la complication à tout prix alors que la tendance va à épurer un maximum les sites internet.

  4. Tarentule, le

    Le web n’est pas que business et blogs à la chaîne.

    En vous lisant on se demande bien si le fait de se montrer créatif, inventif et jouer avec les contraintes en se démarquant singulièrement de la concurrence fait encore partie du métier.

  5. KenSh, le

    Merci ! je suis complètement d’accord !

  6. Jeremie, le

    Et oui, maintenant le web touche des catégories de personnes toujours plus larges (alors qu’auparavant, il ne touchait que les 20-35 ans)
    Si un site est trop compliqué visuellement, la mamie du Cantal ne saura pas l’utiliser et n’y retournera pas…
    D’où l’épuration des sites internet … (et la frustration des web designer)

  7. Art Blackey, le

    Le web ne se limite pas non plus au pays magique des intégrateurs. Parce qu’en suivant cette logique, tout les produits qu’on achète dans le commerce devraient être fait de boites blanches avec un texte noir dessus, ce qui faciliterai grandement la vie de l’imprimeur et du consommateur.

    Le design basé sur le contenu textuel, les grands espaces blanc et le minimalisme est aussi un effet de mode, ne vous y tromper pas. Dans cinq ans, il y aura un blogger qui écrira un article où il se moquera du webdesign des années 2010, parce que « c’était tout de même fort ridicule » et « on faisait un peu n’importe quoi à l’époque ».

  8. Willy, le

    Je ne suis pas totalement d’accord avec le propos, et l’idée de rapprocher tantôt la saturation visuelle d’un site de l’amateurisme, et plus loin l’épuration graphique avec le professionnalisme.

    Oui d’accord, le web change et aujourd’hui il y a plus de contraintes qu’avant, mais ce n’est pas pour autant que le métier de designer est devenu plus contraignant ou moins intéressant.
    Le métier c’est de continuer d’aller de l’avant, de garder un esprit d’anticonformisme pour trouver des choses nouvelles qui viendront servir la communication.

    Des nouvelles idées qui feront naître d’autres contraintes…

    C’est nous tous qui faisons le web et en tant que webdesigners il est primordiale de savoir où l’on veut aller. A quoi j’aimerai personnellement que le web de demain ressemble, et comment aller dans ce sens ?…

  9. Bartdude, le

    Si le webdesigner ne fait pas de l’art, si le webdesigner n’est pas créatif, autant filer son boulot à des développeurs alors non ?
    Certes, être designer pour un « gros site », qui va devoir faire du chiffre, être performant même avec une grosse charge, etc… implique qu’il y a beaucoup plus de contraintes car l’impact d’un changement doit être finement analysé (c’est valable aussi pour le développement… chaque nouvelle fonctionnalité de facebook doit être testée et re-testée avec des montées en charge exceptionnelles).
    Mais quid de tous ces autres sites sans forcément beaucoup de contenu, sans process élaboré qui demande un grand boulot de usability, etc ? N’est-il pas possible, pour ceux-là, que la créativitéet l’originalité prenne le pas sur la sémantique, la portabilité ou les performances ?

    Le mobilier design n’est pas forcément le plus confortable, Une concept-car n’est généralement pas homologuable (ou même fonctionnelle), ca n’empêche que ca fait parfois plaisir de voir de belles choses, des choses qui sortent de l’ordinaire, des choses poursuivent un autre but que le respect des standards ou le grossissement d’un chiffre d’affaire…

  10. 3patt, le

    Tout dépend où et comment on se place…Le débat est intéressant mais l’un parle de passion et l’autre de business et les raccourcis me semblent limitants
    Le web est ouvert à chacun: laissons les designs aseptisés, les standards tristes mais tellement efficaces aux grands capitalistes satisfaits de parader dans les têtes de liste de google, et servons nous de la créativité libre, originale et décomplexée aux concepts et aux contextes qui nous le permettent.
    Tout n’est pas qu’une histoire d’argent mais d’ambition, à chacun son créneau !

  11. Anthos, le

    Hey les gens, faut de tout pour faire le web. Mais pensez aussi que le beau, créatif, n’est pas le but premier d’un site – qui est de partager du contenue hein.

  12. lionelB, le

    Un peu de nuances quand même…
    C’est vrai pour certains sites (gros site de e-commerce, gros site de news, site plaquette…) mais c’est moins vrai pour des sites ou l’aspect créatif / immersif est au centre. Chaque site à une cible particulière, un fonction , un but particulier et tout le monde je pense, est d’accord pour dire que de ces contraintes découlent le travail du webdesigner. A te lire on a l’impression que tu renie complètement toute une partie des site web dont le but est d’être vecteur d’inspiration, différent, susciter des émotions.

    Comment tu appelles les gens qui créent des sites dont l’aspect « culturel » (pour reprendre les termes de Yamo dans l’article que tu cites « le webdesign n’est pas de l’art ») est primordial, c’est pas des artistes, tout le monde le sais, non, c’est aussi des webdesigner ! Je crois pas que ce genre de site devrait disparaitre, c’est ce qu’il m’a donné envie de faire du web, mais je comprend que d’autre gens puisse rêver en regarder le site d’amazon :)

    Chacun sont truc ;)

  13. Pierre TL, le

    De nos jours, les internautes sont essentiellement des personnes qui viennent acheter un produit ou récupérer des informations. Dans les 2 cas c’est l’information qui est importante et la rapidité qu’il va mettre à la trouver.

    Une animation sur un site ou sur un bouton c’est bien, mais il ne faut pas que ça ralentisse l’utilisateur dans sa démarche. Comme lui il s’en fout qu’un bouton soit animé ou pas, ce qu’il recherche c’est ce qu’il y a après son interaction.

    Vous pourrez toujours vous éclater en réalisant des sites concepts ou des sites pour des artistes ou le côté graphique aura réellement un partis pris

    Le métier de webdesigner c’est l’art d’agencer, de présenter et de mettre en valeur du contenu

  14. Jonathan, le

    Non mais allo, on parle de SpartanWebdesign, le mec c’est pas Bertone (pour ceux qui parlent de design automobile) c’est plutot dans sa Renault 5 tuning sur le parking de carrefour.

  15. Pierre Rudloff, le

    Pour moi c’est une évolution positive, principalement parce que les sites actuels sont bien plus accessibles.

  16. Sugarskill, le

    Oui c’est fini les conneries !!!! haha
    Bon t’as un peu trolle sur les creas la, la preuve ils sont pas contents ;)

    Ce qui m’attriste a chaque fois que l’on parle de webdesign, c’est qu’on y retrouve des arguments pour la creativite, l’art, la personnalite du crea, son univers graphique, l’originalite… a voir d’ailleurs dans les commentaires ci-dessus.
    Question: a quel moment parle-t-on de l’utilisateur?

    Effectivement on peux voir une evolution en 3 ages du graphic design mais tout est lie avec la professionalisation du metier et a la vulgarisation de l’internet et ses technologies au niveau du grand public et des clients.

    1 – Au premier age, avoir un site internet suffisait a avoir l’air professionnel. Le client savait pas trop ce qu’il fallait mettre dedans, le « faiseur de site » avait donc carte blanche, et on partait un peu tout azimuts juste histoire de montrer ce qu’on savait faire. La belle epoque des applets java, des gifs animes, des textes qui defilent et du blink /blink

    2 – Au deuxieme age, avoir un site Internet ne suffit plus, il faut qu’il se demarque. Tout est focus sur le design et l’interaction a tout prix. Ce qui conduit a des sites massivement en flash avec des loading a rallonge et des investissements dans des creatifs issus du print (ca, ca a fait du bien a personne sincerement).
    On fete chaque gros lancement au champagne, et on credite le DdP, le CdP, le DA et le WD.

    Emerge alors la legende urbaine comme quoi les creas ont le melon et les devs sont des ronchons haha :)

    3 – Au troisieme age, on commence a appeler un chat, un chat et a savoir ce que ca veut dire. Notamment avec l’arrivee des reseaux sociaux, l’internaute/l’utilisateur/le consommateur a une voix qu’il ne se genera a pas a faire entendre s’il n’est pas satisfait du produit qu’il utilise, que ce soit en terme de design, d’experience ou de performances.
    Le client ne veut donc plus juste epater, il veut etre efficace. Avec l’evolution des technologies et la professionnalisation (et surtout la specialisation) des metiers du web, la tendance s’inverse, c’est maintenant la crea qui se voit de faire des compromis pour la technique.
    Et la c’est un peu l’age d’or du dev qui sort de sa tenebreuse et humide taniere, meme qu’on nous demande notre avis maintenant lol

    @Bartdude
    « Mais quid de tous ces autres sites sans forcément beaucoup de contenu, sans process élaboré qui demande un grand boulot de usability, etc ? N’est-il pas possible, pour ceux-là, que la créativitéet l’originalité prenne le pas sur la sémantique, la portabilité ou les performances ? »

    Bah non.
    Sauf si tu le fais que pour toi, et qu’il n’a pas vocation a etre utilise.
    Un site web, a 99.9%, a pour vocation d’etre visite par des utilisateurs de tous horizons. C’est un peu le principe meme du web.
    Libre a toi d’acheter des chaises sur lesquelles tu peux pas t’assoir mais qui sont design et originales, mais si tu te lances dans une entreprise de fabrication de mobilier va falloir envisager que la plupart des gens veulent une chaise pour sa fonction premiere qui est de s’assoir dessus, si en plus elles sont jolies ET confortable, alors la c’est tout benef’.

  17. MULK, le

    @Sugarskill -> ton point 3
    entièrement d’accord et très bien formulé… ben tiens: copier-coller (si tu me le permet), car cela fait un très bon résumé pour le client (celui qui paie), une bonne base pour une prés’

  18. lionelB, le

    @sugarskill, désolé je ne vais pas que sur le web pour acheter. j’y vais aussi pour me balader. limiter le web à outils pour faire c’est course, c’est un peu passer à coté de tout ce qui fait sa spécificité.

    Pour se ballader
    http://nouvellevague.ultranoir.com/
    http://www.thejohnnycashproject.com/
    http://www.thewildernessdowntown.com/
    http://www.ro.me/
    Cest gens qui font ces sites sont aussi des web designer

  19. Bartdude, le

    Sugarskill> Les produits apple sont la preuve vivante que les gens sont parfois prêts à payer plus pour moins de fonctionnalités (iPod Vs autres mp3 players, connectique iPad Vs autres marques), ou parfois pour un aspect moins pratique (obligation de passer par iTunes Vs Mass media storage,…), au bénéfice du design.

    De plus je fais partie de ceux qui pensent qu’un site web peut être autre chose qu’un outil. Tu ne te demandes pas si une oeuvre d’art est « utile », elle est, et chacun en fait ce qu’il veut… Après on peut lancer le débat pour savoir si le web est potentiellement un médium artistique, et j’en suis relativement convaincu bien que je sois « seulement » un développeur…

  20. tetue, le

    Si la télévision imitait la radio à ses débuts, le Web a bien tâtonné en imitant la télé, le print et les jeux vidéos. C’est ce qu’illustre fort bien le billet que tu cite en référence, où il y a encore une fois confusion, tant sur les termes que sur le média : ce « webdesigner » ne parle pas spécialement du web, ni même de design, mais essentiellement d’infographie avec une pointe de gaming. Ce « webdesigner » n’est-il pas tout simplement un graphiste de jeux vidéos qui s’ignore ? Il est temps de changer de métier…

  21. eric, le

    Ton postulat est fondé sur un axiome : un site Web est un business à rentabiliser.

    Quid des sites Web qui ne sont pas des magasins en ligne ? Aujourd’hui on produit des sites :
    1 – pour vendre des produits, ou des bannières, c’est exact
    2 – pour vendre une image de marque (on parle de « notoriété » en marketing)
    3 – pour expliquer un propos, les sites à but didactique (serious-game éventuellement), les sites de musées, etc
    4 – pour présenter un film ou un jeu vidéo, un produit de divertissement,
    5 – pour partager du savoir sous forme de contenu écrit/photo/audio. C’est l’ADN, le but premier du Web de Berners-Lee : sémantiser du contenu, le relier à d’autres contenus afférents.

    Je limite la liste, mais il suffit de regarder ton propre historique de navigateur pour dégager encore de nombreux types de sites, autres que le e-commerce pur et dur.

    Dans les cas 1 et 5, il est assez évident que la liberté créative est :
    – dans le cas 1), restreinte par des régles précises issues du besoin de transformer des clics en paiement, ou des bannières en clics. Ces régles sont les mêmes que celles qui veulent qu’on entre dans un supermarché par le rayon fruits et légumes et qu’on y place du chewing-gum à côté des caisses.
    – dans le cas 5), restreinte par les contraintes de lecture à l’écran/mise en avant optimale du contenu.

    Mais les cas 2, 3, 4 obéissent à une logique exactement inverse, c’est évident : plus ça clignote et ça fait du bruit, et plus on en parle.

    Lorsqu’on a commencé à construire des supermarchés, on a pas transformé TOUS les bâtiments en supermarché. En terme de circulation des flux de personnes, de la rentabilité de l’espace, il serait préférable que les collèges, les lycées, la Préfecture, les théatres adoptent tous une architecture du type centre commercial : mais ce serait pas beau, et les gens trouveraient pas ça beau non plus.

    C’est le propos que tu défends. C’est ça ton « 3ème âge du Web », et c’est très négatif ce genre de posture.

    Oui il est évident que le billet dont tu parles a effectivement raison, oui il y a une perte de créativité sur le Web en ce moment, ce n’est pas contestable, pas défendable que d’y opposer une vague pseudo-contrainte technique. Le métier d’intégrateur EST plus complexe aujourd’hui. Aujourd’hui il est nécessaire de faire en HTML et mobile-compliant des choses qu’on faisait facilement en Flash, ou en empilant du JS pas spécialement propre.

    Mais ce n’est pas parce que c’est plus compliqué de faire du beau-classe-animé qu’on doit ne pas le faire : il faut juste être meilleur en intégration/front-end qu’avant. Et oui c’est difficile et il va falloir être un peu plus speed pour tenir les budgets, mais c’est pour ça qu’on paye, nous clients, des intégrateurs efficaces et costauds en front-end.

  22. Sugarskill, le

    @Bartdude
    « Les produits apple sont la preuve vivante que les gens sont parfois prêts à payer plus pour moins de fonctionnalités (iPod Vs autres mp3 players, connectique iPad Vs autres marques), ou parfois pour un aspect moins pratique (obligation de passer par iTunes Vs Mass media storage,…), au bénéfice du design. »

    je dirais que les produits apple sont la preuve vivante qu’on arrive a attacher des gens emotionnellement a des produits de consommation a grand renfort de marketing et qu’ils sont capables de payer plus au benefice de l’effet de mode.

    Quand au debat sur l’art, il me semble que dans ce cas c’est assez hors sujet. L’art a sa place dans la societe, et dans l’histoire de l’homme depuis ses premiers pas. A-t-il sa place sur Internet, je dirais que l’art a sa place partout ou la creative des artistes les emportent. Et en ligne on a pu voir de magnifiques sites concepts usant audio, video, interactivite et evidemment design graphic.
    Mais bon la faut revenir un peu au sujet qui est le commun des sites web pour le commun des mortels. Si on considere que chaque design de site web est de l’art, j’ai envie de dire faudrait commencer a degonfler le melon et redescendre sur terre.

    L’art est un moyen d’expression, dans un contexte professionnel, on ne demande pas au web design d’exprimer ses emotions, son ressenti ou sa couleur preferee mais de produire une interface pour un usage et un public precis.

    Je lis que la plupart retiennent le mot « business » et le lie avec e-commerce, amazone, faire ses courses
    @Tarentule @lionelB @eric

    De maniere globale et assez majoritaire, un site web EST un produit et Internet est un business… Bon apres je sais pas, peut-etre que vous bossez gratos pour la beaute de l’art. Mais la plupart des web designers avec qui j’ai bosse en general il se prennent un brief, le suivent et se font payer pour le resultat de ce qu’on lui demande.

    lionelB > Sur les 4 exemples que tu cites, 2 sont Google chrome experiment… EXPERIMENT…
    Quand au premier Ultranoir… Trop lourd a charger.

    Y’a un moment faut aussi se rendre compte que vous avez pas le monopole de la creativite quand meme et qu’il faudrait arreter de se draper dans fierte d’artiste.
    Les developpeurs ne sont pas que des etres binaires incapables de la moindre originalite (faut parfois une certaine imagination justement pour faire rentrer certains design avec les limitations techniques que l’on a… et voire pour certains soucis de browsers compatibility, je dirais qu’on a meme parfois des eclairs de genie haha)… et non si le web etait fait seulement par des developpeurs il ne consisterait pas que de sites a la typo arial noir sur fond blanc.
    Mais a chacun son boulot et l’idee generale et que chacun se concentre sur son domaine d’expertise pour fournir le meilleur produit final.

    lionelB, on se balade aussi, je peux te citer les webdocumentaires d’Upian aussi… qui sont interessant en terme de concept et d’experience, que ce soit graphique ou technique, mais qui ont quand meme pour vocation a etre vu / lu / experimente par le plus grand nombre.

    Tout comme la technique a ses contraintes et limites, le graphisme en a donc oui « c’est fini les conneries ». Le poids on s’en fout pas, le temps de chargement on s’en fout pas, la lisibilite on s’en fout pas, l’experience de l’utilisateur on s’en fout pas, la demande du client on s’en fout pas, l’ego du webdesigner par contre…

    Je crois pas qu’imposer des limites au creatif bride sa creativite, au contraire ca devrait la stimuler.
    Il ne me semble pas que le propos du texte soit une ode au design epure et facile a integrer (les integrateurs aussi aiment le design et les challenges), mais une reaction a un discours essentiellement assez centre sur le nombril du webdesign qu’on pourrait globalement resume par « avant c’etait mieux, peut-etre moche, peut-etre lourd, peut-etre pas accessible mais au moins c’etait design ».

    Un site web est un produit pas que technique mais pas que design non plus, donc forcement d’un cote comme de l’autre y’a des compromis a faire.
    Et encore une fois je parle pour les sites qu’on produit en GENERAL (en agence, en tant que freelance, celui qu’on produit pour un client qui a une cible d’utilisateurs precise, large et diverse), vu le contexte de ce blog, evidemment qu’il ne s’agit pas des experiences concept ou la l’idee justement c’est « d’experimenter » et donc de faire fie un peu des contraintes.

    @eric
    « Mais ce n’est pas parce que c’est plus compliqué de faire du beau-classe-animé qu’on doit ne pas le faire : il faut juste être meilleur en intégration/front-end qu’avant. Et oui c’est difficile et il va falloir être un peu plus speed pour tenir les budgets, mais c’est pour ça qu’on paye, nous clients, des intégrateurs efficaces et costauds en front-end. »

    Alors perso, lors du 2nd age (en agence pub qui misait tout sur le design avec des DC renommes) ca m’est jamais arrive de bosser sans etre speed pour tenir le planning, on etait toujours surbooke et en sous-effectif. Niveau process la crea etait toujours en retard sur le planning, l’estimation de l’integration toujours sous-evalue et on se retrouve a devoir integrer en 3 jours quelquechose sur lequel on avait ete booke 5 et sur lequel on aurait du etre booke 7… et on avait une paye de merde.
    Tout etait au profit du design, du design, du design, c’etait serieusement devenu n’importe quoi.

    Moi je te met au defi de trouver un integrateur senior, « costaud et efficace » qui accepte de bosser comme ca. Si un integrateur, qui a un peu d’experience, lit un brief ou tout est uniquement base sur le design et qu’il sent qu’il va devoir se taper le boulot en speed, en stress, en flux tendus, il va pas le prendre.
    Parce que bosser pour le prestige du beau, on a appris a nos depends que ca paye pas.

  23. Sugarskill, le

    @MULK je permet, je permet, pas de soucis ;)

  24. eric, le

    Sugarskill, tu ne fais que confirmer mon propos : le fait que le Web ai perdu en créativité cette année n’est pas un problème d’usabilité, en fait il n’y a pas de réelle raison pour faire des sites Web clonés les uns sur les autres, soi-disant « épurés » – c’est juste un problème de RH.

    Le 1er âge du Web : les DA agissent comme des princesses
    Le 2e âge du Web : les Flasheurs agissent comme des princesses
    Le 3e âge du Web : les intégrateurs …

    aujourd’hui on reçoit des CV de « front-end developer senior » sans même la mention d’un MVC côté client type backbone.js, de Coffeescript, de require.js, bref de « front-end development » moderne.

    y’a comme un problème de melon dans le secteur, non ? La route va être longue avant de maitriser reellement le coté client pour ces gens-là, et en attendant, la créativité baisse et on muselle/bride les DA. C’est le propos de l’article dont on parle, et comme je l’ai écrit, je suis totalement d’accord avec, et je ne comprends même pas qu’on puisse dépenser de l’énergie à essayer de contester/justifier l’inverse – c’est flagrant.

    si aujourd’hui j’avais 18 ans et je cherchais ma voie professionnelle, je ne serai pas passionné de Web-design et je ne referai pas ce boulot.

  25. lionelB, le

    C’etait un peu mon propos, Je trouve que ce que dit Rémy est juste sauf qu’a mon sens c’est à nuancer à la fonction du site, son but son audience.
    Mais le mot important c’est nuancer, pas caricaturer

    @sugarskill
    En quoi les chrome expériment sont différent ? c’est parce qu’il rentre pas dans ta catégorisation de site web = produit, Je crois que tu mélanges délires expérimentaux sur codepen et site web on dirait. Ces chromes expériments c’est des sites web, c’est fait dans les règles de l’art. Il ont une audience cible, un but.

    « Y’a un moment faut aussi se rendre compte que vous avez pas le monopole de la creativite quand meme et qu’il faudrait arreter de se draper dans fierte d’artiste. »
    Tu t’emballes tout seul, là. Si ca peut te rassurer, je connais aucun web designer pro, c’est à dire dont c’est le métier, qui se prennent pour un artiste, certains ont une sensibilité graphique plus ou moins poussée, mais ça s’arrête là.

  26. Sugarskill, le

    @eric
    Le front-end, aujourd’hui, ca couvre des competences tres tres tres large.
    Outre les skills d’HTML, CSS, JS propre, les bonnes pratiques, le knowledge de rendus des differents navigateurs, il y a les outils: les CMS,les platforms e-commerce, les librairies JS, les frameworks CSS, l’integration dans des frameworks back-end, les propres outils du client (quand t’es freelance et que tu bosses pour une agence qui a dev son propre CMS et metalangage).
    Perso, j’ai jamais bosse avec les trois outils que tu cites, il ne sont pas sur mon CV car je n’ai jamais eu ni la demande, ni l’occasion de bosser avec. Je me concentre donc a developper et perfectionner des skills et outils que, de ma propre experience, mes clients me demandent le plus souvent. Jusque la, je peux avoir la satisfaction d’avoir des clients contents de mon travail de front-end senior.

    La verite, c’est que de tout les metiers du web, qui ont tous evidemment evolue, qui se sont specialise, qui ont du maitriser de nouveaux outils, le front-end est le domaine qui s’est le plus elargi en un temps donne assez court, a mon humble avis.
    Non, un front-end dev’ ne peux pas connaitre et couvrir toutes les specificites qui entrent dans le domaine du front-end.
    Personellement, j’ai passe l’age (et l’envie) de passer des nuits blanche et mes week-ends a faire de la veille, alors a un moment on fait des choix et 2 front-end peuvent avoir le meme niveau de qualite et pourtant ne pas bosser du tout avec les memes outils voir meme ne pas connaitre ceux de l’autre. (c’est d’ailleurs tous l’interet de les marquer sur son cv).

    @lionelB
    Non les chrome experiment sont des sites web, pas de soucis.
    Tous les sites web ne sont pas des produits, mais dans le contexte de la discussion, on parle de ce type de sites (ceux qui commencent avec une demande d’un client qui veux vendre en ligne, une refonte graphique ou simplement une vitrine, un showcase ou un blog, ceux dont l’auteur de la situation bride sa creation au profit des contraintes techniques).
    Voila, c’est une question de contexte, parce qu’apres on peux partir sur tout ce qui rempli le web, mais on a pas fini et c’est pas le point.

    Je sais pas si tu es en agence, ou freelance, tu me dis si on t’en commande souvent des chrome experiment ou des sites concepts.

    Moi aussi j’en connais pleins des web designer (et des flasheurs aussi, meme que pendant des annees mes potes etaient que ca, je connaissais pas d’autres front-end… bah je peux te dire, je m’en suis pris des railleries dans la gueule a l’epoque flash etait roi et que j’essayais de diffuser la bonne parole des bonnes pratiques haha), et meme que certains de ces web designers sont des artistes vraiment (des dessinateurs, des peintres, et un univers graphique hallucinant), sauf que quand ils se tapent la refonte d’un site d’un vendeur de cornichons, et bah on est tous d’accord: c’est pas de l’art.
    C’est pas parce que t’es un artiste, que toutes tes productions sont de l’art, voila c’est tout.

    Et je m’emballe pas, c’est pas moi qui est sorti le mot « art » en premier, et si il y a plusieurs articles comme celui d’hteumeuleu (mais c’est une discussion que j’ai deja vu plusieurs fois ailleurs) « webdesign is not art », c’est que ca sort pas de nul part.
    C’est @Bartdude qui disait:
    « Si le webdesigner ne fait pas de l’art, si le webdesigner n’est pas créatif, autant filer son boulot à des développeurs alors non ? »

    Et « webdesign is not art » =/= « webdesign can not be art »…
    Un peu comme la cuisine et la cuisine gastronomique quoi. La cuisine gastronomique j’aime bien, mais bon au quotidien je bouffe des pates au fromage (attention bonnes quand meme, avec des ptits ingredients et tout et tout, mais c’est pas gastronomique), ce qui je pense etre le cas pour la majorite des gens aussi.

    Et pour preciser, je respecte enormement le boulot des web designers, que j’avoue sans honte, etre incapable de faire.

  27. griZ, le

    Pour moi t’as été violé par un Web Designer, jvois pas d’autres explications …

  28. lionelB, le

    @sugarskills disons que tout est histoire de curseurs, qui je pense, n’ont pas les même positions selon que tu surfes sur un site d’un musicien ou sur le site de ventes de cornichons, ou sur le site d’une imprimerie.

  29. Art Blackey, le

    Tiens, tant qu’à troller : http://contrastrebellion.com/