Le webdesign n’est pas un art

J’ai le sentiment qu’il existe chez certains webdesigners la conviction d’être des artistes, et que les designs de sites web se doivent d’être des chefs d’oeuvres représentatifs de leur art. C’est complètement faux.

Le webdesign n’est pas un art.

Et c’est même tout sauf ça. En mars dernier, Christopher Butler expliquait ça très bien dans son article « Your ego is a bad designer » :

La différence fondamentale entre le design et l’art réside dans ceux pour qui chacun est au service. L’art est au service de l’artiste; c’est un véhicule d’expression de soi. A partir de là, il est au service des autres simplement en existant, en donnant de l’inspiration, en montrant ce qui est possible. Le design, à l’opposé, ne devrait jamais servir le graphiste en premier. Le graphiste rend toujours un service à quelqu’un d’autre. Le design est au service du client, et le processus de servir le client sert au graphiste. Contrairement à l’art, le design n’est pas un véhicule d’expression de soi. (Les designers peuvent s’exprimer à travers leur travail; le bon design n’en a pas besoin.) En d’autres mots, le design ce n’est pas totalement à propos de vous.

Vous pouvez détester autant que voulez les peintures de Picasso, les films de Tarantino ou la musique de Sufjan Stevens, ça n’enlève rien au fait que ce sont des artistes. Leurs oeuvres sont imprégnées de leur personnalité. Vous aimez ou vous n’aimez pas. Vous comprenez ou vous ne comprenez pas. Ça marche bien commercialement ou ça ne marche pas. Peu importe.

Par contre, si vos internautes ne comprennent pas comment fonctionne votre site, s’impatientent devant un formulaire super long à charger parce que vous avez cru bon d’utiliser des listes déroulantes personnalisées, ou bloquent devant des ombres physiquement improbables, ils sont tout à fait en droit de vous haïr personnellement.

Il y a déjà presque 5 ans, Jeffrey Zeldman (le papa de « A List Apart » et des livres « A Book Apart ») expliquait comment « Comprendre le webdesign » :

Le webdesign ce n’est pas le design de livres, ce n’est pas le design de poster, ce n’est pas l’illustration, et les plus grands accomplissements de ces disciplines ne sont pas le but recherché par le webdesign. Bien que certains sites web peuvent être des moyens pour diffuser des jeux et des vidéos, et bien que ces moyens de diffusions peuvent être agréables à regarder, de tels sites sont des exemples du design de jeux et du storytelling vidéo, pas du webdesign. Alors qu’est-ce que le webdesign ?

Le webdesign est la création d’environnements numériques qui facilitent et encouragent l’activité humaine; qui reflètent ou s’adaptent à des voix et des contenus individuels; et changent gracieusement au cours du temps tout en maintenant leur identité.

Répétez ça, en mettant l’accent :

Le webdesign est la création d’environnements numériques qui facilitent et encouragent l’activité humaine; qui reflètent ou s’adaptent à des voix et des contenus individuels; et changent gracieusement au cours du temps tout en maintenant leur identité. 

En juin dernier, l’excellent Benoït Meunier détaillait sur son blog le travail d’un (web) designer :

Votre travail n’est pas toujours aussi cool et amusant que vous pouvez le croire. Il est très souvent clérical. C’est aussi un travail scientifique de recherche, d’analyse. Vous êtes aussi un psychologue qui cherche l’écoute et non le prochain pitch. Vous connaissez aussi tous les recoins du projet par coeur. Vous en connaissez aussi les implications fiscales et l’évolution d’affaires ne vous est pas étrangère.

Votre travail demande aussi de regarder les statistiques, d’évaluer le comportement, de synthétiser des montagnes de données pour permettre une meilleure décision et par la suite, proposer d’enlever un lien, de modifier un titre, de faire des tests sur le meilleur adverbe d’un appel à l’action.

Votre travail c’est aussi ça.

Vous n’êtes pas Don Draper. Vous devez travailler fort, sur quelques pixels parfois pas très sexy mais cruciaux à une bonne expérience.

Vous êtes payé pour cela. Faites-le bien.

J’ai le sentiment qu’en France, la vue du webdesign comme un art est particulièrement accentuée  à cause du titre de « Directeur artistique ». Dans certaines agences web, vous pourrez rencontrer toute une bande de directeur et directrice artistique. Certains sont effectivement des directeurs artistiques, et suivent et dirigent des shoots photos, des conceptions vidéos, etc… Mais certains sont en réalité des webdesigners. Cette simple mention sémantique joue dans l’inconscient des clients et des webdesigners eux-mêmes que le webdesign a un rôle artistique.

Si vous êtes dans ce cas-là, arrêtez de vous appelez directeur artistique. Vous êtes peut être un designer d’Interface Utilisateur, ou alors un Architecte de l’Information. Mais sur le web, vous n’êtes pas un directeur artistique.

Le webdesign n’est pas un art.

  1. Gaël, le

    Vous pouvez ajouter le dernier livre de Mike Monteiro à vos références, chez A Book Apart // Eyrolles. Je l’ai englouti, et il est particulièrement acerbe sur le sujet que vous abordez.

    À titre personnel, je me considère et me présente comme webdesigner, mais… mon patron me cite, me présente et m’appelle « directeur artistique », ou encore « responsable de la création », et d’autres jolis noms qui n’ont pas de sens au vu de mon métier.

    Je suppose que ça flatte le prospect, que ça gonfle l’ego du client, mais dans la pratique je suis webdesigner, et j’en suis heureux.

  2. François "cahnory" Germain, le

    Ça me rappel le commentaire que j’avais laissé sur un ancien post (http://www.hteumeuleu.fr/project-glass/)

    Je partage entièrement cet avis, me rappel de discutions (pas forcément webdesign, mais le problème est plus généralement graphiste vs. artiste) où j’ai pu entendre du « on veut monter le niveau mais le client veut de la merde »… le genre de truc qui m’agace car oui, les buts premiers d’un graphiste ne sont pas de « monter le niveau », ni même de faire du beau mais, selon les contextes, de vendre, apporter une expérience utilisateur de qualité, transmettre un message,… et si les buts premiers sont atteint en générale on a pas de difficulté à faire passer un travail beau, de « haut niveau ».

    C’est beau une retournée au foot mais le but étant de gagner des match, un but marqué du plat du pied respecte plus le brief que 20 retournée arrière qui partent dans les airs. Maintenant si on veut se la jouer « moi je fait des retournées » rien n’empêche… tant qu’y a but.

  3. thomasmds, le

    Je suis pratiquement du même avis. Mais le soucis de cet article (je crois) c’est qu’il prend le problème à l’envers.

    Pour savoir si le « webdesign » peut être un art ou pas, il faudrait se lancer dans des explications et réflexions philosophique sur la question « qu’est ce que l’art ? ».

    Mais effectivement pour faire assez court et assez général, je pense simplement qu’on ne peut pas être un artiste (et donc faire de l’art) lorsqu’il s’agit d’un métier. Puisque qu’une création artistique doit être unique. Le métier ne le permet pas, on a des objectifs… bref ça vous l’expliquez très bien.

    Mais je pense qu’on peut très bien se retrouver dans une situation de devenir Artiste, si l’on créer un site web donc sans aucunes fonctions, sans aucuns but, à destination de personne, juste dans le but de créé une « oeuvre » visuelle unique.

    Je suis par contre tout a fait d’accord avec la conclusion, comme je l’ai dit précédemment, on ne peut pas être « Directeur artistique » dans un métier de création web.

    D’ailleurs à la base, le métier de « Directeur artistique », n’est pas d’être artiste ( ça n’existe pas ), mais bien de diriger des artistes.

  4. Gabriel C, le

    Personnellement, je connais extrêmement peu de designers – et encore moins de web designers- qui ont encore une once de prétention d’être un artiste. Et pour cause : ceux qui se prennent pour les Picassos du pixel mettent très vite la clé sous la porte, refoulés par des clients exaspérés ou des recruteurs polis mais fermes.

    Ensuite, pour l’anecdote : tu en remets un coup sur les ombres portées « improbables » et dis que l’internaute moyen va « détester » ça. Rassure-moi, c’est une boutade ? Pour info, 80% des internautes n’en ont rien à péter de l’ombre portée, 18 % considèrent ça comme un détail esthétique insignifiant, et au final il ne reste que 3 pelés et un tondu pour en être aussi révulsé par ce non-problème.

    Après, le passage sur les directeurs artistique est d’un flou artistique (ha ha) assez lyrique, et mélange beaucoup de chose dans un gloubi-blouga pas vraiment convaincant. Non, un DA n’est bien évidemment pas un artiste, et il y a très peu de gogos prêts à le croire – la plupart des DA web que je connais de près ou de loin sont des gens assez matures et au fait des réalités commerciales et créatives de leur profession.
    Le terme de DA (le métier) indique seulement une relation hiérarchique, un rôle à jouer dans le processus de création d’un produit digital. Un DA est bel et bien par essence un web-designer, mais dont le rôle est spécialisé au sein d’une équipe comportant d’autres maillons de productions (déclinaison). Quant au rapport à l’art, la DA touche indirectement l’art puisqu’elle fait appel à des notions de couleurs, de rythme, etc.

    Au final, je ne saisis pas vraiment le bien-fondé de ton billet, puisqu’il est basé :
    1) Sur un postulat que j’estime faux ou substantiellement exagéré (la propension à se qualifier comme artiste)
    2) Sur une analyse floue des métiers de DA & webdesigner et de leurs supposées répartition au sein des agences

  5. Gabriel C, le

    @ thomasmds Art ou pas art, la question est vertigineuse, et en ce qui me concerne j’ai trouvé un filtre qui me permet de séparer clairement les choses : selon ce point de vue, l’art a vocation à créer un œuvre unique, non-reproductible ; tandis que l’art appliqué, lui, né dans une logique industrielle, vise à créer des œuvres reproductibles à grande échelle. Sculpture = art, chaise = arts appliqués. ETc.

  6. Marie-Cécile, le

    Le webdesigner n’est pas un artiste, c’est un ingénieur qui doit savoir intégrer les contraintes de son métier, des plateformes, des utilisateurs et des usages pour servir l’objectif du site dont il va réaliser l’interface. C’est la dure réalité du métier, et je crois que les seuls « webdesignartistes » qui subsistent encore sont ceux qui, tous frais sortis des écoles, ont encore pas mal d’illusions en tête, prêtes à se briser sur les portes blindées de la réalité de la vie active :)

  7. Marie-Cécile, le

    Bon, après, sur le coup de l’ombre portée, elle ne m’a jamais parue irréaliste tout simplement car elle reproduit l’effet d’une feuille aux coins légèrement courbés, posée sur une table.
    La texture et les ombres participent au sentiment général de volume, en créant un lien avec le réel. Pour moi, c’est tout bénèf (uniquement si c’est fait intelligemment et bien intégré, évidemment !)

  8. Olivier Beining, le

    Complètement d’accord avec ton article.

    L’art : L’expression personnelle d’un individu.

    Le design : Une discipline qui permet de résoudre des problématiques données (Paul Rand)

    Partant de là, on ne peut pas faire de confusion des genres.

    Le terme Directeur Artistique est correct si on se base sur la véritable définition, celui qui donne un direction, qui guide ses autres collaborateurs. Après effectivement pour « guider » les autres, logiquement il faut de l’expérience.

    Le souci avec le nom de nos professions, c’est que ce sont souvent des anglicismes et en France on est pas foutu de respecter la définition première …

    Le Webdesigner est un concepteur d’interface homme machine, je sais dans notre monde Ouaibdézineur c’est un graphiste pour le web …

    Pourtant c’est clair comme définition, je ne sais pas pourquoi on en est là en fait …

  9. Cabaroc, le

    Je n’ai pas lu tous les commentaires mais directeur artistique ça n’a rien à voir avec l’Art, non plus…

  10. Laurent DEMONTIERS, le

    Bonjour,

    Moi non plus je ne connais pas beaucoup de webdesigners qui se prennent pour des artistes en production. En général dans les écoles d’arts plastiques ou d’arts appliqués on apprend la différence entre les deux. C’est un peu la base.

    Tu es peut être juste tombé sur une personnalité égocentrique qui ne supporte pas les critiques ou la remise en cause. On peut en croiser dans tous les corps de métier des comme ça, même chez les intégrateurs :-)

    Sinon il y a une petite précision à apporter: Le graphisme, le design, ou l’architecture sont des disciplines attachées à l’art appliqué et pas à l’art plastique, certes, mais elles bénéficient ainsi que leurs auteurs du cadre de la propriété intellectuelle et de la protection du droit d’auteur.

    Donc je ne sais pas si les webdesigners sont des « artistes » parce qu’on peut mettre ce qu’on veut derrière ce terme et qu’il n’a aucune existence légale. Par contre, je suis sur que les graphistes sont considérés comme des auteurs d’œuvres par le Code le la propriété Intellectuelle et qu’ils devraient bénéficier de la protection du droit d’auteur.

    Ce que je sais aussi, c’est que l’exaspération des webdesigners vient aussi du fait que leur droits ne sont jamais reconnus et qu’ils sont piétinés copieusement sans jamais aucune reconnaissance.

    Toujours selon le CPI et la jurisprudence, ce que le Droit d’auteur protège c’est « l’intégrité de l’œuvre ». Ca signifie que si une interface est modifiée sans que ça altère la « direction artistique » souhaitée par l’auteur ça ne pose pas de pb.

    Il y a problème lorsque que le travail du designer est dénaturé, modifié ou altéré jusqu’à perdre tout le sens que l’auteur y avait mis. Là concrètement, sur le plan légal c’est un délit de contrefaçon et une atteinte aux droits moraux de l’auteur.

    Il y a peut-être 1% de starlettes égocentriques chez les webdesigners, mais il y a surtout 99% d’auteurs dont les droits sont piétinés, et qui ne touchent aucune rémunération pour l’exploitation de leurs œuvres.

  11. sacripant, le

    Moi pas d’accord (il en faut 1 merde).
    enfin si, d’accord avec l’idée principale si on limite le design à la partie « Design fonctionnel ». Oui, un designer design le contenu, Oui il doit prendre en compte des problématiques techniques, ergonomique. Oui il est souvent plus un technicien qu’un « artiste », comme un typographe peut l’être par exemple.
    Mais cet article fait l’impasse sur le Design émotionnel.

    Alors c’est vrai que la migration des graphistes du print vers le web dans les 10 dernières années a été douloureuse. On a eu droit à des flopées de design « non fonctionnels ». Et du coup beaucoup de discours sur « un designer doit savoir coder »… « Arrêter de vous croire des artistes » etc.
    Mais tout est une question de cycles. Et dans quelques années on va avoir droit à des articles sur le manque d’émotion dans les interfaces web. Trop de sites ressembleront à Twitter parceque basé sur Bootstrap. La multiplicité des sites basées sur les même grilles, qui se ressemblent tous. Trop de conformisme et de banalité (la grille 960, beurk, j’en peut plus de la voir).

    L’expérimentation graphique, l’expression artistique doit avoir sa place dans la production web. Le Net Art peut être une source d’inspiration.
    Oui le webdesign, comme tout support d’expression a besoin d’art, d’artistes et d’œuvres imprégnées de personnalités.

  12. Benoît Meunier, le

    L’art peut être scientifique. Une formule mathématique, malgré toutes les règles imposées qui ne donne pas le droit à l’erreur peuvent nous proposer une image d’un monde complètement différent qui pourtant, est le même que celui dans lequel on vit.

    La conformité, c’est votre propre barrière, votre propre relativité. Mettez-y peu d’énergie et vous ne bougerez pas des masses.

    On se comprends?!

  13. yamo, le

    Si je peux me permettre, ce billet enfonce des portes ouvertes double-battant du XVIII° siècle, mélange des termes manifestement mal compris, impose une vision fantasmée d’un métier apparemment inconnu et conclut par un jugement, extrême, généralisant et faux.

    Dans le détail, il doit y avoir, allez, 4.7% des webdesigners les plus cons qui se prennent *effectivement* pour des artistes. Et ceux-là, en général, se prennent des cailloux de leurs confrères avant de finir dans le caniveau. Les autres savent très bien – au moins empiriquement – en quoi consiste le design (à savoir en résumé la conjonction et la résolution dans un tout cohérent des problématiques d’usage, de culture et de production)

    Il en va de même pour les directeurs artistiques , qui, au passage, ne font PAS le même métier.
    Un directeur artistique n’est pas un dirigeant qui se prendrait pour un artiste, un chef de rayon rêvant d’une carrière Place du Tertre.
    Un DA c’est celui qui impulse la *direction *du projet sur son volet *culturel et esthétique*. On parle de direction dans le sens « voie », pas « ordres », aussi il n’y a-t-il rien d’étrange ou de mégalomane dans le fait qu’on appelle DA quelqu’un qui n’a pas forcément de sous-fifres. Et on parle d’artistique pour simplifier la dénomination, exactement comme le font les anglo-saxons avec leurs art directors qui ne sont pas franchement connus non plus pour se prendre pour Dali. Et ce y compris dans « n’importe quelle agence web », dont il faut croire qu’on a pas eu l’honneur de cotôyer les mêmes représentantes (pourtant j’en ai vues un paquet, pour ma part).
    Quant aux « juniors », ils désignent tout simplement ceux qui occupent ce poste depuis moins de 4 ou 5 ans. Ici encore, une adaptation du vocable anglosaxon et ici encore pas de quoi s’esbaudir sur les termes comme tu le fais.

    Bref ces gens là ont un métier en soi, qui ne se résume pas plus au webdesign que celui du réalisateur tenant une caméra ne se résume à celui de caméraman.
    Et s’ils veulent s’appeler et se font appeler Directeurs Artistiques, ils ne vont sûrement pas s’en priver pour te permettre de ranger les métiers les gens en petits 0 artistes et petits 1 techniciens pour que tout soit bien propre. la rélaité de ce métier est un peu plus compliqué que artiste/pas artiste. Ne serait-ce que par la place qu’ont justement pris dansles faits les DA et graphistes au sein du paysage visuel moderne, et qu’on serait tout à fait en droit de comparer, pour voir, avec celle des artistes picturaux d’antan.

    Car j’ai un peu cette impression à lire ton billet en fait. Celle que sous prétexte d’affirmer une évidence (les designers ne sont pas des artistes tel qu’on entend ce terme, comment ne pas être d’accord ?) tu en profites gentiment pour nier tout aspect *effectivement* artistique (au sens culturel) à tout un pan des métiers de la communication.
    Si les webdesigners et les DA ne sont pas des artistes, dans le sens où leur travail répond avant tout à une fonction (ça on le sait tous aussi hein…), il n’en reste pas moins que leurs formation initiale relève des Arts Appliqués et que la culture (et en l’occurrence la culture graphique) est l’un de leurs outils principaux de travail.

    Et ce qui me gêne en fait, c’est que ce cri du coeur en plus d’être selon moi à côté de la plaque dans ses constatations donc, est carrément contre productif, car si j’ai pu constater un truc qui manque le plus souvent chez ceux qui souhaitent se lancer dans une carrière de webdesigner ou de graphiste (je veux dire par là, le truc qui manque le plus souvent), c’est bien au contraire de ce que tu dis la compréhension que ce métier EST AVANT TOUT CULTUREL.
    Que Photoshop, le CSS, la technique, les iMac super chers, tout ça c’est parfaitement secondaire et totalement inutile si l’on n’a pas une solide culture ARTISTIQUE (ciel ! j’emploie le Mot Interdit ! ) à exploiter dans sa compréhension des objectifs et leur traduction en produit de com.
    Ca manque, crois-moi, et c’est en outre assez difficile à rattraper quand on en a pas pris consience assez tôt ([TROLL], c’est un coup à devenir intégrateur [/TROLL]).

    Et c’est pour ça que ce billet m’embête parce que je me dis que si un jeune apprenti-graphiste ou DA en mal de repaire croise en plus ce genre de discours, il est franchement mal barré pour la suite.

    Merci de m’avoir lu.

  14. sebastien, le

    Complètement d’accord avec Yamo et une fois de plus ton article sombre dans le jugement à l’emporte-pièce.
    J’ai une formation d’architecte et je suis aujourd’hui webdesigner, et dans les deux cas, je gère des projets et je retrouve dans l’un et l’autre de ces deux métiers des choses communes, dont l’une est le besoin, la nécessité, d’avoir un bagage culturel important et une compréhension réelle de l’évolution artistique de nos domaines d’activité. Ensuite, la technique, l’ergonomie etc… ce sont des moyens de formalisations, qu’il faut manier avec dextérité et talent.

  15. Lanza, le

    Le pire ennemi du webdesign reste le client, qui veut trop souvent ajouter sa touche personnelle à son œuvre d’art.

    Snif.

  16. Rémi, le

    J’ai mis à jour mon article, principalement pour modifier des tournures de phrases et éclaircir mon propos et supprimer la généralisation maladroite du dernier paragraphe (l’ancienne version est disponible ici).

    Mon article n’est pas une tirade contre « les vrais » directeurs artistiques. C’est une profession comme une autre.

    Mon propos, c’est que le webdesign n’est pas un art. Ça ne signifie pas qu’il n’emprunte pas certains aspects d’autres arts. Ça ne signifie pas non plus que des artistes ne peuvent pas l’utiliser comme support. Ça ne signifie pas non plus que personne ne puisse trouver un attrait personnel et émotionnel dans ce que vous faites.

    Par contre, ça signifie que quand vous travaillez sur le design d’un site, vous devez répondre des critères cartésiens, et répondre à des objectifs clairs. Et ce, quelque soit le type de site : portfolio, institutionnel, jeu concours, e-commerce… Si vous perdez ça de vue, alors vous ne faites plus du webdesign, mais vous faites (ou essayez de faire) de l’art. J’ai lu sur Twitter des commentaires qui essaient de différencier le design d’UI du webdesign. Si vous faites du webdesign, vous faites des UI. Les deux sont indissociables.

    Ça m’arrive vraiment souvent de voir sur des maquettes de webdesigners (des bons comme des mauvais) des petits effets par-ci par-là, ou des mises en page maladroite, qui me font dire qu’ils ont plus fait appel à leur personnalité qu’à une vraie notion de webdesign.

    Comme l’a souligné yamo, ça ne vous empêche pas d’avoir un bon bagage culturel. Mais ça, c’est valable dans n’importe quel domaine (et ça vaut tout autant pour l’intégration). Le tout est de bien comprendre le web et le webdesign, avant de pouvoir utiliser à bon escient ce bagage.

  17. yamo, le

    Désolé si je m’accroche, je vois bien que tu essaies de faire un effort, mais ça s’arrange pas vraiment, au contraire.
    Pour être tout à fait franc j’hallucine même un peu.

    « Mon propos, c’est que le webdesign n’est pas un art. »
    >> Oui, c’est le titre de ton article et ça, comme je l’ai déjà dit, tout le monde ici le sait. Si tu n’écrivais que ça je serais pas là à te répondre. Sauf que ton propos va beaucoup plus loin et c’est sur toutes ces extrapolations-là que tu te perds complètement.

    « Par contre, ça signifie que quand vous travaillez sur le design d’un site, vous devez répondre des critères cartésiens, et répondre à des objectifs clairs. Et ce, quelque soit le type de site : portfolio, institutionnel, jeu concours, e-commerce…  »
    >> Je ne sais pas ce que sont des critères cartésiens mais oui, le design répond à des objectifs. Et le feu brûle et l’eau mouille, oui, on est ok. La suite.

    « Si vous perdez ça de vue, alors vous ne faites plus du webdesign, mais vous faites (ou essayez de faire) de l’art. »
    >> Ah, non. Un designer qui perd de vue ses objectifs ne fait pas « de l’art », il fait de la merde (et j’ajoute qu’il ne le fait pas bien longtemps).
    Maintenant à moins de considérer les deux comme équivalents, ce que je commence à me demander si c’est pas exactement ce que tu penses en fait, il me semble important de ne pas les confondre.

    « J’ai lu sur Twitter des commentaires qui essaient de différencier le design d’UI du webdesign. Si vous faites du webdesign, vous faites des UI. »
    >> Je ne comprends pas ta phrase. Il est évident que webdesign et design d’UI ne sont pas la même chose pusique le premier est une sous-catégorie du second, qui en comporte des tas d’autres, donc il est parfaitement logique de les différencier.
    Où est le problème ?
    Et à vrai dire au-delà de ça, quel rapport ? Oublions.

    « Ça m’arrive vraiment souvent de voir sur des maquettes de webdesigners (des bons comme des mauvais) des petits effets par-ci par-là, ou des mises en page maladroite »
    >> Voilà, nous attaquons enfin le fond du problème.
    Mettre sur un pied d’égalité, dans la même liste, « petits effets » et maladresse, comme si les premiers relevaient du défaut par principe, me pousse à croire de plus en plus dans ce qui se dessine depuis que j’ai lu ton article (et quelques autres sur ton blog), à savoir que tu n’aimes tout simplement pas le design.
    Ou plutôt, c’est quelque chose qui t’es complètement étranger, qui te fait un peu peur, qui est pas catholique en somme. Je pense que dans ton web idéal, les « petits effets » (et a fortiori les gros) tout comme la personnalité graphique seraient tout simplement bannis des bonnes pratique parce que, ben c’est sale et rien ne vaut une bonne charte css à tendance blanche avec des puces carrées en guise de grain de folie.
    Tu ne comprends pas de quoi il est question dans le graphisme. « Media is the message », tout ça c’est invalid argument. C’est pour ça que tu n’arrives pas à différencier le rôle d’un DA de celui d’un webdesigner, et que tu ne vois ces derniers finalement que comme des intégrateurs qui font un peu trop les cons.
    Je ne m’attends pas à ce que tu sois d’accord avec cette analyse de ta prose mais pour ma part je trouve que ça commence à méchamment crever les yeux. D’autant que des gens du métier qui pensent pareil et ne s’en cachent pas y’en a plein les forums d’intés donc c’est pas non plus la découverte du siècle.

    Je précise ici que je connais un bon nombre de développeurs ou d’intégrateurs qui sont parfaitement à l’aise avec les notions de design, de culture, de « beau » ou de « pas beau » et avec lesquels c’est un plaisir d’échanger ou de collaborer sur ces questions. C’est donc pas une fatalité, juste toi t’en fais pas partie, voilà.

    « qui me font dire qu’ils ont plus fait appel à leur personnalité qu’à une vraie notion de webdesign. »
    >> A cet instant précis j’hésite entre m’exclamer « CQFD » ou alors « WHAT THE FUCK ».
    La personnalité boutée hors de la « vraie notion de webdesign »… La personnalité (et donc la créativité) considérée comme antinomique du design.
    Voilà, tout est dit – et tout s’explique au passage – et j’ai pas besoin d’en rajouter.
    Je vais pas parler de création, d’oeuvre originale en tant que définie par l’empreinte de la personnalité de son auteur, ni de réappropriation des codes et influences à la lumière de son vécu pour créer sa propre voix qui touchera mieux ses contemporains, et répondra ainsi encore plus efficacement aux objectifs du design, ni rien de tout ça.
    La personnalité ne fait pas partie du design. Le design c’est fonction, production, et y’avait un autre tiers il paraît mais on s’en fout, voilà.

    « Comme l’a souligné yamo, ça ne vous empêche pas d’avoir un bon bagage culturel. »
    >> En effet, c’est exactement ce que j’ai dit :/
    J’ai même lu une fois qu’être routier ça n’empêchait pas d’avoir son permis de conduire. Alors amis routiers, pensez-y à l’occasion, ça mange pas de pain.

    « Mais ça, c’est valable dans n’importe quel domaine (et ça vaut tout autant pour l’intégration). »
    >> Non, la culture dans le design n’y est pas importante comme elle est importante dans n’importe quel autre domaine, elle y est absolument cruciale et centrale, bien plus qu’ailleurs.
    Et non, ce n’est pas pareil avec les intégrateurs, car à ce que j’en sais l’essence même du métier d’intégrateur n’est pas de manier du matériel culturel pour en faire un support émotionnel de messages. Je crois et je répète que cette essence c’est ce que tu n’arrives précisemment pas à comprendre dans le métier de DA, de webdesigner, de créatif quel qu’il soit, et c’est ce qui cause toutes ces confusions et erreurs dans ton article (quelle qu’en soit la version).

    « Le tout est de bien comprendre le web et le webdesign »
    >> Je ne te le fais pas dire. N’hésite pas il n’est jamais trop tard.

    Sur ce, bonne nuit.

  18. thomasmds, le

    @Gabriel C , oui effectivement tu reprend presque ce que j’ai voulu dire. Mais tu es trop tranché sur le sujet. La limite avec l’art est bien plus vague et compliquée. Que fais tu de la sculpture qui représente une chaise. En fait, c’est pas vraiment l’objet final qui signifie que c’est de l’art ou pas, mais plutôt la façon dont il a été créé.

    Je pense que tout objet (ou création) qui peut être réédité grâce à un « plan » donc grossièrement la chaise, mais faite par un industriel n’est pas un art.

    Quelqun qui va créé une chaise sans le but final de la vendre, c’est à dire juste pour créer, sans suivre de plan de fabrication, en y allant « au hasard » alors il créera un objet unique qui est de l’art.

    La nuance est compliquée. Il faut l’avouer, et au final c’est cet article qui ne va peut être pas assez loin, et qui part dans des conclusions un peu trop hâtives.

  19. Rémi, le

    @yamo : Je pense qu’on est d’accord sur beaucoup de points, mais j’ai l’impression que la vision que tu as de moi comme « l’intégrateur-qui-déteste-les-designers-et-veut-tous-vous-voir-mourir » déforme à tes yeux tout ce que je peux dire. On est d’accord sur le fait que le webdesign n’est pas un art. On n’est juste pas d’accord sur le but et le rôle du webdesign. Et c’est ok, vraiment. On n’a pas à être d’accord sur tout.

  20. coreygraphe, le

    Pour moi aussi le débat n’a pas (plus) lieu d’être:
    – sujet. A l’heure des reflexions: sur un design simplifié pour une meilleure utilisation, d’un esthétisme différent pour créer une préférence, de plateforme pervasive dans un but omnicanal, de l’idée que chaque objet peut délivrer un message par son affordance,…
    – Analyse: prendre des données, même correctes, hors de leurs contexte est non pertinent (extrait de livres qui démontrent des convictions plus globales que le sujet).

    Apres on peut mettre du Premier design, UI design pour l’intitulé de poste si on veut… mais il faut de l’ego pour délivrer un objet créé critiquable par un grand nombre.

    Au passage limiter le rôle d’un web designer a « technicien » n’est pas plus pertinent.

    Le retour d’un graphiste faisant du web design orienté (ou pas) commerce et Marques, de la DA, de l’illus, de l’animation, ….

  21. borisforconi, le

    Moi je pensais être webdesigner, et pourtant il m’arrive de diriger des shoots photos, des conceptions vidéos, etc. et même parfois, je dois trouver des concepts de communication et les exprimer sur le web. J’ai bien lu tout attentivement, et… j’ai vraiment peur d’avoir attrapé la direction artistique, ou au moins les premiers symptômes. Je n’ose pas en parler à mon entourage et j’ai peur que mes parents ne l’apprennent. Je n’ose pas non plus aller voir un médecin, j’ai bien trop honte. Aidez moi.

  22. Cabaroc, le

    Je ne sais pas si tu détestes les designers, mais ce qui est flagrant quand on lit plusieurs articles de ton blog, c’est que tu ne comprends absolument pas ce qu’est ce métier.

  23. yamo, le

    Rémi, je voudrais bien te croire, mais c’est difficile.
    Opposer personnalité et design, ou prétendre que le métier de graphiste n’est pas plus culturel que n’importe quel autre, c’est toi qui l’a fait texto, pas moi.

    Et ces points-de-vue même si tu les minimises, sur quel compte les mettre sinon sur celui d’une vision au pire défiante, au mieux totalement ignorante (c’est ça que je dis) du métier et de la place des créatifs du secteur ?

    On n’a effectivement pas à être d’accord sur tout (heureusement), néanmoins je pense que dans tous les cas avant de théoriser sur un métier et – parce que c’est un peu ce que tu fais dans ton premier billet, appelons un chat un chat – de donner des leçons aux gens qui le pratiquent, la moindre des choses est de le connaître. Au-delà des aprioris de fête foraine j’entends.

  24. pascal weber, le

    Vaste débat. Difficile d’évacuer l’art du design puisqu’ils se servent des mêmes outils. Le design fait partie des arts appliqués. Mais effectivement lorsqu’on fait de l’art appliqué on n’est pas artiste mais artisan. Tout le talent d’un artiste consiste à exprimer sa personnalité et sa propre vision du monde tandis que le talent d’un designer va consister au contraire à se mettre au service de l’utilisateur tout en véhiculant la vision du monde de son client. Si le webdesign consistait simplement à faire de l’ergonomie, le webdesigner serait inutile : le visiteur n’aurait qu’à choisir le navigateur qui lui convient, le paramétrer à sa convenance et basta. Il n’y aurait plus besoin de sites ni de design. Des flux de données seraient suffisants. Or on fait des sites et on fait du design. Car un site n’est pas qu’au service du visiteur. Il sert également l’image de l’éditeur, ce qu’il désire communiquer sur sa marque, ses services. Et cet aspect que doit également gérer le webdesigner ne tient pas de la raison mais de l’émotion. C’est précisément là que le designer doit effacer sa propre personnalité pour exprimer celle de son client. C’est là que réside son talent.

  25. yamo, le

    borisforconi > W3C matin et soir pendant deux semaines + lecture de Jakob Nielsen avant le coucher et ça devrait vite se soigner, ne t’inquiètes pas.

  26. yamo, le

    En un mot comme en cent : « le webdesign n’est pas un art » non, mais le webdesign c’est de la culture.

    Revendiquer et chérir cet aspect culturel n’est ni la marque d’un égo mal placé ni la preuve qu’on se prend pour un artiste. Ça, les graphistes le savent, à la différence d’une *partie* de leurs collaborateurs (certains chef de projets, commerciaux…. et intégrateurs) qui s’acharnent à ne considérer le design que comme une couche technique d’un genre un peu particulier.
    Cette vision est biaisée et limitée. On peut et on doit s’y opposer – comme je le fais ici – si l’on souhaite que notre métier soit compris pour ce qu’il est.

  27. ceegee, le

    Heureusement qu’au contraire, le design (et donc le webdesign) ne se résume pas à la technique et l’ergonomie. Mais ça arrangerait pas mal de gens que ça le soit ceci dit (allez hop un entrainement intensif sur photoshop, 2 bouquins d’html css et js et basta). Heureusement que c’est plus complexe et plus sensible !

  28. STPo, le

    Rémi, à la lecture de tout ceci j’ai l’impression que le fond du problème c’est que tu considères le travail graphique comme une surcouche de peinture gratuite sur du HTML. Je ne sais pas pourquoi, mais tu refuses le fait qu’une bonne DA sert son projet autant qu’un code bien écrit, et que les “fioritures” que tu honnis tant ont bel et bien une fonction, et pas uniquement technique : renforcer le propos, situer le projet dans un domaine, clarifier son positionnement, à qui il s’adresse, etc. Ce n’est PAS gratuit, ce n’est PAS pour se faire plaisir sur Photoshop : c’est pour servir son sujet, en utilisant d’autres outils que des mots ou des balises.

    Alors oui, une bonne créa ne se juge pas sur des critères cartésiens ou avec des checklists Opquast, mais on peut assez facilement (avec le bagage nécessaire) décréter qu’elle répond (ou pas) aux objectifs fixés dans le brief créatif.

  29. iManu, le

    Pour moi, le métier se pose plus en terme d’artisan que d’artiste.
    Un artisan construit des objets utiles et beaux, il a un vrai savoir faire. Un artiste exprime des idées et la technique importe peu.
    Chacun a un sens développé du rapport au public que l’oeuvre (dans les deux cas on parle d’oeuvre) va susciter, mais ce n’est pas le même domaine d’application ni la même finalité.

    En apparté, attention à la tendance… Certains blogueurs font des postulats, des manifestes sur les nouvelles pratiques des nouvelles technos avec des philosophies qui sont supposées devenir des écoles.
    Imiter Luke Wroblewski, Paul Irish, Jeffrey Zeldman et moulte consors pourquoi pas mais encore faut-il comme eux proposer des concepts et ouvrir le débat et non pas poser des dogmes, faire germer des obédiences et opposer les uns aux autres.
    Je pense que toutes les idées sont bonnes a exposer mais de grâce, laissez les affirmations dans la culotte et proposez des approches ouvertes. Libre à chacun d’en faire son drapeau et conquérir le monde, houba.

  30. Twikito, le

    Ma première réaction à ton article s’est faite dès la lecture du titre… j’était outré !
    J’ai tout de même essayé de comprendre ton point de vue, mais rien n’y a fait. Comment peut on affirmer que le design n’est pas un art ?! — Oui parce que le web design est bien le design appliqué au web (et ses contraintes), donc une sous catégorie du design en général.

    Pour éviter tout débordement éventuel et prématuré de ta part, je précise que je parle en toute connaissance de cause : je suis web designer et intégrateur (et UI UX designer d’applications mobiles plus récemment), donc je connais les 2 revers de médaille que tu sembles tant vouloir dissocier.

    Le problème est que tu oublies, volontairement ou non, ce qu’est le design, en son sens premier.
    Loin de moi l’idée d’avoir la prétention de pouvoir te l’apprendre : je vais te diriger vers la plaidoirie en faveur de ce mot par Geoffrey Dorne (que j’espère tu connais) > http://soundcloud.com/geoffreydorne/pourquoi-en-france-on-ne
    Ne t’inquiète pas c’est pas long, seulement 3 minutes de ton temps.

    Après cela, si tu n’as toujours pas compris que le design est bel et bien un art, celui de servir un objectif, je ne saurai plus quoi faire.

    Sois seulement conscient de tout ce et ceux que tu dénigres en affirmant de tels propos.

  31. garifuna, le

    Sur tous les webdesigners rencontrés lors de multiples projets, au moins un sur deux se considérait effectivement artiste et ne se mettait pas nécessairement au service du client, avec des orientations « critiquables » en terme d’ergonomie/conversion ou, plus décevant, n’était pas à même d’argumenter ses parti pris.
    J’ai toujours considéré un bon webdesigner comme un « artisan » (et non comme un artiste) qui mettait son savoir-faire, son expérience au service du projet : c’est simplement là qu’on reconnaît le professionnel.

  32. Bartdude, le

    Twikito > L’art de ceci, l’art de cela, c’est une figure de style… Quelqu’un de très doué pour profiter des ses amis, même si l’on dira de lui qu’il « a l’art de se faire offrir des trucs », n’est pas pour autant un artiste…

    Je pense que se rapprocher du terme artisan, plutôt qu’artiste, est judicieux. On n’est en effet pas dans la création pour la création, (Une sculpture en bois par exemple) mais dans la création « utile » (une table réalisée par un ébéniste, par comparaison).

  33. yamo, le

    « Sur tous les webdesigners rencontrés lors de multiples projets, au moins un sur deux se considérait effectivement artiste et ne se mettait pas nécessairement au service du client »

    >> Minute minute. On retombe dans la même ornière « je fais pas mon travail = je fais de l’art ».
    Tu leur as demandé à ces gars ? À un moment ou un autre de votre collab’, un mec sur deux t’a dit « Moi je me considère comme un artiste » ? En vrai ?
    Ce serait pas plutôt toi qui extrapoles leur ressenti par rapport à leurs réactions non conformes à ce que tu attendais d’eux, et qui en conclues que puisqu’ils cherchent à faire passer leur vision du projet, ils se prennent nécessairement pour des artistes ?

    Moi il m’est arrivé de rencontrer des intégrateurs qui se mettaient pas au service du projet. Qui cherchaient surtout à rester dans leur façon de faire parce qu’ils considéraient que c’était la seule valable et ne justifiaient pas leur position autrement que par des arguments éludés ou des réponses butées. Dois-je en conclure que ces intégrateurs se considéraient comme des artistes ?

    Ce n’est pas une question rhétorique, je la pose vraiment. Je veux bien une réponse.
    Parce qu’en attendant pour être parfaitement honnête, voilà surtout ce dont j’ai l’impression : Quand un intervenant de la chaîne est mauvais (incompétent, pas à l’écoute, etc), on dit qu’il est mauvais. Mais quand ce presta est un graphiste ou un designer, on dit qu’il se prend pour un artiste. Et on en profite dans la foulée pour généraliser sur les graphistes « qui se prennent dans la MOITIÉ des cas » voire soyons fous « dans TOUTES les agences que je connais et oups j’édite mon billet de blog car ça se voit trop que je préjuge » pour des artistes, et décrédibiliser de façon bien pratique leur avis d’expert culturel – qu’on le veuille ou non – sur la question.
    J’ai l’impression que le coup de « l’artiste » est parfois un moyen bien pratique d’évacuer un avis à prendre en compte au même titre que tous les autres, mais qui fait chier car il implique plus de nuances, de réflexion et parfois de complications pour les autre intervenants.

    Pour ma part si tu le permets je pense que tout ça c’est des grosses conneries. Un graphiste sur deux ne se prend pas pour un « artiste ». La plupart du temps, il tient seulement à ce que son point de vue culturel sur la réponse à apporter au client soit respecté, ne soit pas broyé et relégué en arrière plan par les autre contraintes du projet (l’intégration, les plateformes, le budget, la frilosité client, l’audience, les ci et les ça) qu’on a tendance à considérer comme plus « sérieuses » pour la seule raison qu’elles sont plus facilement évaluables.
    Il cherche juste à ce que le projet garde un semblant d’INTEGRITÉ créative, parce qu’il a été élevé et formé à ça, et parce qu’il est persuadé que cette intégrité est perçue par la cible et sert le propos du client… C’est pour ça qu’il est là même s’il est séduisant pour ses collaborateurs de l’oublier.

    Alors certes il y a des tas de graphistes/designers qui sont mauvais, j’en conviens plus qu’aisément. Mais comme je le disais plus haut, ils sont justes mauvais, point. Laissez les artistes tranquilles, et surtout laissez vos préjugés de côtés.

  34. Kilo, le

    Un jour j’ai demandé une ombre portée sous un texte à intégrateur.

  35. elo, le

    Juste pour ajouter ma petit pierre à l’édifice bien que je rejoigne complètement les présisions de yamo sur ce sujet.
    Difficile de ne pas se sentir un peu reniée et dévalorisée dans son travail en lisant ton article !
    Je me définit selon toi à tort, comme d’autres webdesigner, en tant que « Directrice Artistique ». Cela m’a pris du temps avant de m’auto proclamer ainsi (en tant que free c’est pratique on met ce qu’on veut) mais comme borisforconi je me suis trouvée à élargir mon domaine d’intervention bien au delà de ce que tu semble définir comme « une surcouche de peinture gratuite sur du HTML. » pour reprendre STPo.
    Il se trouve qu’aujourd’hui les clients qui veulent monter leur business passent directement par la case web (forcément) et de ce fait ils me contactent en tant que webdesigner, parce qu’ils souhaitent élaborer leur stratégie de com ainsi que la définition de leur image de marque en meme temps.
    Dans les faits en tant que webdesigneuse cela veut dire orienter le client et son positionnement, à travers une expression graphique et visuelle, son image, son logo, les médias qu’ils va utiliser, le ton ….
    Le travail du webdesigner comprend une dimension artistique au service du client et de sa stratégie à mon sens par le fait aussi que souvent le site web va être le premier outil de communication et donc d’existence d’une marque / ou d’un client.
    Je pense surtout qu’il y a beaucoup d’amalgames car tout simplement aussi, entre graphiste, webdesigner, directeur artistique, érgonome, intégrateur, developpeur ce sont beaucoup de différents métiers que peut revêtir une seul et meme personne, en rassemblant ceci sous le terme générique de web designer ou directeur artistique ou autre, dans le seul et unique but de « rentrer » dans une case à un moment pour ne pas trop embrouiller les clients ou prospects qui sont loins de pouvoir saisir pour la plupart toutes ses nuances….il faut bien sûre préciser souvent au cas par cas l’étendu de nos domaines d’interventions à ces derniers….

  36. gludion, le

    La musique, l’écriture et le dessin, ce sont des arts, mais 99% de la production est pour des clients ou à but commercial.
    De plus il y a des activités qui ne sont pas considérées comme un art à un instant T mais qui donnent ce qui par la suite (quelques siècles) sera considéré comme des oeuvres d’art (ex: jouets, armures, robots japonais,…).

    Donc je pige pas cette distinction entre ce qui est art ou pas. On s’en fout, non?

    Le seul truc que j’ai pigé, c’est qu’il y a des profits (économiques, politiques, juridiques, ou symboliques) à se faire sur les différences d’appréciations de ce qu’est l’art ou non (par exemple le jeu vidéo fait valoir cette argument pour avoir des crédits d’impôt).
    Mais ça relève du social et n’a rien à voir avec l’activité elle-même.

    L’analyse sera d’autant plus pertinente (et moins trollistique) que le sujet est lucide sur sa propre position (qui parle? quel intérêt représente-t-il? dans quelles luttes?). C’est d’ailleurs assez rare.

    Un des plus beaux exemples de vautrage massif à propos de l’art:
    http://blogs.suntimes.com/ebert/2010/04/video_games_can_never_be_art.html

  37. yamo, le

    « La musique, l’écriture et le dessin, ce sont des arts, mais 99% de la production est pour des clients ou à but commercial. »

    Tout à fait.
    Voilà pourquoi dans la plupart des cas (sauf chez les inspecteurs des impôts), on s’accorde à convenir que ce qui distingue le design de l’art réside dans la nature des contraintes et objectifs qui y sont imposés (l’usage et la production pour le design, d’autres assez variables pour l’art).
    Ça reste une façon de le définir parmi d’autres, et une frontière arbitraire, très poreuse, finalement plus posée là par protocole qu’autre chose, et voilà pourquoi on pourrait en débattre indéfiniment, c’est clair.

    Là où je m’insurge par contre, c’est quand on adopte une position extrême et dénuée du moindre bon sens en niant toute dimension artistique (je préfère donc dire culturelle) aux métiers du design. C’est une aberration, il suffit d’ouvrir les yeux pour s’en rendre compte.

  38. Julien B., le

    Allez ; je m’y mets, moi aussi. En commençant, pour faire sérieux et cultivé, par une bonne vielle citation. Le design : une attitude, pas une profession. — László Moholy-Nagy, Vision in Motion (1947).

    Le design est un champ de la création et de la pensée, qui possède une histoire, des références, des pratiques. Il s’inscrit dans la sphère sociale et culturelle tout autant que dans l’histoire des arts et des techniques. C’est un art de la commande intrinsèquement lié à l’objet qu’il promeut. Inséparable, donc, du lieu, du moment, du public auquel il s’adresse et du support qui le diffuse. Le webdesign en cause ici n’est *rien d’autre* que du design. Le support peut changer, pas l’attitude.

    Jetez un œil à http://www.graphicdesignquestcequecest.com/?defaut/liste, surtout vers le bas de page. Vous y trouverez des propositions opposées et complémentaires, qui embrassent les différentes réalités, les différentes approches, qui font la richesse de cette discipline. Cherchez Robial, Ruedi Baur, Thierry Chancogne, Vincent Perrottet ou Formes Vives.

    Les questions « techniques » (matériau, économie, usage, w3c) sont intimement liées au processus. Au même titre que l’ambition esthétique, que la vibration sensible, que la proposition culturelle. Un designer qui oublie l’un ou l’autre de ces aspects n’en est pas un. Encore moins un artiste. (Que vient faire l’art ici, d’ailleurs ? nulle part il n’en est question.)

    Il y a déjà bien trop de commentaires ici. Et ce n’est sans doute pas le meilleur lieu. Il est bon, quoi qu’il en soit, que le débat ait lieu.

  39. Julien B., le

    Parce que, quand même, ça fait du bien de relire ça et que vous n’irez sans doute pas le lire ailleurs, un extrait du texte du vieux László. Qui, en outre, permet d’élever et d’élargir un peu le débat…

    Le design : une attitude, pas une profession.

    Le design a de nombreuses connotations. Faire du design c’est utiliser des matériaux et des processus de telle manière que leur organisation soit la plus productive et la plus économique possible et que tous les éléments nécessaires à une fonction donnée y soient intégrés de façon harmonieuse et équilibrée. Le design n’est donc pas une simple question d’apparence. Il renvoie en réalité à l’essence des produits et des institutions; il exige une démarche à la fois pénétrante et globalisante. Il représente une tâche complexe qui nécessite d’intégrer aussi bien des critères technologiques, sociaux et économiques que des données biologiques et les effets psychophysiques produits par les matériaux, les formes, les couleurs, les volumes et les relations spatiales. Faire du design, c’est penser en termes de relations. C’est appréhender le cadre et le coeur des choses, les buts immédiats aussi bien que les buts ultimes, dans le sens biologique du terme en tout cas. C’est ancrer la spécificité d’une tâche dans une globalité complexe. Le designer doit être formé non seulement à l’utilisation de divers techniques et matériaux mais aussi à une réflexion concernant leurs fonctions organiques. Il doit savoir que le design est indivisible, que les caractéristiques internes et externes d’un plat, d’une chaise, d’une table, d’une machine, d’un tableau, d’une sculpture ne peuvent être disjointes. Il faut faire en sorte désormais que la notion de design et la profession de designer ne soient plus associées à une spécialité, mais à un certain esprit d’ingéniosité et d’inventivité, globalement valable, permettant de considérer des projets non plus isolément mais en relation avec les besoins de l’individu et de la communauté. Aucun sujet, quel qu’il soit, ne saurait être soustrait à la complexité de la vie et traité de manière autonome.
    Le design est présent dans l’économie de la vie affective, dans la vie de famille, dans les rapports sociaux, dans l’urbanisme, dans le travail que nous faisons ensemble en tant qu’êtres civilisés. Finalement le grand problème qui se pose au design est qu’il doit servir la vie. Dans une société saine, cette exigence devrait avoir pour effet d’encourager toutes les professions à jouer pleinement leur rôle puisque ce sont les rapports qu’elles entretiennent entre elles qui donnent à une civilisation ses qualités particulières. Cela implique donc que chacun s’acquitte de sa tâche avec la largeur de vue d’un vrai designer, c’est-à-dire en essayant toujours de l’intégrer dans un cadre plus vaste. Cela implique par ailleurs la disparition de toute hiérarchie entre les arts (peinture, photographie, musique, poésie, sculpture, architecture). Aucun domaine ne doit plus être privilégié, pas plus celui de l’esthétique industrielle qu’un autre. Chacun d’eux vaut par lui-même en ce que le design peut y accomplir la fusion de la fonction et du contenu.

    Source : http://www.inbox.fr/fr/files/moholy_nagy_design.pdf / Marc Wathieu, http://www.multimedialab.be/doc/textes.htm

  40. Emmanuel, le

    N’oublions que la plus part de ce que nous conciderons comme oeuvre
    D’art (peinture, sculpture, etc) n’etait ni plus ni moins que des
    Commandes de clients souvent utilisés comme démonstration de leur grandeur (soit comme outil de communication) je pense au « sacre de Napoleon » de david, par exemple! Allez dire aujourdhui que cette toile exposé au louvre nest pas une oeuvre d’art! Aujourdhui, nous utilisons de nouveau media de communication, et internet, nouvelle technologie en est un. Lexpression plastique na jamais été interdite dans le soutiens dun projet commerciale a ce que je sais! Bref. Vouloir dissocier commerce et art est visiblement pas de lavis de tous, mais est surtout un autre débat.

  41. kacy, le

    ça trolle a mort… t’aurais dû infuser un p’tit truc sur l’utilisation des macs, ton site aurait pris feu :P