Les portes de Norman

S’il y a un livre qui a profondément changé ma compréhension du monde et la façon dont je conçois des sites Internet, c’est très certainement « The Design of Everyday Things » de Donald Norman. Le livre traite de la conception des objets de la vie de tous les jours, d’ergonomie et de facilité d’utilisation, avec pleins d’anecdotes et d’exemples comme je les aime. Dans les premiers chapitres du livre, l’auteur prends l’exemple des portes. Cet exemple est devenu tellement célèbre qu’il est désormais courant de désigner une porte mal conçue comme une « porte de Norman ».

Quand nous approchons une porte, nous devons trouver le côté qui s’ouvre et l’endroit à manipuler. En d’autres termes, nous devons arriver à comprendre ce que l’on doit faire et où le faire. Nous nous attendons à trouver un signal visible pour réaliser la bonne manipulation : une plaque, une prolongation, un creux, un renfoncement – quelque chose qui permette à la main de toucher, saisir, tourner ou s’insérer. Ceci nous dit où agir. L’étape suivante est de comprendre comment : nous devons déterminer quelles opérations sont permises, en partie en se basant sur l’affordance, en partie guidés par les contraintes.

Il y a une variété incroyable de portes. Certaines ne s’ouvrent que si un bouton est appuyé, et certaines ne semblent pas s’ouvrir du tout, n’ayant aucun bouton, aucun matériel, ni aucun autre signe de leur fonctionnement. La porte s’ouvre peut être à l’aide d’une pédale. Ou peut être qu’elle est activée par une commande vocale, et que nous devons prononcer la phrase magique (« Sésame ouvre toi !« ). En outre, certaines portes ont des étiquettes sur elles : tirez, poussez, glissez, portez, sonnez, insérez votre carte, entrez votre mot de passe, souriez, tournez, saluez, dansez, ou peut-être juste, demandez. D’une manière ou d’une autre, quand un appareil aussi simple qu’une porte doit être utilisé avec un manuel d’utilisation – même s’il s’agit d’un manuel d’un seul mot – alors c’est un échec, mal conçu.

Je pense que c’est tout aussi valable pour le web. Si vous devez expliquer à l’internaute comment se servir de votre page, même avec une simple phrase, vous avez raté votre travail.

Que vous soyez graphiste, développeur ou chef de projets, je vous recommande vraiment très chaudement la lecture de « The Design of Everyday Things« . Le livre, bien que datant de 1988, n’a jamais été traduit en français. Mais même en étant très précis et très détaillé, il se lit relativement facilement et se divise en pleins de sections assez courtes et souvent illustrées. Et il ne coûte que 10€ chez Amazon (et si vous utilisez ce lien, vous contribuerez à mon bien être personnel).

Dans la même veine, cette galerie de photos de panneaux sur des panneaux créée par Jason Fried me fait toujours autant sourire.

  1. Tony, le

    Vrai, vrai, vrai, tout à fait vrai. J’ai lu ce livre et ça à aussi changé ma façon de voir le monde qui m’entoure. Maintenant, je ne dit plus jamais que les utilisateurs sont idiots, mais que ce sont les concepteurs qui le sont.