Mike Monteiro – How Designers Destroyed the World

La semaine dernière, j’ai eu la chance d’assister aux conférences de Paris Web. Je vais essayer de revenir cette semaine sur les conférences qui m’ont le plus marqué. L’une des principales têtes d’affiche était Mike Monteiro, avec sa conférence intitulée How Designers Destroyed the World.

J’avais découvert Mike Monteiro via sa conférence « Fuck you, pay me« , puis via ses podcasts sur Mule Radio Syndicate, ou encore son travail via sa société Mule Design Studio sur AllThingsD ou Evening Edition, et en avril dernier son livre « Design Is a Job » (horriblement traduit en français en « Métier web designer« ).

Comme le nom de sa conférence l’indique, Mike Monteiro nous raconte comment les designers ont détruit le monde. Comment les designers ont détruit le monde en se préoccupant de projets futiles plutôt que de s’attarder sur des choses qui comptent vraiment. A-t-on vraiment besoin de plus de 60 projets de pochettes pour iPad sur Kickstarter ? A-t-on vraiment besoin de cette veste imaginée par des étudiants du MIT qui se gonfle quand on reçoit un J’aime sur Facebook ?

Mike tourne ensuite toute sa conférence autour d’un exemple concret de mauvais design qui a ruiné la vie d’un être humain. A cause des préférences incompréhensibles sur la vie privée de Facebook, Bobbi Taylor a révélé malgré elle son homosexualité, jusqu’alors tenue secrète, à son père. Problème : son père est un trou du cul et l’a menacée de la renier et s’est mis à insulter les gens de sa chorale gaie sur Facebook. Comme le dit Mike, « Je suis père d’un garçon, et ceci n’est pas une façon de traiter vos enfants ». Vous pouvez lire l’article original du Wall Street Journal ou en français sur les blogs du Monde.

Mike enchaîne alors les conseils pour éviter de se retrouver dans une telle situation. « Décide d’être le connard qui va faire bouger les choses. Personne ne te donnera la permission. » (piqué chez Les Intégristes). Et surtout : si vous n’êtes pas d’accord avec ce qu’on vous demande de faire, dites non. Quittez votre boulot. Mais arrêtez de faire du mauvais travail.

« You are responsible for the work you put into the world » est à mon avis la phrase qui résume le mieux sa conférence (thème qu’on retrouve largement dans son livre).

Ce que j’ai particulièrement aimé, c’est que cela ne concerne vraiment pas que les designers au sens graphique du terme. Cela concerne tous les créateurs. Les développeurs, les intégrateurs, les entrepreneurs, les chefs de projet. Si vous créez quelque chose, que ce soit une affiche, un site web, un article sur votre blog, une vidéo sur Youtube, vous êtes responsable de l’impact que cela aura sur les gens.

Reste que certains conseils de Mike sont vraiment propres à la culture américaine, et ça s’est senti pendant les questions-réponses. Aux États-Unis, vous pouvez quitter votre boulot un lundi soir et trouver un autre travail le mardi matin, comme si de rien n’était. En France, on préfère vous garder deux mois en préavis au cas où, même si vous avez manifestement montré votre désintérêt dans votre boîte en démissionnant.

Ça n’en reste pas moins une très bonne conférence, et un très bon moment. L’ambiance dans la salle était électrique, presque religieuse. Alors oui Mike Monteiro lisait son texte sur son écran. Oui, il utilise l’effet de fumée de Keynote dans ses slides. Ça n’en reste pas moins un très bon spectacle avec quelques bonnes idées à retenir et à mettre en pratique.

En attendant que la vidéo de la conférence ne soit en ligne (si on en croit les années précédentes, ce ne sera pas avant avril prochain), je vous recommande vraiment le livre « Design is a job« . Je vous invite également à voir sa conférence « What Clients Don’t Know (… And Why It’s Your Fault) » donnée au TYPO Talks en mai dernier, où Mike raconte comment il s’est acheté un vélo, et comment éduquer les clients en leur expliquant notre travail.

  1. shavounet, le

    « son père est un trou du cul et l’a menacé […] » => menacée ? c’est bien une fille non ?

  2. Benoit, le

    Ce genre de commentaire (Shavounet) et de personne qui préfère tenter de se rendre intéressant avec rien plutôt que de commenter le fond d’un bon l’article. Si seulement on n’était pas un pays aussi critique, on pourrait avancer bien plus vite que l’on est en train de reculer.

    En tout cas, le discours de ce type avait l’air vraiment passionnant.

  3. Rémi, le

    @shavounet : C’est corrigé, merci.
    @Benoit : Pas la peine de s’emballer.