Je suis intégrateur

Je suis intégrateur.

Je suis aussi entrepreneur, co-gérant, patron, concepteur, ergonome, développeur, blogueur, twitteur, concubin, collègue, ami, frère, fils, tonton, parrain, …

Par contre, je ne suis pas directeur technique, développeur côté client, ingénieur côté client, junior, senior, expert, gourou, ninja, star, …

Le terme qui me correspond le mieux, et avec lequel je me présente auprès de mes clients, c’est intégrateur. Ce n’est pas forcément le titre le plus explicite pour des personnes ne travaillant pas dans le web. Ce n’est pas non plus le titre le plus précis. Ce n’est certainement pas le titre le plus élogieux ou le plus fanfaronnant. Mais c’est le titre qui représente aujourd’hui le mieux mon métier. C’est un mot simple, court, humble.

Je suis intégrateur. Ce n’est pas un hasard si j’apporte un certain attachement à cette sémantique.

Hier, j’ai publié une blague sur Twitter :

Alicia Keys est Directrice de Création chez Blackberry. Will.i.am est DC chez Intel. Et Lady Gaga est DC chez Polaroid. (l’article chez The Verge)

Et après on se demande pourquoi je pouffe de rire quand on me présente un DC ou un DA dans une agence web.

C’est le genre de chose qui me fait rire. Ça me fait rire que mes collègues DA aient le même titre que Lady Gaga chez Polaroid. Je n’ai pas fait une blague atroce sur le physique de quelqu’un. J’ai fait un commentaire sarcastique sur le fait que le graphiste qui a réalisé les maquettes sur lesquelles je travaille en ce moment a le même titre que Will.i.am chez Intel.

Mais apparemment, ça a suffit pour lancer un débat sur Twitter toute la matinée sur le bien-fondé du titre de directeur artistique. Les habituels vieux de la vieille se sont insurgés, préférant croire à une méconnaissance de ma part (laissant alors place au tout aussi habituel « tu n’es qu’un intégrateur, tu n’as pas le droit de parler de ça »). Les plus compréhensifs se sont adaptés, reconnaissant que les termes de Directeur Artistique n’avaient plus beaucoup de sens.

C’est le problème avec les noms de métiers. Les instituteurs(trices) deviennent des professeurs des écoles. Les hommes/femmes de ménage deviennent des technicien(ne)s de surface. Les caissier(e)s deviennent des hôte(sse)s de caisse. Les noms changent, mais les métiers demeurent.

Il y a quinze ans, j’aurais volontiers adopté le titre de webmaster. Puis le nom a été utilisé à tort et à travers, usurpé, et vidé de sons sens. Ça n’enlève rien au métier qui se cache derrière. Mais soyons sérieux, travailler dans le web aujourd’hui et se faire appeler webmaster laisse place à un léger rictus.

Je ne serais peut-être pas intégrateur toute ma vie. Non pas que je n’aime pas ce métier. Je l’adore. Mais peut-être qu’un jour, Justin Bieber sera nommé intégrateur chez Apple. Et Carly Rae Jepsen sera intégratrice chez Facebook. Ce jour là, comptez sur moi pour faire des commentaires caustiques sur ces ambassadeurs improbables. Ce jour là, ce sera aussi surement l’occasion pour moi de prendre du recul sur mon métier, son intitulé et son sens.

  1. Alban, le

    Je suis du même avis, je n’utilise plus le terme Webmaster, car sa en devient presque dévalorisant…

  2. Victor Brito, le

    Non, Justin Bieber ne sera pas nommé intégrateur chez Apple, mais expert en accessibilité. N’est-ce pas, Olivier Nourry (toi qui as été reconnu, par le passé et sur Klout, comme influent au sujet de Justin Bieber, tout autant que tu l’es au sujet de l’accessibilité) ? ;-)

  3. Axiuss, le

    Lady Gaga DC chez Polaroid, ça je ne l’avais pas suivi.
    Oui c’est vrai que partout ailleurs les noms de métiers évoluent, et très peu dans nos métiers. Mais je ne pense réellement pas qu’un jour un People, prenne un poste au label « d’intégrateur ».

    Ces personnalités ont surtout un rôle d’ambassadeur auprès des marques, Will.i.am chez Intel, ça « swag » non ? Bref, c’est du commercial avant tout. Dans leur poste, il reste généralement un terme proche de Direction.

    Je ne pense pas qu’elles prendraient poste d’intégrateur, où ce jour là, nous porterons un nouveau nom, je vois mal Justin Bieber intégrateur chez Google :)

  4. _kud, le

    J’ai été intégrateur (au sens où je transformais une maquette en format web) et je suis devenu (je résume) frontend dev.

    Pourquoi j’y attache tant d’importance par rapport à « intégrateur ». Non pas que je dénigre « intégrateur » mais je pense que mon métier (le mien, pas celui d’intégrateur) a évolué.

    En effet, je fais de plus en plus de sites web applicatifs et non de contenus (formes d’applications natives mais avec des langages standards et ouverts que html/css/js (okay « langage » dans les deux premiers cas, c’est grand dire mais vous voyez l’idée)) et aussi je ne fais pas que de l’intégration.

    Non, là, je fais des applications full javascript côté client, avec une forme de MVC. Je déporte toute la logique initialement serveur vers le client, et le serveur ne sert plus qu’à enregistrer une base (via une API donc).

    De plus, je passe de plus en plus de temps à faire du design, à réfléchir sur l’UI/UX, à parfois faire des outils en ligne de commandes pour servir pour front. En d’autres termes, mon métier est de s’occuper de ce que voit (front donc) l’utilisateur, tant au niveau design, ergonomie, performance que traduire une maquette en format web.

    Pour finir, je pense que ce métier a évolué, que j’ai aucun jugement de valeur vis-à-vis du mot « intégrateur » mais que ce que je fais ne peut plus se résumer via ce terme.

  5. Nico, le

    Bof, que veux-tu, il est apparemment impossible de blaguer sans déclencher l’ire de personnes se sentant visées. Disons-le clairement : fuck le politiquement correct.

    Et au fait, moi aussi je suis intégrateur. :)

    Et fier de l’être, même si tout le monde sait que les intégrateurs sont « des gros râleurs qui ne savent pas développer » (© devs back-end) ou « des imbéciles qui n’y connaissent rien en graphisme » (© graphistes). En même temps, venant de personnes alcooliques et socialement inadaptées (© back-end) ou ayant des délires irrationnels sous cocaïne (© graphistes), je prends ça comme un compliment.

    Le vendredÿ, c’est trolldÿ.

  6. MULK, le

    Tiens, ça me fait penser à un pote qui était « Maréchal des Logis »… en fait, il servait la bouffe aux officiers…

    Perso, avec les différents noms que l’on donne aux métiers, on est en plein dans des problèmes d’attente de rôle, de perception personnelle de son taf et dans le besoin de reconnaissance… bref, un beau bordel gratiné d’affect’. Alors, quand on rajout le qualificatif « artistique », on part souvent (pas toujours) dans des problématiques d’égo.
    Remarquez avec « directeur » aussi.

    Et NON, tu n’est pas un simple, humble intégrateur, mais un « directeur de l’intégration font-end côté client ».

    J’ai vraiment l’impression que dans notre vaste domaine, les termes et qualificatifs vont et viennent… Une drôle qui j’ai vue hier: mon ancienne boîte (dirigée par un faux-geek en plein dans l’effet Dunning-Kruger) vient de mettre en place un nouveau produit « print » pour ses clients: Petites Annonces responsive.

    Demain: la baguette de pain responsive…

  7. Axiuss, le

    @Nico Ah ah, je suis pas le seul à penser que les créas sont sous substances :)

  8. Thibaut, le

    On peut aussi dire, qu’un développeur front-end est un intégrateur :)
    C’est juste que la mission de l’intégrateur évolue avec les nouveaux besoins et les nouvelles technos JS

  9. rivsc, le

    Je propose qu’on nomme notre métier avec les technos qu’on utilise. On pourra ainsi s’insulter même quand on est du même bord; photoshoppeur, hteumeuleur, cesseur, javascripteur, javeur, rubyiste, phpeur. Et on peut cumuler : hteu-js-cesseur-rubyiste…

  10. MULK, le

    @rivsc -> excellent!
    Mais le « Directeur artistique » dans tout ça ?

  11. GoOz, le

    L’excuse de la blague me paraît facile.

    Tu te fais quasiment à chaque fois « basher » par des designers quand tu t’avances sur le sujet du design.
    Je pense, mais je peux me tromper, que ce n’est pas parce qu’un intégrateur parle de design que ça enrage les foules, mais de la façon dont tu parles du design.
    Tel un cuistre, tu en parles avec une assurance sans nuance alors que, tu le reconnais, ce n’est pas ton métier.

    Tu es donc reconnu comme un intégrateur qui ne respecte pas les designers, et tu t’étonnes (sérieusement ?) que ton sarcasme, que seul toi perçois comme tel, parte en débat limite stérile sur de la sémantique de nom de poste ?

    Oui, c’est difficile dans un environnement public de toujours bien faire passer les blagues et sarcasmes.
    Mais quand un raciste fait une blague sur un noir, c’est pas perçu comme un sarcasme, si ?
    Donc t’étonne pas que la blague sur les DA d’un intégrateur, qui n’a pas la réputation de s’entendre avec le monde du design, soit perçue comme une agression plus que comme une blague.

    NB: Je suis intégrateur aussi, hein.

  12. DaCode, le

    Je suis aussi intégrateur, parmi d’autres casquettes. Mais je lui péfère le terme webmaster qui résume mieux l’aspect multi-compétences. Car comme je ne passe pas mon temps à ne faire QUE de l’intégration web, je ne me considère pas comme un expert.

  13. Remi Grumeau, le

    Mouai… ou alors le terme « intégrateur » pour l’activité de traduire une maquette en HTML est correct, mais ne correspond plus à la réalité du métier/marché.

    Avec un peu de recul … genre 15 ans en arrière:
    Un webmaster à l’époque faisait tout: le design, l’intégration HTML en tableaux, les découpes d’images, la mise en ligne et les mises à jour. Il maitrisait tout, d’où le terme « master ». Le terme correspond toujours à ce métier, mais ce métier ne correspond plus à rien. Le processus de création de contenus web s’étoffant, il y a de plus en plus de choses a faire donc de plus en plus de métiers. La première découpe a créer webmaster (v2) et webdesigneur.
    C’est que le début.

    La démocratisation d’ASP a découpée ce webmaster v2 en deux: écrire les morceaux d’HTML, ou faire générer ces morceaux d’HTML.

    Et puis y’a eut découpe entre le gars qui installe et configure le serveur et celui qui code côté serveur. Et maintenant on les voit se redécouper entre ceux qui gèrent de la donnée média volumineuse (Akamaï, SAP), de la grosse base de données bien grasses pleines d’infos (Google, Facebook) et les spécialistes de la micro-data temps réel (Twitter, PubNub). Les termes « ingénieur réseau » et « développeur » se vident de leur sens, trop généraliste.

    Les graphistes aussi se spécialisent/découpent en beau pixel (belles créas très graphiques pour la pub ou jeu flash), « du pixel efficace » (interfaces utilisateurs, formulaires, fiches produits, CMS, …), ou du design/interface ubiquitaire (mobile, tablette, télé, … web ou natif). Les termes « graphiste » et « directeur artistique » se vident de leur sens, trop généraliste.

    Les intégrateurs aussi se découpent entre HTML/CSS « classique », intégrations adaptives ou ceux qui s’intéressent plus aux API HTML5 et Javascript. Le terme « intégrateur » n’a plus vraiment de son sens. C’est trois métiers et compétences différentes.

    Fort à parier qu’une autre découpe va arriver entre ceux qui font du Javascript pour les animations et interactions (canvas, WebGL, events) et ceux qui se spécialiseront dans le côté applicatif (DB, offline, cache, synchro serveur, encryptage des données, …)

    Donc oui et non, bien au contraire :)

  14. Remi Grumeau, le

    En sachant que bon, y’a eut le « médecin », qui est devenu soit dentiste, gynéco, pédiatre, psy, … le dentiste qui s’est découpé entre dentiste, chirurgien dentiste, orthodontiste, prothésiste … c’est pas seulement un truc de webeux

  15. Skoua, le

    Personnellement je me présente comme développeur web. Parce que je touche autant au front qu’au back et que même si il ne faut pas dire que l’intégration c’est du développement, faire fonctionner un site au design compliqué sur tous les navigateurs de manière responsive est au moins aussi difficile que de créer une structure de base de données qui tient la route.

    Après ces débats sur les titres c’est vraiment parce qu’on s’emmerde et que IE6 a disparu, sinon on parlerait de lui.