Google et Mon entreprise En Ligne

En avril 2011, Google lançait en grande pompe Mon Entreprise En Ligne, une « énième initiative pour inciter les PME à ouvrir un site Web« . Le site a été créé en partenariat avec SFR (pour le support téléphonique), et Oxatis (pour la plate-forme de création de sites). A l’époque, je croyais alors qu’il s’agissait d’un projet bien français, visant à pousser les 70% de PME n’ayant pas de site Internet. Mais récemment, alors que Google s’est fait prendre en pleine escroquerie au Kenya, je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’une initiative mondiale, plus connue sous le nom de « Getting Business Online ». Australie, Irelande, Angleterre, Inde, Canada, Kenya, mais aussi chaque état Américain (New YorkOhio, Vermont, …). A chaque fois, Google s’est associé avec des entreprises locales pour monter son projet. L’objectif pour Google est de proposer un site gratuit la première année, tout en incitant fortement les entreprises à créer des annonces sur AdWords.

L’initiative est louable, mais bizarrement, la version française est assez différente des autres. En particulier, la qualité des sites français semble particulièrement médiocre. Voici par exemple 3 sites mis en avant dans la rubrique Best-of de Mon Entreprise En Ligne : www.tif-annie.frwww.photoptic.fr et www.canichebleu.fr (mon préféré). Prenez quelques instants pour visiter ces sites, et revenez lire la suite.

Là, normalement, si vous travaillez dans le web, vous avez un peu de vomi qui vient de vous remonter du fond de la gorge. Que dire ? Ces designs, tous similaires. Ce code HTML, parsemé de quelques tableaux de mise en page et de styles en ligne TOUT EN MAJUSCULE. A titre de comparaison, voici quelques exemples de sites réalisés et mis en avant par Google comme des bons exemples dans les autres pays : www.themagherainn.comwww.geronimocoffee.com.au et www.thepurpledoor.eu. Ces sites ont leurs lots de défauts, mais on est clairement un niveau au dessus des sites réalisés en France. La différence ? Dans la plupart des pays, Google a soit proposé directement son outil de création de sites, Google Sites, ou incité à travailler avec des agences web locales. En France, Google a travaillé avec Oxatis et son CMS maison.

Autre spécificité française, le projet a été lancé avec le soutien du Ministère de l’Economie, et surtout par Echangeur PME Paris Île-de-France, une initiative publique liée à la Chambre du Commerce et de l’Industrie de Paris. Avec autant de partenaires, la force de frappe de Google et le soutien de l’Etat, on peut au moins espérer que de nombreuses sociétés ont profité de ce service. L’objectif affiché était de 50 000 nouveaux sites d’entreprise pour la fin 2011. Curieusement, aucun chiffre officiel n’a été communiqué pour faire le point sur cette initiative. Mais j’avais bien ma petite idée pour connaître le nombre de site créé grâce à Mon Entreprise En Ligne. En effet, chaque site contient une petite phrase « Oxatis – création sites E-Commerce » accompagnée du logo MEEL dans son footer. Avec un petit coup de pouce pour plus de précisions (merci Aurélien !), voici la requête effectuée sur Google pour connaître tous les sites ayant cette mention.

"Oxatis - création sites E-Commerce" inurl:Default.asp -site:oxatis.com

Réponse : « Environ 3 270 résultats ». Et encore, cette requête n’est pas précise à 100% puisqu’elle inclut également les sites réalisés par Oxatis depuis une dizaine d’années en dehors de l’initiative MEEL. En filtrant sur Google les résultats datant de moins d’un an, on arrive alors à « Environ 475 résultats« . Et encore, on n’exclut toujours pas les sites réalisés par Oxatis seul.

Google, SFR, Oxatis, et l’Etat n’ont même pas atteint 1% de leur objectif. Je n’ai aucune idée des montants publics mis en jeu dans ce projet, mais j’ai bien peur vu le résultat que ce ne soit beaucoup trop…

  1. Recette de salades, le

    Haha pitoyables les sites !
    Au moins ça ne nous fait pas concurrence ;)

  2. kacy, le

    Huhuhu c énorme :) j’aime beaucoup… ceci étant, au moins ça laisse un peu de champ aux vrais faiseurs de sites ;)

  3. Ludo, le

    Comme laissé sur Twitter, on m’avait déjà mis dans les dents cette offre il y a quelques mois (accessible déjà quand on entre en contact avec les pages jaunes). J’avais dit à l’époque : Ok, pour du très simple et si vous avez du temps, parce que vu le prix, dure dure de s’aligner… Résultat, les clients qui avaient choisi cette voie sont aujourd’hui chez des web agency, freelance ou sont revenus… Et leur retour est loin d’être positif. Comme quoi, plus qu’un business, la création (technique ou visuelle) est affaire de passion.