Android devant iOS ? J’ai un doute.

Médiamétrie a publié aujourd’hui une étude sur la fréquentation des sites internet selon les systèmes d’exploitation mobiles :

Android, l’OS de Google, a dépassé le système d’exploitation mobile d’Apple – iOS – depuis le mois de mars 2012 et représente désormais plus d’un accès mobile sur deux en juin 2012. En nombre de visites, Android a progressé de 29 % entre les mois de janvier et juin.

En parallèle, iOS, passe de 52,5 % à 36 % entre les mois de janvier et juin, soit une baisse de 38 %.

J’ai un peu de mal à croire cette étude. En novembre dernier, je constatais que les vrais gens n’utilisent pas Android pour surfer. Depuis, le nombre d’appareils vendus sous Android a encore doublé, annoncé à 400 millions lors de la Google I/O la semaine dernière. Pourtant les statistiques n’ont pas l’air d’avoir beaucoup bougé.

D’après NetMarketShare, en novembre 2011, 16,70% des internautes mobiles mondiaux étaient sur Android, contre 54,05% sur iOS. En juin 2012, on est à 19,73% sur Android contre 65,27% sur iOS. D’après StatCounter, en novembre 2011, 29,33% des internautes mobiles français étaient sur Android, contre 58,31% sur iOS. En juin 2012, on est à 36,12% sur Android contre 53,8% sur iOS.

Et même sur mon petit blog, que je considère dédié à une cible particulièrement high-tech, je ne constate pas le changement annoncé par Médiamétrie. En novembre dernier, j’avais 2,8% de visiteurs sous Android contre 8% sur iOS. Le mois dernier, j’avais 3,8% de visiteurs sous Android contre 9,5% sur iOS.

Et c’est valable pour tous les sites clients que j’ai pu réalisé. Je constate bien une hausse des visites sur Android, tout comme sur iOS. Mais dans tous les cas iOS reste le système majoritaire devant Android.

Mais ne faisons pas de ces statistiques une généralité. Et il y a peut être bel et bien une exception culturelle française sur les plus gros sites. Le principal changement dans le paysage mobile français ces 6 derniers mois, c’est l’arrivée de Free Mobile. En mai dernier, Free annonçait avoir déjà plus de 2,6 millions d’abonnés mobile. On peut supposer qu’une partie des nouveaux clients chez Free ont opté pour un nouveau mobile lors de leur inscription. Au même moment, Free annonçait avoir vendu pour 11,5 millions d’euros de terminaux. Avec des téléphones vendus au prix fort entre 40€ et 785€, ça fait entre 15 000 et 288 000 téléphones vendus (iOS, Android et Blackberry confondus). Je ne pense pas que 300 000 téléphones suffisent à faire basculer le paysage mobile français sur Android.

Je suis intimement persuadé que les résultats de médiamétrie sont totalement faux. Et j’ai deux hypothèses pour expliquer les erreurs de leurs mesures.

La première, suggérée par TOMHTML, est que les mesures de l’étude concerneraient uniquement les réseaux cellulaires, et non les réseaux Wi-Fi. Les chiffres d’Akamai confirmeraient alors ceux de Médiamétrie. Mais l’étude ne fait absolument pas mention du type de réseau, et ça me semblerait assez saugrenu de faire une étude uniquement sur des réseaux cellulaires sans le mentionner.

Ma deuxième hypothèse est que les mesures de Médiamétrie sont tout simplement erronées. Cette étude se base sur les visites des plus gros sites des principaux groupes français, soit près de 250 sites au total : pagesjaunes.fr, skyrock.com, jeuxvideo.com, doctissimo.fr, clubic.com, premiere.fr, etc… Pour obtenir des statistiques, les sites doivent inclure le script eStat de Médiamétrie. A ma grande surprise, je suis tombé sur une grosse erreur dès mon premier essai.

Si vous visitez pagesjaunes.fr sur ordinateur (le site n°1 en juin d’après médiamétrie avec plus de 77 millions de visites), vous accédez au site classique, qui inclut correctement le tag eStat. Par contre, si vous visitez pagesjaunes.fr sur mobile, vous êtes redirigés automatiquement sur mobile.pagesjaunes.fr, qui lui n’inclut plus du tout le tag eStat, mais utilise à la place le concurrent de Médiamétrie, Xiti.

Même constat sur le site mobile de Doctissimo (n°4 avec 40 millions de visites), France 3 (n°7 avec 9,7 millions de visites), France 2 (n°8 avec 9,6 millions de visites), Elle.fr (n°14 avec 4,6 millions de visites), etc…

L’explication la plus rationnelle pour moi est que ces 6 derniers mois, de nombreuses marques ont lancé un site mobile dédié. Ces sites mobiles n’intègrent pas tous correctement le tag eStat de Médiamétrie. Les internautes mobiles sont quand même redirigés automatiquement vers ces sites, notamment « grâce » à du sniffing d’agent utilisateur. Si ce sniffing n’est pas fait correctement (laissant potentiellement de côté des vieilles versions d’Android, ou privilégiant systématiquement les iPhones), les utilisateurs d’Android peuvent alors se retrouver sur le site classique, et ainsi faire gonfler les chiffres de Médiamétrie.

CQFD.

Mise à jour du 05 juillet : contactés par mes soins sur Twitter, PagesJaunes confirme « que le résultat est surprenant. Il ne correspond pas à ce que l’on constate pour notre appli »

Les statistiques des navigateurs

Aujourd’hui, de nombreux sites high-tech se sont empressés de reprendre l’information suivante : Chrome dépasse Internet Explorer et devient le navigateur le plus utilisé. Ce serait chouette si c’était vrai. Sauf que ça ne l’est pas.

Cette « information » se base sur les statistiques agrégées par le site StatCounter. Il fut un temps où je me basais volontiers sur leurs données, jusqu’à ce que je me rende compte qu’elles n’étaient pas toujours juste. En particulier en comparaison avec les données de leur principal concurrent, Net Applications, qui présente encore aujourd’hui Internet Explorer à 54% de parts de marché contre 18% pour Chrome. Pourquoi tant de différences ?

Il y a deux mois, Microsoft expliquait comment comprendre les statistiques de parts de marché des navigateurs. Ces données résultent de méthodologies différentes :

1. Les parts d’usage réel contre les non-usages pré-rendus. Depuis juin 2011 et Chrome 13, Chrome a commencé a faire du « pré-rendu » sur certaines pages web. Avec le pré-rendu, Chrome ouvre des onglets séparés basés sur des recherches sur Google.com ou dans l’Omnibox de Chrome qui sont invisibles pour l’utilisateur. Si l’utilisateur clique ces liens de recherche, alors l’onglet et la page seront affichés. Par contre, une certaine partie de ces liens ne sera jamais cliquée et l’utilisateur ne les verra jamais – restant alors invisibles pour lui et alors ne comptant pas vraiment comme de réelles pages vues. Le mois dernier, Net Applications a commencé à retirer le trafic pré-rendu de Chrome de ses statistiques, en signalant que le « pré-rendu en février 2012 représentait 4,3% des visiteurs uniques quotidiens de Chrome ». [à noter que depuis cet article, StatCounter à également suivi le pas et ajusté ces mesures de données pour Chrome]

2. La balance géographique de l’utilisation des navigateurs basée sur les populations Internet du monde réel. La plupart des sociétés d’analyses qui mesurent l’utilisation des navigateurs font ça sur un réseau de sites partenaires qui les aide à obtenir ces données, mais un seul – Net Applications – fait une « balance géographique » de ces données. Comme Net Application l’explique :

Les données de Net Market Share sont ajustées par pays. Nous comparons notre trafic aux mesures du Trafic Internet par Pays de la CIA, and nous ajustons nos données en conséquence. Par exemple, si nos données mondiales montrent que le Brésil représente 2% de notre traffic, et que les données de la CIA montrent que le Brésil représente 4% du trafic Internet mondial, nous compterons chaque visiteur unique du Brésil en double. Ceci est fait pour contre-balancer nos données mondiales. Toutes les régions ont des marchés différents, et si nos trafics étaient concentrés en une ou plusieurs régions, nos données mondiales seraient affectées de manière inappropriées par ces régions. L’ajustement par pays retire tout favoritisme par région.

C’est absolument critique pour nous pour comprendre ce que représente la part de marché mondiale d’IE afin qu’on puisse mieux servir nos clients. StatCounter, à l’inverse, ne fait aucune balance géographique. Ils rapportent simplement leurs pages vues mondiales de manière absolue. […]

3. Les visiteurs uniques contre les pages vues absolues. Une dernière différence entre Net Applications et StatCounter est qu’alors que StatCounter rapporte seulement les pages vues sans aucun filtre, Net Applications rapporte les parts de marché basés sur les visiteurs uniques. C’est ce type d’analyse qui leur permets de réaliser des représentations plus précises des habitudes et comportements de navigation en retirant le pré-rendu de Chrome dans le but de séparer les pages vues réelles des pages vues invisibles. C’est également un moyen plus précis de déterminer la vraie utilisation d’un navigateur car elle est moins prédisposée à la fraude. Wikipedia indique que « mesurer l’utilisation de navigateurs par le nombre de requêtes (pages vues) faites par chaque agent utilisateur peut être trompeur. » Cela peut mener à une surestimation et même une fraude dans le cas où des bots réaliseraient un nombre important de pages vues.

Alors oui, Firefox est sur le déclin. Oui, Internet Explorer aussi. Oui, Chrome connaît une croissance fulgurante. Mais avant de se précipiter d’annoncer que Chrome est devenu le navigateur le plus utilisé au monde, il est important de comprendre comment les données qui l’affirment sont mesurées.

Bienvenue en 2012

Quelle année extraordinaire ! La plupart des gens ne s’en rendent pas compte, même ceux qui travaillent dans le web, mais 2011 fut une année extraordinaire pour le web. Il y a tout juste un an, début janvier 2011, on était sur Internet Explorer 8, Firefox 3.6, Chrome 8, Safari 5. Aujourd’hui, on est sur Internet Explorer 9, Firefox 9, Chrome 16, et Safari 5.1 (trouvez l’intrus). Il y a eu plus de versions majeures de navigateur en 2011 qu’au cours des 5 années précédentes.

En 2011, on a aussi vu du changement dans les parts de marché des navigateurs. Voici une comparaison rapide du marché mondial des navigateurs de bureau entre décembre 2010 et décembre 2011, d’après NetMarketShare.

Les statistiques des navigateurs, 2010-2011

On pourrait s’attrister de voir qu’IE8 reste le navigateur le plus utilisé. Mais regardons les choses autrement. En 2010, à peine 38% des navigateurs les plus utilisés dataient de moins d’un an. En 2011, plus de 50% des navigateurs les plus utilisés ont moins d’un an.

Il y a un an, je supposais que les 3 principaux navigateurs atteindraient plus ou moins 30% d’utilisateurs chacun. D’après StatCounter, on n’y est pas tout à fait. Et même si IE continue de chuter, Firefox commence doucement à décliner au profit de Chrome.

Alors, quid pour 2012 ? Et bien l’année s’annonce toute aussi excellente. Si tout se passe bien, en fin d’année, on sera sur IE10, Firefox 17 et Chrome 24. La bonne nouvelle tombée en fin d’année, c’est que Microsoft va démarrer les mises à jour d’automatique d’Internet Explorer. En 2012, on devrait donc pouvoir dire adieu à IE6, IE7 et IE9.

En 2012, il fait bon être intégrateur. Champagne !

 

Chrome n’est pas le nouvel IE6

Michael Muchmore chez PCMag il y a 2 semaines (et la traduction française chez Framasoft) :

Le nouveau navigateur à la mode s’appelle Google Chrome, qui, d’après StatCountervient juste de dépasser l’ex-favori indépendant Firefox en part de marché globale. Chrome peut faire des choses dont les autres navigateurs sont incapables, et Google ne connaît plus que Chrome, ce qui signifie que certains des sites de Google ne fonctionnent intégralement que dans Chrome. Même aujourd’hui, vous pouvez lire sur le blog de Google qu’il existe de nouveaux niveaux d’Angry Birds qui ne fonctionnent que dans Chrome.

Il y a un immense traumatisme dans le monde du web face à IE6. Je ne suis pas sûr qu’insinuer que Chrome soit le nouvel IE6 soit très intelligent. Si IE6 était Hitler, alors cette comparaison serait le point godwin. De mon point de vue d’intégrateur, voilà ce qu’est IE6 :

  • Un navigateur dominant 95% du marché à sa sortie. Encore aujourd’hui, IE reste le navigateur le plus utilisé au monde, et IE6 parfois le plus utilisé comme par exemple en Chine. Chrome a réussi à atteindre 30% de parts de marché en seulement 3 ans. Mais je ne pense pas que la situation de monopole qu’a connu IE soit aujourd’hui réalisable.
  • Un navigateur buggé. IE6 contient énormément de bugs basiques extrêmement rageant. Tous les navigateurs contiennent des bugs. Mais ce problème a été rendu particulièrement grave par Microsoft à cause du point suivant.
  • Un navigateur jamais mis à jour. En 7 ans de support officiel, IE6 a été mis à jour 3 fois. Aucune de ces mises à jour n’a corrigé les problèmes de rendu du navigateur. Chrome est mis à jour toutes les 6 semaines, et corrige aussi bien des problèmes de sécurité que des problèmes de rendu.
  • Un navigateur fermé. IE6 est la propriété de Microsoft, et c’est tout. Chrome (et Firefox, Safari, Opera) sont des navigateurs basés sur des technologies open-source.
La politique de Google avec Chrome a ses défauts. Google encourage certaines mauvaises pratiques, que ce soit dans l’écriture du code ou dans la compatibilité de son site à des fins marketing (cf l’exemple d’Angry Birds). Je reste également prudent sur toutes les données que Google collecte avec Chrome.
Mais on est vraiment loin, très loin, d’IE6.

Les vrais gens n’utilisent pas Android

Hier, lors du Google Music Event, Google a annoncé qu’il y avait en moyenne 550 000 activations de mobiles par jour, et au total plus de 200 millions d’appareils sous Android dans le monde. Ce chiffre a doublé depuis mai dernier. Ce chiffre est impressionnant.

Les vrais gens n'utilisent pas Android

A titre de comparaison, Apple annonçait le mois dernier avoir vendu 250 millions d’appareils sous iOS (iPhone, iPad, iPod touch).

En tant qu’intégrateur, ça fait un moment que je prends en compte iOS dans mes projets en essayant de penser aux petits détails qui font la différence (favicon spécifiques, media queries, contrôles tactiles, etc…). Cependant, j’ai toujours négligé Android en me disant que peu de gens utilisaient vraiment cet OS. Malgré les chiffres impressionnants annoncés par Google, je ne pense pas devoir prendre en compte Android encore pour un bon moment.

Le nombre d’appareils sous Android a doublé entre mai dernier et aujourd’hui. On pourrait donc légitimement supposer que le nombre de visiteurs sous Android sur le web ait suivi cette croissance de manière significative. Mais si on regarde les statistiques d’utilisation des navigateurs mobiles, on réalise vite qu’on est loin du compte.

Les statistiques d'Android et iOS en mai et octobre 2011

D’après NetMarketShare, Android n’aurait gagné que 3% de part de marché de surf mobile, contre presque 12% pour iOS. Constat quasi identique chez StatCounter, où Android serait passé de 17% à 22% entre mai et octobre, avec par contre une stagnation d’iOS entre 22% et 23%. Et en regardant les stats des sites de mes clients sous Google Analytics, j’en arrive à la même conclusion : en 6 mois, alors que le nombre d’appareils sous Android a doublé, le nombre d’internautes sous Android a à peine augmenté. Même Google en arrive à la même conclusion : il y a 2 mois, ils annonçaient devant un tribunal qu’iOS représentait 2/3 de leurs recherches mobiles.

J’en arrive alors à la conclusion suivante : les vrais gens n’utilisent pas Android.

Quand je parle d’utilisation, je parle uniquement d’utilisation web. Les appareils Android (smartphones, tablettes) sont vendus comme des appareils permettant d’accéder à la totalité du web (et même « à des millions de pages en Flash »). Pourtant, il semblerait que la part d’utilisateurs qui en font vraiment l’usage est totalement disproportionnée.

Et quand je parle de vrais gens, ça n’a rien de péjoratif. Je veux juste parler de monsieur et madame tout le monde. Ceux qui se sont vus refourguer un téléphone Android lors de leur renouvellement de contrat chez SFR, Orange ou Bouygues. Ceux qui ont vus les publicités pour l’iPad à la télé, mais qui ont penché pour une tablette moins chère en magasin, sans savoir réellement ce qu’ils achetaient. Si vous avez encore un doute sur ma définition de « vrais gens », celle tirée de Reservoir Dogs s’applique parfaitement.