« Laisse moi cinq minutes »

Jason Fried, patron de 37signals, « Laisse moi cinq minutes » :

Il y a quelques années j’étais une tête brulée. Dès que quelqu’un disait quelque chose, je trouvais un moyen d’être en désaccord. Je repoussais durement une idée si elle ne rentrait pas dans ma vision du monde.

C’est comme si je devais être le premier avec une opinion, comme si ça signifiait quelque chose. Mais ce que ça signifiait vraiment c’est que je ne réfléchissais pas assez au problème. Plus vite vous réagissez, moins vous réfléchissez. Pas toujours, mais souvent.

C’est facile de parler de réactions spontanées comme si c’était quelque chose que seuls les autres avaient. Si votre voisin n’est pas immunisé, vous non plus.

Ça m’est venu à l’esprit en 2007. Je donnais une conférence au Business Innovation Factory à Providence (dans le Rhode Island). Tout comme Richard Saul Wurman [fondateur de TED]. Après ma conférence, Richard est venu se présenter et complimenter ma présentation. C’est très généreux de sa part. Il n’avait assurément pas à faire ça.

Et qu’est-ce que j’ai fait ? Je l’ai repoussé en lui parlant de sa conférence. Pendant qu’il présentait ses idées sur la scène, je faisais un inventaire des choses avec lesquelles je n’étais pas d’accord. Et quand j’ai eu l’opportunité de parler avec lui, j’ai rapidement repoussé certaines de ses idées. J’ai dû passer pour un tel trou du cul.

Sa réponse a changé ma vie. C’était quelque chose de simple. Il a dit « Mec, laisse moi cinq minutes. » Je lui ai demandé ce qu’il voulait dire par ça ? Il m’a dit que c’était bien d’être en désaccord, c’est bien de repousser des idées, c’est super d’avoir de fortes opinions et croyances, mais laisse un peu de temps à mes idées pour s’installer avant que tu ne sois sur de vouloir débattre contre elles. « Cinq minutes » voulait dire « réfléchir », et non pas réagir. Il avait absolument raison. J’arrivais dans cette discussion pour chercher à prouver quelque chose, et non pas pour apprendre quelque chose.

J’hésite à rendre cette lecture obligatoire avant de laisser des graphistes, des fans de Flash, ou des fans d’Android commenter sur mon blog.

  1. DuaelFr, le

    T’as des soucis avec les fans d’Android ou avec les fans tout court ? ;)

  2. Rémi, le

    Ah ah, non pas du tout. C’est juste que quand on est fan de quelque chose, on a tendance à réagir, et non réfléchir.

  3. Jill-Jênn, le

    Je suggère « Accorde-moi cinq minutes. » comme traduction. Sinon, ça peut être interprété comme « WOW mec, attends, laisse-moi cinq minutes pour récupérer. » :)

  4. bobi32, le

    « J’hésite à rendre cette lecture obligatoire avant de laisser […] des fans d’Android commenter sur mon blog. »

    Mec, laisse moi cinq minutes.

  5. Kevin Poudoulec, le

    C’est la première fois que je laisse un commentaire ici. Ta dernière phrase m’a énormément plus, je crois que je vais en faire un article :D

  6. Kevin Poudoulec, le

    C’est la première fois que je laisse un commentaire ici. Ta dernière phrase m’a énormément plu, je crois que je vais en faire un article :D

  7. Vincent, le

    Je pense que ce texte s’adresse aussi à toi. Tu devrais le relire plusieurs fois.
    Car même si ça n’enlève rien à la qualité de ton blog, je trouve cet acharnement envers flash assez malsain :)

  8. lionel, le

    amusant, tu fais souvent tout ce qu’il faut pour que les gens réagissent et ne réfléchissent pas (exprès ou pas)

  9. Rémi, le

    C’est aussi pour ça que cet article m’a plu. Je suis conscient que j’ai un ton un peu aigri par moment. Mais la plupart du temps, les articles que j’écris ne sont pas sur le vif, et je les écris de manière posée et réfléchie.

  10. Gaël, le

    C’est vrai, on a parfois tendance à réagir à vif.

    On a déjà pas mal de proverbes français pour ce phénomène : « tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler » par exemple. Dans Hagakuré, il est dit que « toute décision doit se prendre en sept souffles ». Et que dire du fameux : « Si ce que tu as à dire n’est pas plus beau que le silence, alors tais-toi. »

    Je reste songeur, je vais méditer cinq minutes..