Un exemple de mauvais design

Vu la semaine dernière sur Twitter via Asa Dotzler, un article de Mark Shead intitulé « Pourquoi vous devez avoir des connaissances de votre domaine » :

Le pistolet à air comprimé Feinwerkbau P11 Piccolo

Voici le pistolet à air comprimé Feinwerkbau P11 Piccolo. Il coûte aux alentours de 1500$, et on dirait qu’il a été conçu principalement pour des gens qui font de la compétition. Le canon noir est ce qui propulse la bille, et le canon argenté contient l’air comprimé.

Si vous avez un pistolet qui fonctionne à l’air comprimé, ce serait bien de savoir combien d’air il vous reste n’est-ce pas ? Je ne suis pas sûr que le design ait été bien réfléchi cependant.

"Boom headshot !"

Je ne connais pas l’histoire de ce pistolet, mais je sais que vous ne devriez pas avoir à pointer un canon vers votre visage pour lire une jauge.

Quand je vois quelque chose comme ça, j’aime bien m’arrêter et me demander si je fais des erreurs similaires dans mon domaine de développement logiciel. Des erreurs de pauvre conception ne sont pas limitées aux pistolets.

Ce qui me fascine avec ce genre d’exemple, c’est qu’il s’agit d’un produit récent réalisé par une grande société spécialisée dans la fabrication d’armes. La conception de ce produit a très certainement fait intervenir des dizaines de personnes avant de passer en production. A aucun moment, personne n’a eu la présence d’esprit de se dire que ce n’était peut être pas une très bonne idée.

  1. Prélude, le

    Peut-être que celui qui va recevoir l’éventuelle balle est content de savoir qu’il n’y a plus d’air dans le pistolet :-)

  2. Agnès-Tût, le

    Ou peut-être que quelqu’un a objecté que c’était une mauvaise idée, mais que le chef n’a pas écouté l’objection ? On a souvent des problèmes de design qui viennent du fait que les décideurs ne sont pas forcément ceux qui ont les meilleures idées, et qu’ils refusent parfois de prendre en compte l’avis de leurs subordonnés, j’ai l’impression.

  3. Pauland, le

    Peut-être qu’une partie de la réponse se trouve ici: http://www.amazon.com/Replacement-Reservoir-Fits-Feinwerkbau-Rifles/dp/B004LS3TZK/ref=sr_1_3?s=sporting-goods&ie=UTF8&qid=1329312504&sr=1-3

    Cette jauge est intégrée à la bombonne est faite pour être détachée du pistolet.

    (Mais pour être honnête, je trouve ça con aussi)

  4. Ghislain Phu, le

    Bonjour,

    En fait, c’est plus simple que ça, et ce n’est pas vraiment une erreur de conception :)

    L’utilité de la jauge n’est pas de savoir « combien il reste d’air dans la cartouche », mais « combien faut-il encore mettre d’air dans la cartouche ».

    Les cartouches de c02 individuelles comme celle-ci se rechargent sur des grosses bombonnes industrielles (qui font la taille d’un homme). On passe la cartouche individuelle au congélateur un bon quart d’heure, on la branche sur la grosse, on la remplit, on la retire, on la branche sur l’arme.

    C’est un peu difficile à expliquer avec des mots, mais grossièrement, la bombonne industrielle est fixée au mur verticalement. Sa bouche (la sortie d’air) se trouve à peu près au niveau de votre taille. Sur une horloge, prenez 1h00. La grande aiguille est la bombonne, la petite est la sortie d’air sur laquelle on branche la cartouche. Le fait de mettre le manomètre sur « le cul » de la cartouche permet de contrôler le niveau de gaz pendant le remplissage (le remplissage se faisant avec une cartouche froide, le gaz va se dilater lorsque la cartouche va revenir à température ambiante. Il ne faut donc pas en mettre trop, sous risque de dégrader la cartouche — et potentiellement, toutes les pièces qui se trouvent entre la cartouche C02 et le canon —).

    On ne contrôle jamais le niveau de C02 d’une cartouche comme celle-ci pendant le tir, tout simplement parce qu’elles sont prévues pour être remplies avant chaque séance (les cartouches pistolet contiennent assez de gaz pour 80 à 90 coups en moyenne — un peu plus pour les cartouches carabine — , sachant qu’une séance dans un contexte de compétition, c’est une quinzaine de coups d’essai / correction de visée, suivis de 60 coups « qui comptent »).

    Le contrôle des niveaux se fait avant (pendant le montage de l’arme) et après la séance. On en profite également pour contrôler l’état de santé de l’arme (usure des joins, etc) et lui mettre un petit coup de chiffon.

  5. Dualweil, le

    J’utilise des pistolet de compétition depuis longtemps, et ils sont tous comme ca ^^
    http://www.steyr-sportwaffen.at/index.php/fr/luftpistolen/lp-10-compact
    comme dit au dessus les bombonnes se détache pour être rechargé, donc on la dévisse et on regarde la manomètre.Ensuite on peut regardé le manomètre sans se mettre dans la ligne de mire, . Et pour terminé les bombonnes sont données pour un certain nombre de plombs (et pas balle xD),en compétition on compte toujours le nombre de plomb donc on sait combien il nous reste d’air comprimé. A mon avis c’est plus un compromis , car l’arme doit être bien équilibre ,si on le place sur un cote …

    allez essayer le tir sportif !! ^^

  6. Rémi, le

    Un grand merci à Ghislain et Dualweil pour vos commentaires détaillés. Du coup, ça a déjà un peu plus de sens. Ceci dit, je pense que ça doit être un réflexe humain tenant que de vouloir regarder cette jauge sans tout démonter, et je reste donc quand même assez convaincu que ce n’est pas une super idée. Une jauge sur le côté ou en dessous du canon d’air comprimé aurait peut être été plus judicieuse.