Comment enseigner l’intégration web ?

Il y a quelques années, j’ai donné des cours d’intégration web dans une école supérieure de Lille. L’expérience fut particulièrement enrichissante, mais j’ai arrêté au bout de deux ans pour pas mal de raisons. Et parmi ces raisons, il y a le fait que je me suis rendu compte à l’époque qu’enseigner l’intégration, c’est incroyablement difficile.

Cela fait partie des sujets que j’ai abordés vendredi dernier lors de ma conférence à Sud Web. J’ai eu le droit à pas mal de questions, et notamment une de Delphine : est-ce que les cours que je donnais sont disponibles quelque part, et sinon quelles ressources utiliser pour enseigner l’intégration ?

Je me suis tout de suite revu me poser exactement cette deuxième question quelques années auparavant, malheureusement sans y trouver de réponse satisfaisante. Dans un milieu où le partage de nos savoirs est si important, il semblerait que les ressources de cours destinés aux débutants et orientés sur la qualité et les bonnes pratiques soient plutôt rares. Et c’est ainsi qu’est né l’envie d’animer un atelier avec Delphine le lendemain à Sud Web sur ce sujet : comment enseigner l’intégration web ? Romy nous a rejoint pour l’occasion, ainsi qu’une bonne vingtaine de participants pour en discuter pendant une heure et demie.

Voici un résumé des grands points que j’ai retenus de ces échanges :

  • Plus que la technique, il faut que les étudiants comprennent et retiennent les grands principes du web : accessibilité, interopérabilité, maintenabilité, référencement, standards du web, sémantique.
  • Les étudiants ont besoin d’un projet concret pour motiver l’apprentissage. Lister la centaine de balises HTML5 n’a aucun intérêt en soi. Les grands principes théoriques doivent être distillés à petite dose, au bon moment, et toujours appuyés par un scénario pratique, qui peut partir d’un cas simple pour ensuite se complexifier.
  • Les étudiants doivent apprendre à apprendre. Ils doivent devenir autonomes face à un problème. La recherche d’autorité quand on débute est importante (comme dans le cas de l’apprentissage d’un élève artisan avec son maître). Mais il faut aussi apprendre à peser les pours et les contres de chaque solution, et apprendre de ses erreurs.
  • On manque aujourd’hui de ressources et d’outils destinés à des cours pour débutants. Un outil conçu spécialement pour l’apprentissage (comme un Bootstrap destiné uniquement à ça), ou un éditeur visuel adapté. L’idée d’avoir des tests automatisés permettant d’avoir un résultat clair à atteindre, un peu comme lors d’un Coding Dojo, a été suggérée.
  • L’enseignement de l’intégration dépends fortement du format et de la fréquence des cours, ainsi que du profil des étudiants. On n’approfondira pas de la même manière si l’on n’a qu’une heure de cours par mois face à des étudiants hétérogènes que si l’on a huit heures par semaine avec des étudiants développeurs.

Si cet atelier n’a abouti à rien de concret, il me fait beaucoup réfléchir, et me donne vraiment envie de chercher comment améliorer cette situation.

En attendant, j’aimerais beaucoup avoir les retours d’enseignants ou d’étudiants en intégration web. Comment enseignez-vous l’intégration web ? Ou comment avez-vous appris l’intégration web ? N’hésitez pas à partager vos réponses sur votre blog ou dans les commentaires ci-dessous…

  1. mathieu, le

    Ça fait pas mal d’idées sympathiques !
    C’est vrai qu’en inté il y a peu de vrai support pédagogique, qui plus est francophone.

    Une autre question me vient, est ce qu’il faut prendre en compte la manière de chacun pour apprendre, ou en « normaliser » (comme les maths ou le français) ?
    Parce que personnellement, j’ai appris tout seul en mettant le nez dans un thème joomla et en cherchant au fur et a mesure de mes besoins, et c’est ce que je continuende faire tous les jours encore. Mais je connais des intés qui préfèrent apprendre sur des tutos en ligne ou même des vidéos.

  2. Benjamin, le

    Je suis encore étudiant et j’ai des cours d’intégration ce semestre (4 heures toutes les 2 semaines). Le prof nous a fait le cours HTML5/CSS3 du livre du Zéro en nous expliquant à chaque fois les subtilités. Un des premiers cours a été d’apprendre la hiérarchie des sélecteurs. Après on a eu un cours sur le responsive design. Et le dernier cours a été une découverte de Bootstrap.

    J’aimerai vraiment un jour pouvoir enseigner l’intégration, surtout pour voir si moi je suis à l’aise dans la discipline. En effet le temps et le public qu’on a influe énormément sur la démarcher à prendre. Je pense qu’un mélange entre cours théorique et exercice dynamique marcherait bien pour ne pas trop perdre l’attention.

    On se revoit dans quelques année quand j’aurai tenté l’expérience !

  3. Rémi, le

    @mathieu : il y aura forcément certaines méthodes d’apprentissage qui conviendront mieux à certaines personnes, et pas à d’autres. Mais ça fait partie de mes interrogations : est-ce qu’il y a une meilleure façon de faire ?

    @Benjamin : merci pour ce premier retour. Par rapport à tes cours, est-ce que tu en es plutôt satisfait ? Est-ce qu’il y a des choses qui t’ont particulièrement plu (sur le fond comme sur la forme) ? Est-ce qu’au contraire il y a des points qui t’ont particulièrement ennuyé ?

  4. nicod_, le

    Bouuhhh, j’ai raté cet atelier à SudWeb :-/

    Le projet Webmaker de Mozilla propose Thimble, un outil qui permet de créer ou de « remixer » des créations (pages) existantes, avec une correction et des indications en temps réel.
    https://webmaker.org/fr/tools
    Beaucoup de ressources à disposition, comme la Carte de la Littéracie Web, qui identifie les compétences à acquérir pour la lecture, l’écriture et la participation sur le web :
    https://webmaker.org/fr/literacy

  5. Fabien, le

    Je suis pile dans la cible de ton article puisque je suis moi-même développeur/intégrateur et que je donne des cours d’intégration en licence pro webdesign à Limoges depuis 6 ans maintenant.

    Chaque année je me remets en question sur le la façon dont j’enseigne et chaque année est différente de l’autre du fait de l’évolution même de notre métier. Pour m’améliorer d’une année sur l’autre je prends en compte les critiques constructives de mes étudiants, même si parfois d’une année sur l’autre j’entends une chose et son contraire.

    Je suis plutôt content de lire ce que vous avez retiré de vos échanges à Sud web car je pense être assez proches de ces principes.

    En licence pro webdesign à Limoges nous sommes confrontés à la problématique de savoir comment enseigner des métiers très complexes mais en plus la promo de 20 étudiants est très hétéroclite : on a des gens qui sortent de DUT SRC et qui sont très techniques et d’autres qui n’ont jamais vu une balise HTML de leur vie. Entre les deux on a certains étudiants qui ont quelques notions…

    Mes cours sont donc divisés en deux groupes (44 heures par groupe) : les « débutants » et les « confirmés », sachant qu’au sein même de ces groupes le niveau est loin d’être équivalent entre étudiants.

    Avant même le début de mes cours j’envoie un mail aux étudiants avec toute une liste de livres « références » pour qu’ils puissent commencer se documenter quand mon cours commence (collection « a book apart », CSS avancées de Raphaël Goetter, etc…)

    Je commence par faire un topo du balisage HTML, des principales propriétés CSS et des problématiques d’accessibilité, de référencement, j’évoque aussi les standards et la sémantique. Tout ceci se fait assez rapidement avec un support de cours maintenant assez vieux dont j’avais hérité de mon prédécesseur et que je m’efforce d’améliorer d’une année sur l’autre. Je leur conseille de se plonger aussi rapidement que possible dans toutes les lectures conseillées auparavant.

    Suite à cette présentation (succincte pour le groupe des confirmés qui connaissent déjà ce genre de choses) on part immédiatement dans des cas pratiques. Et c’est ensuite le cas toute l’année : de la pratique qui permet d’introduire à chaque fois un nouveau « concept ». Par exemple je leur donne une maquette simple à intégrer comme ils le veulent : généralement les confirmés partent dans du positionnement flottant. Je les laisse terminer l’exercice puis je leur demande de le refaire après leur avoir montré et expliquer le positionnement en tableaux (display:table, table-cell). Maintenant que flexbox est relativement bien supporté je vais probablement l’introduire de cette manière dans le cours de l’an prochain…

    La grande majorité des exercices que je leur donne consiste à monter des pages sur la base de maquettes que je leur fournis de sites sur lesquels je travaille et qui ne sont pas encore mis en ligne (pour qu’ils ne cèdent pas à la facilité d’aller voir comment le prof a fait). Je les accompagne pendant les séances en répondant à leur question et parfois en leur expliquant pourquoi leur méthode qui pourtant fonctionne n’est pas celle qui doit être privilégiée (du moins à mon sens, je ne détiens pas LA vérité).

    Mais là où l’investissement est vraiment maximum c’est quand l’exercice donné les concerne en premier lieu. Chaque année depuis maintenant 4 ans je leur fais réaliser leurs portfolios. Généralement ils poussent beaucoup leurs concepts parce qu’ils veulent avoir quelque chose d’original et ils sont donc confrontés à pas mal de problématiques du métier. Cela permet à ceux qui sont graphistes de se rendre compte de la faisabilité/complexité de certaines choses…

    En somme je leur apprends les bases et leur donne les outils pour approfondir leurs connaissances en leur répétant inlassablement qu’il faut pratiquer et se documenter si ils veulent vraiment apprendre ce métier et progresser. Malgré le nombre d’heures dont je dispose je pense que l’investissement personnel des étudiants en dehors des cours est la clé de la réussite de l’apprentissage.

  6. Benjamin B, le

    Je suis jeune ingénieur en informatique, l’intégration je ne l’ai JAMAIS apprise en cours. Je ne crois même pas en avoir entendu parlé une seule fois.
    Le web que l’on faisait c’était du back-end uniquement, l’HTML et plus généralement l’IHM était complètement passée à la trappe.

    Je suis amené depuis plusieurs mois à faire quasi-uniquement du front-end, je me débrouille pas trop mal mais je dois avouer que j’ai du tout apprendre par moi-même. J’avais des bases plutôt bonnes, ayant commencé à créer des petits sites au lycée (j’ai maintenant 23 ans). Comme beaucoup de gens de ma génération je pense, j’ai appris à créer mes premières pages sur feu le Site du Zéro (maintenant Open Classroom). A l’époque (2005) pas d’HTML5, pas de RWD, pas d’AWD et encore moins de CSS3.
    C’est évident que commencer à une époque où l’intégration et le dev front-end était quelque chose de bien plus « basique » me paraît plus simple, je ne sais pas comment je m’en sortirai si aujourd’hui, à partir de zéro, j’avais du apprendre à faire de l’intégration.

    A mon avis, l’important, comme tu le dis, c’est de travailler sur des projets, que les étudiants se rendent compte par eux-même des problèmes que l’on rencontre au quotidien, faire des erreurs, chercher des solutions, lire des articles, aller sur Stack Overflow, Smashing Magazine, s’intéresser et s’améliorer. Le dev web front-end me semble être un domaine tellement vaste, impliquant tellement de problématiques et tellement nouveau que je ne crois pas qu’une méthode d’enseignement efficace existe déjà. Le dev back-end existe depuis des lustres, les méthodes et les concepts entrant en jeux sont bien connus et bien cloisonnés, les enseignants ont de l’expérience, bien moins de questions se posent donc. Il faut prendre exemple : c’est pas en une heure qu’on apprend l’intégration, n’y en un ou deux mois. Il faut prendre de l’expérience, couvrir tous les domaines au travers de projets intéressants pour l’étudiant.

  7. Bertrand Keller, le

    Je me permets de d’ajouter une remarque pour dire qu’il faudrait aussi penser à enseigner l’histoire du web.

    Personnellement durant mon cursus j’ai eu des cours de l’histoire des techniques. J’ai trouvé ça essentiel pour me situer dans tout ce fouillis et savoir vers où me diriger.

    On pourrait aussi imaginer des ressources du type : l’histoire du web en 10 minutes, l’intégrateur web dans le temps, ainsi naquit le DHTML…

    Je verrai bien des séries de format courts avec Thomas Zilliox en présentateur, accompagné d’infographies rigolotes.

    Une porte d’entrée accessible à ceux qui veulent s’y mettre.

  8. Benjamin, le

    @Rémi : Je suis dans une formation généraliste qui vise surtout à former des futurs chefs de projet web donc on voit un peu de tout mais pas en profondeur. Donc je m’ennuie un peu parce que j’ai déjà en grande partie ces connaissances. Moi ce qui me plaît c’est que le prof est surtout là pour nous accompagner : il nous fait une session cours et après on fait les exercices pendant qu’il circule en répondant aux questions. Ce qui fait que je peux parler de choses plus poussées avec lui. D’ailleurs il n’hésite pas à faire intervenir ceux qui maitrisent le sujet pour aider les autres ou bien pour expliquer d’une autre façon aux autres. Ce qui m’intéresse le plus (dans l’enseignement en général) c’est un professeur qui traitent ses étudiants comme ses égaux, sans condescendance. Le plus important pour moi c’est de toujours maintenir les étudiants en action, même si ça implique de sacrifier un peu de la théorie.

  9. Benjamin, le

    @Bertrand Keller : Je suis d’accord ! Moi on m’a enseigné dès le début l’histoire, pas du web en général, mais du HTML avec toute l’histoire entre le W3C et le HTML5. C’est peu pragmatique mais c’est toujours une bonne chose à savoir.

  10. Gaël Poupard, le

    Je suis intégrateur depuis quelques années maintenant, et j’ai réalisé mes premières pages HTML au collège, à l’époque d’IE6. Depuis mes débuts « en pro » j’ai pu former tant bien que mal quelques stagiaires, pas tous très réceptif et parfois je ne suis pas parvenu à me faire comprendre ou à transmettre certains concepts clés correctement.

    D’un autre côté, je vis depuis quelques années également avec une institutrice — et je suis particulièrement sensible aux sujets de l’enseignement. Étant donné que l’intégration s’enseignera a priori uniquement à des jeunes adultes, un angle intéressant serait de les faire construire le cours au fur et à mesure : « D’après vous, quelles sont les considérations à avoir pour construire une bonne page web ? » par exemple.

    L’échange dans un groupe, avec une direction discrète de l’enseignant au fil des discussions, permettrait probablement de faire émerger les concepts clés du web : accessibilité, ergonomie, qualité, performance, séparation du fond et de la forme…

    Ce n’est qu’une suggestion mais j’avoue que ça m’intéresserait vraiment de tenter cette expérience :)

    PS : +1 pour la remarque de @Bertrand Keller, il me semble indispensable de mieux connaitre l’origine des spécifications et de l’éco-système du web professionnel.

  11. Le Webographe, le

    Bonjour à tous,
    J enseigne l’intégration chaque année dans le cadre d’une formation dit professionnalisante sur 8 semaines.
    Le groupe est toujours très hétérogène, et j’ai souvent des débutants, sans aucune connaissance.
    Pour répondre brièvement à la question, et je parle donc ici d’enseignement, je cherche avant tout (dans le fond) à ce que les stagiaires apprennent à se poser les « bonnes questions ».
    Ç’est à ce moment là que les fondamentaux interviennent, et doivent revenir en tête.
    Je pense que s’ils ont les bonnes questions en tête, ils sauront trouver les bonnes réponses, et faire les bons choix.
    Sinon grand merci pour cet article et vos commentaires.

  12. jpvincent, le

    Je suis en train de terminer ma première année à enseigner le JS à des 1ère et 2ème année (école privée bachelor dev)

    J’ai testé les exos à base de tests unitaires, et ça a bien facilité le déroulé des TDs puisqu’on peut gérer seul 20-30 élèves pendant 3H : ils voient si ils ont juste ou pas, et les noms des tests servent d’énoncé. En un coup d’œil rapide on voit où l’ensemble de la classe en est, et lorsque 80% de la classe a passé un module, on peut le corriger et discuter de la correction.

    Avec l’expérience, il ne faut quand même pas les faire bosser plus d’ 1h30-2h avec du test : les tests unitaires servent à vérifier un ensemble de micro points, ça ne vaut pas l’écriture d’une appli Web complète.
    Du coup la 3ème heure on enchaînait directement sur la préparation au prochain TD à rendre : le fait d’avoir le prof qui t’aide à préparer la prochaine note pouvait lancer ceux qui sont motivés mais faibles. Pas de risque d’erreur de compréhension du sujet, et peut être moins le sentiment que le prof cherche à te coincer.

    Ça a marché d’enfer avec 90% des 2nd année qui étaient bien contents d’enfin comprendre JS.
    Par contre ça n’a marché qu’avec 50% des premières année (les débrouillards et ceux qui codaient déjà au lycée), il faut encore que je trouve le truc pour parler à des gens qui découvrent la programmation.

    Ce qui marche bien aussi c’est vraiment la pratique : sur 3H de cours, 2H de TD + un truc à rendre pour la semaine suivante, noté. Et un gros projet en fin de semestre qui compte pour la moitié de la moyenne et qui fait utiliser toutes les notions du semestre. Quand on sent que ça va être dur, on autorise les groupes, quitte à passer un peu de temps en soutenances de 10mn pour détecter les « miracles » : ceux qui ont une bonne note lorsqu’ils sont en groupe et pas en solo.

    Voilà pour mes techniques, mais je débute fortement dans l’enseignement. Ce qui est sur, c’est qu’il faut un dialogue permanent avec les élèves, en début de cours, pendant les pauses et en fin de cours pour comprendre comment ils perçoivent ton sujet et le monde du travail. Et lorsqu’un sujet est fondamental, il faut l’avoir répété et fait expérimenter 3 fois sur 3 sessions différentes pour que ça rentre.

  13. Pierre Vert, le

    bonjour à tous,
    j’étais à sudweb, mais je n’ai pas pu participer aux ateliers à mon grand regret (faites des gosses…).
    Je suis comme Fabien, enseignant en licence pro multimédia et DUT MMi (ex- SRC) depuis 2008, avec les mêmes problématiques d’étudiants ayant des bagages techniques totalement différents.

    Pour les DUT,
    j’interviens en 2eme année pour, normalement, leur faire un cours d’HTML/CSS avancé…
    Problème, les différents intervenants précédents en intégration n’ont pas souvent donner les bonnes bases ou bonnes pratiques. Ces intervenants n’étant pas eux-même des intégrateurs (souvent des développeurs), les notions de séparation du fond et de la forme, de l’utilisation des tableaux, de la « divite », d’accessibilité n’ont jamais été abordé…

    La multiplication des intervenants est clairement problématique pour l’enseignement de l’intégration !

    Pour les licences, je suis obligé de partir de 0 . (profils d’étudiants très variés)
    Ma méthode a changé fréquemment, et est maintenant sensiblement la même que Fabien à quelques détails près.

    Le volume d’heure par étudiant est assez court (27h dont 13.5h TD, 13.5h TP)

    L’objectif est de réaliser un site sur le sujet de leur choix (portfolio en majorité).
    (projet associé avec les enseignants de base de données / php / javascript et infographie web)

    J’essaie de me tenir à une méthode, que j’adapte en fonction des regards de meroux ou d’aigles de l’audience…
    La voici en gros :

    – http ? c’est quoi :
    Très rapide explication du protocole , et du fonctionnement d’une requête client-serveur.
    les serveurs, les navigateurs

    – HTML & CSS (au moins 2 TD)
    A quoi ça sert, historique rapide, séparation du fond et de la forme
    Quelques ouvrages / sites de références.
    Les faire rêver : balade sur des jolis sites…
    sémantique du balisage HTML > démo et mise en pratique par groupe de 2 en TD
    sémantique du CSS > mise en pratique > démo et mise en pratique par groupe de 2 en TD
    accessibilité, référencement.
    Je leur fais bien comprendre que personne ne maitrise totalement le sujet, et que ce métier est en constante évolution (se documenter / expérimenter pour progresser)
    >> 2 ou 3 TP (en fonction du niveau de la promo)

    3- Positionning et FLUX (au moins 2 TD) :
    A vos crayons : je les force à dessiner ce qu’ils veulent (j’aborde du coup les wireframes)
    Et là, c’est la partie la plus compliquée ! Positionner et donc EXPLIQUER LE FLUX …
    les blocks et les inlines, le float (dommage collatéral : la moitié du groupe est cérébralement éteint, reste actif seulement les passionnés)
    > démo et mise en pratique par groupe de 2 en TD (une faible partie des cerveaux éteints se rallument)
    Je n’ai jamais eu le temps d’aller plus loin et d’aborder les displays table, et flexbox…
    >> 2 TP au moins !

    4- le Responsive
    concept, avantages / inconvénients, point de rupture, viewport, grille flexible
    Démo sur http://robot-or-not.com/ (Ethan Marcotte)
    > mediaqueries

    5- CSS (avancé)
    reset | construire une grille | préfix navigateur
    box/text-shadow | gradient | border-radius | …
    transform / transition
    box-sizing

    6- les frameworks
    Foundation / Bootstrap / jquery mobile
    Démo et tp sur bootstrap
    je suis encore partagé quant à l’utilité de leur montrer bootstrap…
    J’ai essayé cette année, la plupart s’en contente et ne cherche plus à comprendre > BAD !
    mais c’est très utile pour ceux qui ne veulent pas se spécialiser dans le webdesign et l’intégration (nous avons aussi des profils en communication et audiovisuel )

    J’aimerais aborder l’année prochaine LESS, aller un peu plus loin en css3 (flexbox, animation), peut-être faire un cas pratique avec Knacss (cocorico, merci raphael > http://www.knacss.com/)
    C’est pas gagné, car aborder tout ce que je vous ai mis ci-dessous en 13.5h de TD est assez compliqué. (Cela reste faisable si on ne répond à aucune question…)
    J’arrive rarement à faire tout ça… Cela dépend vraiment du niveau général de la promo.
    (idem pour les DUT)

    J’ai pris le parti de ne pas aller trop loin dans les fonctionnalités avancés, pour privilégier la bonne compréhension de la lecture du flux, qui me semble être le concept le plus important à comprendre. (en espérant que je le comprenne bien moi même…)
    Les propriétés CSS et les balises html, ne sont que des outils, mais qu’il faut savoir trouver !

    Merci Rémi pour cet article ! (et autres qui ont commenté)

  14. Boris, le

    @jpvincent : Pour l’enseignement du JS à mes élèves les plus jeunes (on va dire 18/19 ans) et sans formation initiale, j’ai une petite astuce. Lors du tout premier TD, je leur dis d’aller sur http://www.codewars.com et de gagner quelques Kata. Ca leur met le pied à l’étrier et c’est fun. Par contre, après, ils se débrouillent et on voit les scores en fin d’enseignement.

    Ça les oblige à s’inscrire et à comprendre le principe du « jeu ». Ils comprennent bien vite qu’ils ont besoin de plus d’informations pour aller de l’avant, donc ça entretient leur intérêt pour le cours et je prévois toujours une « remise des prix » pour le dernier quart d’heure du dernier cours :)

    Par contre, attention, c’est vraiment un truc à éviter avec un niveau plus élevé, parce que ça accapare beaucoup leur système de valeur et si on devait aller faire des trucs assez techniques en JS, je sais qu’ils n’écouteraient plus car ils comprendraient que ça ne « rapporte pas assez » (de Katas). Bref, vraiment pour les jeunes débutants.

    Je ne sais pas s’il y a un équivalent pour l’intégration HTML.

  15. Rémi, le

    Merci à tous pour vos retours et partages d’expériences très intéressants. Je pense que sur les contenus, on est tous à peu près d’accords sur ce qui doit figurer dans l’enseignement de l’intégration (merci Bertrand d’avoir rappelé l’histoire du web, ça avait été abordé lors de l’atelier et c’est effectivement un point important).

    C’est du coup pas mal sur la forme où je m’interroge. Je vous invite à lire si ce n’est pas déjà fait le compte-rendu de Boris sur cette question.

    Je n’ai pas vraiment de réponses par rapport à tout ça pour le moment, mais ça nourrit mes réflexions. Je reste convaincu qu’il manque de ressources publiques pour l’enseignement de l’intégration (et pour l’apprentissage des vrais débutants)…

  16. Nico, le

    C’est pas de l’enseignement pur, mais sait-on jamais si ça peut amener des idées : pour les quelques stagiaires que j’ai eu, en général, je leur montre de suite du code nickel genre « t’as vu ce qu’on arrive à faire si on s’y prend bien ».
    En général, leurs petits yeux ébahis pétillent, et ça suscite la curiosité. Là, je leur explique tous les avantages, les grands principes, je leur file des devoirs (aller lire des trucs sur Alsacréations, Openweb, etc. je choisis des trucs bien fondamentaux).

    Rapidement, je les teste voir s’ils ont mordu (genre « t’as lu ce que je t’ai donné », etc.) : si c’est le cas et qu’ils sont motivés, je leur confie une inté simple que j’encadre à chaque étape. Sinon, ils doivent finir une intégration où j’ai viré les principaux écueils mais ils doivent me prouver qu’ils ont compris ce que j’ai fait.

    Maintenant, j’adapte un peu, avant ils démarraient from scratch, maintenant ils démarrent avec RÖCSSTI, en + des trucs fondamentaux, je leur en explique rapidement l’organisation et la logique, je leur montre des exemples d’organisation, c’est LE point où je suis TRÈS dur, pour leur faire comprendre à quel point une CSS doit être parfaitement carrée et soignée, dans leur propre intérêt.

    Plus ils progressent, plus je leur laisse de marche de manœuvre. A la fin de leur stage, je leur montre leur première inté, et on compare avec la dernière.

    Le commentaire qui revient souvent : « c’est vachement technique, mais c’est super intéressant ce qu’on peut faire avec aussi peu de code mais bien utilisé ». Les meilleurs n’en reviennent pas de voir la marge de progrès. Mais je ne le cache pas : pas mal d’entre eux sont fainéants et ne veulent pas aller sous le capot. :-\

  17. Gaëtan, le

    C’est un très bon sujet que tu soulèves ici ! :)

    J’ai d’abord commencé avec les tutoriel du Site du Zéro il y a maintenant un peu plus de deux ans. J’ai travaillé mon code en autodidacte pendant un peu plus de 6 mois et j’ai rejoins une formation généraliste en « Commerce en Ligne » qui nous prodiguait des cours balayant tous les aspects d’un projet web.

    C’est là que j’ai commencé à être formé par un vrai professionnel de l’intégration et du développement. Je pense que sa manière, bien que brute de décoffrage, était la meilleure. En effet, notre enseignant nous a directement mis dans le bain en nous présentant une page d’accueil plutôt complexe qu’il fallait reproduire. Bien sûr il restait à la disposition de tout le monde pour nous aider. À mon avis, le fait qu’il nous demande autant dès le début a éveillé ma soif d’apprendre et à dédoublé ma motivation.

    Je pense qu’il faut réussir avant tout à donner envie d’avancer de manière pragmatique. Bosser sur un projet concret (bien qu’il ne s’agissait que d’une reproduction) motive les troupes et attise la curiosité, l’envie d’en apprendre plus.
    Il ne nous a pas enseigné tout ce qui a trait aux bonnes pratiques ni aux performances en général étant donné que l’inté n’intéressait pas toute la promo.

    J’ai ensuite eu la chance de dégoter un super stage au sein d’une agence avec une équipe compétente et un graphiste/intégrateur soucieux de toutes ces problématiques de perfs, accessibilité, … qui m’a permis d’en apprendre beaucoup plus et de me donner encore plus envie d’apprendre.

    Pour moi, la clé de l’apprentissage de l’intégration reste d’attiser la curiosité de ses élèves tout en les sensibilisant aux problématiques de notre métier. Commencer directement avec son éditeur de code et travailler sur un projet quel qu’il soit est toujours plus intéressant et impliquant que d’avoir des heures d’explications.

    Désormais intégrateur « pro » au sein d’une grosse boite un peu (beaucoup) en retard au niveau technologique, je m’efforce de transmettre mes connaissances auprès de mes collègues. J’essaie de partager autant que possible en leur expliquant concrètement pourquoi « il vaut mieux faire ça comme ça » et ça commence à payer. Dans un environnement aussi cloisonné par la production, c’est un réel défi mais j’essaie tant bien que mal de titiller la curiosité qui sommeille au fond d’eux et ça commence à payer ! :)

  18. tykayn, le

    effectivement, l’enseignement d’une matière mouvante et vivante c’est plus difficile que d’enseigner le latin.
    j’ai appris a faire face a des problèmes avec des tutoriels partant d’un niveau zéro, puis je me suis lancé dans divers petits projets personnels, affrontant des problématiques chaque fois nouvelles.
    Apprendre à me servir de mon IDE, faire de la veille technologique, se rapprocher d’autres personnes pratiquant le développement dans des langages et des domaines plus divers est aussi très intéressant.
    Au final, ce sont bien les projets persos qui m’ont amené à pouvoir vendre un savoir faire de longue date, l’apprentissage de l’anglais au travers de divertissement, et une curiosité sans bornes toujours renouvelée.

  19. Neko, le

    Bonjour, je sors moi-même d’études en intégration (et de web en général). Je suis une fille, je viens d’une fac de lettres et je n’ai pas de logique mathématique (tout se complique quand on me demande de faire du javascript).
    Bref, j’ai eu des cours d’intégration avec un prof très sympathique (qualité numéro 1), qui n’hésite pas à revenir 50 fois sur ce qu’on n’a pas compris.
    J’ai vite remarqué que ceux de ma classe qui n’étaient pas intéressés par l’intégration ont lâché l’affaire au premier cours. Moi, j’avais envie d’y arriver ! J’avais envie d’y mettre du temps (et il en faut) et de la patience pour parvenir à mes fins ! Me prendre la tête sur le comportement d’un élément pendant 2 heures… c’est chiant mais ça fait partie de l’intégration et de son apprentissage !
    C’est pourquoi, j’en conclu que l’apprentissage de l’intégration ne se fait que par envie ! Et je pense que le mieux est de laisser l’élève travailler sur le site qu’il veut faire, car c’est l’envie d’avoir un résultat qui pousse à y mettre de son temps !

  20. Anneclaire, le

    Totalement novice en intégration, je vais tester ça:
    http://www.cetetejecode.fr
    Je vous ferai mon retour…