« Je passe une mauvaise journée »

L’année dernière, le National Institute of Standards and Technology a diffusé sur Youtube des heures et des heures de vidéos brutes tournées le 11 septembre 2001 à New York. Assez fasciné et marqué par ces événements, j’étais abasourdi devant un extrait en particulier sur lequel j’étais tombé sur Reddit.

Un journaliste de la CBS se trouvait au coeur même du World Trade Center aux côtés des équipes de pompiers, juste après le crash du second avion sur la tour N°1. Alors qu’il ère aux pieds des tours, il rencontre un rescapé en costume-cravate. Il prend le bon réflexe de lui poser quelques questions, et de lui demander son nom et son lieu de travail. Puis, juste après, il rencontre un autre travailleur (à 17min40 dans la vidéo) :

NIST FOIA: Raw C*B*S 9/11 WTC Footage

– Je peux vous poser quelques questions ?
– Non, je ne préfère pas. Je passe une mauvaise journée.

Il filme ensuite l’homme, s’éloignant seul dans les rues déjà quelque peu assombries, traînant son sac sur le trottoir poussiéreux.

Dix secondes plus tard, la tour N°1 s’effondre dans un vacarme assourdissant. Un nuage de fumée poursuit les pompiers et civils qui tentent de se sauver, et plonge le journaliste dans l’obscurité la plus totale.

Ça m’arrive de croire que je passe de mauvaises journées, parce que j’ai eu trop de travail, parce que je n’ai pas réussi à faire ce que je voulais, ou parce que tout ne se passe pas comme je l’avais prévu. Mais depuis que j’ai vu cette vidéo l’année dernière, à chaque fois que j’ai l’impression de passer une mauvaise journée, je repense à cet anonyme des rues de New York qui pensait passer une mauvaise journée, avant même que les tours ne s’effondrent.

Il se trouve qu’en réalité, je n’ai pas vraiment passé de mauvaises journées.

  1. Bloubi, le

    Ca par contre c’est un article de merde. Désolé mais quand c’est bien je le dis, mais la c’est vraiment naze, c’est dommage

  2. meduz', le

    La théorie de la relativité, c’est ça ? Beaucoup de gens minimisent certaines choses négatives car « il y a pire ailleurs » ; c’est le moyen le plus simple de se convaincre que la voie à suivre est de se contenter de ce qu’on a.

    Évidemment, il faut savoir relativiser, mais pas renier obligatoirement.

  3. Bartdude, le

    Il y en a même pour qui cette sale journée dure toute la vie, dès la naissance ils n’ont aucune chance ou presque de s’en tirer peu importe les efforts… Doit-on en déduire que finalement cet homme n’a pas eu une si sale journée que ca ?
    La relativisation à outrance est une technique de management que j’ai déjà pu observer dans les boîtes où j’ai bossé, la crise ayant parfois bon dos. Après tout, avec toutes les entreprises qui ferment et les gens au chômage, on doit déjà être content d’avoir un job, peu importe si les salaires sont moyens et gelés en plus, si les journées sont longues et les heures sup’ quasi institutionnelles. Super motivant quoi !

    C’est utilisé politiquement aussi : on peut presser les administrés comme des citrons, il y a toujours un exemple de pays où ils sont encore moins bien lotis ! Curieusement on voit beaucoup plus rarement d’exemples de pays prospère pas exclusivement grâce à une manne céleste (pétrole, gaz, uranium,…), sorte d’euromillions macro-économique naturel, mais aussi grâce à une gestion en bon père de famille.

    Le pire c’est que ca marche, favorisant un immobilisme sur beaucoup de plans ! Sauf la consommation bien-sûr… là, les industriels ont bien compris qu’il fallait induire le sentiment contraire : ne jamais se contenter de ce qu’on a, il y a toujours mieux, ou en tout cas on y travaille ! Si les populations avaient autant de zèle pour se révolter que pour consommer, ca serait déjà un fameux pas en avant.

    Mais je digresse là… allez, je m’y remets, ca va être une bonne journée !

  4. hk_, le

    +1 meduz’, on peut aussi dire que des gens meurent de faim chaque seconde, donc que la journée de cette homme n’est pas si mauvaise que ça.